Archives mensuelles : juin 2018

Les 240 Sages

Les 240 signataires juifs de la lettre adressée a l’ambassade israélienne forcent notre admiration et notre respect  pour leur clairvoyance et leur courage. En prenant leurs distances avec la politique ultra-religieuse et répressive du gouvernement Netanyahou, ils s’exposent aux critiques de leurs coreligionnaires  sionistes ( voir courrier Tdg du 19 juin )  Tout en restant respectueux de leur identité, ils font une démarche mesurée d’ouverture qui devrait  inspirer la communauté juive de Suisse .Dans ce conflit nourri par des discours extrémistes des deux parties, leurs voix sonnent comme un espoir. Ils sont dignes de cette communauté juive éclairée a laquelle nous sommes redevables dans les domaines de la science, de l’art, de la musique et de la littérature a travers leur intelligence et leur sensibilité. Au début du 20eme siècle, la société juive de Vienne, admirablement décrite par Stefan Zweig, en était la parfaite illustration. L’antisémitisme a dévasté nos sociétés et a fait émerger, en réaction  , le sionisme. Légitime a ses débuts, il est devenu dictatorial aujourd’hui. En le dénonçant a travers une démarche pacifique, les 240 Sages nous donnent une leçon de sagesse.

 

Daniel Fortis

1231 Conches                                                                                                         Genève, le 20 juin 2018

 

Trump et Kim, la mascarade

Après des années d’insultes et de menaces réciproques, la poignée de main entre Donald Trump et Kim jung-un scelle la  respectabilité d’un pays de l’Axe du Mal ! Il manque cependant sur la photo Moon Jae-in, le président sud-coréen . Il  lui revient tout le mérite d’être l’initiateur du rapprochement intercoréen. Il a aussi convaincu le paranoïaque et versatile président américain de revenir sur sa décision de boycott de la semaine passée. Sa présence aurait été  légitime. Cependant, elle aurait fait de l’ombre aux deux mégalomaniaques.  Quelles enseignements pouvons-nous  tirer de cette mascarade ? Premièrement, la possession de la bombe atomique est le sésame pour être respecté  sur la scène internationale. Elle permet de rentrer dans le club des puissances qui s’octroient le droit de régenter le monde. Deuxièmement, la nouvelle diplomatie  se caractérise  par  des éructations de tweets outranciers, vantards et menaçants. Troisièmement, les instances démocratiques internationales sont marginalisées et spectatrices  des volte-faces de deux malades mentaux en proie à leur soif de puissance. Ainsi , en quelques mois, le président américain a détruit haineusement le traité de paix avec l’Iran . Il a poignardé dans le dos ses amis européens et il a réhabilité sans condition une  dictature qui va rejoindre Israël et l’Arabie saoudite dans son clan. Face à ces provocations , l’Europe doit rentrer en résistance et proposer une alternative à la cynique politique américaine.

 

Daniel Fortis

1231 Conches                                                                               Genève,   le 13 juin 2018

La monnaie pleine

Avant de voter sur la monnaie pleine, il est important de mettre en perspective le pragmatisme et l’éthique. Par réalisme à court terme, nous sommes tentés de refuser l’initiative en considérant les risques (très médiatisés) d’une réduction des investissements, d’une hausse des taux et d’un ralentissement économique . Cependant il ne faut pas être amnésique d’un passé tragique et ignorer un présent alarmant . Souvenons-nous des subprimes en 2008 ! La création frénétique de monnaie scripturale a provoqué l’effondrement de tout le système financier. Celui-ci n’a  été sauvé que par la « monnaie pleine » des banques centrales. Les banques défaillantes s’étaient engagées à séparer leurs activités spéculatives de celles de gestion courante. Non seulement elles n’ont pas respecté leurs engagements, mais elles ont continué à imposer leur diktat à l’économie mondiale. Pour illustrer cette arrogance, le système bancaire inféodé aux Etats-Unis fait , aujourd’hui, un ignoble chantage à tous les pays et à toutes les entreprises qui commercent avec l’Iran. L’ hyperpuissance de la finance est telle qu’elle prétend régenter le monde, nos vies, nos valeurs et nos libertés. Il est temps de remettre cette dictature à sa place et de l’obliger à respecter certaines règles. La monnaie pleine a le mérite de contrôler un peu le monstre financier. Les opposants qui dénoncent un aventurisme dangereux devraient méditer le précepte de Sénèque «  Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas. C’est parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles ».

 

Daniel Fortis

1231 Conches                                                                                          Genève, le  26  mai  2018