Le 9 avril 2003 les chars américains ont investi la place centrale de Bagdad, sur laquelle étaient braquées les chaînes de télévision du monde entier.
Toutes les circonstances étaient réunies pour faire vivre en direct un moment symbolique historique : le déboulonnage de la statue de Saddam Hussein et la liesse d’un peuple enfin libéré.
Malheureusement, les participants à ce grand moment manquaient. Quelques centaines de personnes étaient présentes dont une grande majorité de badauds et de reporters. Les tentatives maladroites de déboulonner la statue faisaient durer des séquences de télévision qui devenaient gênantes car personne ne venaient grossir les rangs des manifestants. Les télévisions évitaient des plans larges qui montraient une place désespérément vide et multipliaient les plans rapprochés sur le groupuscule de bagdadis.
Devant le malaise engendré par cette désaffection, les télévisions anglo-saxonnes entrecoupaient leur émission par des séquences, qu’ils qualifiaient de « liesse populaire », montrant la joie des pillards opérant sous la protection bienveillante des soldats américains.
La propagande anglo-saxonne nous avait matraqué avec des témoignages d’opposants irakiens hystériques qui parlaient de l’oppression terrifiante du régime et qui anticipaient la joie unanime du peuple irakien pour sa libération. Alors, ou étaient-ils les quatre millions de Bagdadis ? N’auraient-ils pas du descendre dans la rue et participer en masse à ce moment historique ?
Après les tentatives infructueuses des quelques Bagdadis de déboulonner la statue, les chars américains sont intervenus. . Un GI’S américain n’a pas pu s’empêcher de mettre sur la tête de Saddam, le drapeau américain. Une dictature en remplacerait-elle une autre ?.
Face à cette bévue, un ordre a été donné d’enlever ce drapeau. Mais cette image restera, comme le symbole d’une guerre d’invasion.
L’image de l’Amérique s’est complètement dégradée aux yeux de la plupart des opinions publiques qui comprend que la politique, la justice et les médias sont complètement inféodés à la puissance de l’argent et à une administration de cow-boys primaires.
Le temps viendra, cependant, où le peuple américain, actuellement traumatisé, manipulé, muselé et abruti, se réveillera pour renvoyer dans leur ranch ces nouveaux colonisateurs et sauver la Grande Démocratie des Etats-Unis que nous sommes prêts à aimer.