
Ramadan, la justice en question

Madame La Procureure,
Je suis un simple citoyen qui a été choqué par le dénouement de l’affaire dite de la plume. Connaissant personnellement la victime depuis 60 ans et son conjoint depuis leur rencontre, je suis, comme la plupart de mes amis, dans l’incompréhension la plus totale devant ce jugement en appel qui réduit à trois ans avec un sursis partiel la peine de l’auteur de ce féminicide d’une violence inouïe. Cette réduction de peine a été accordée sur la base du changement de version opportun d’un menteur patenté qui a égaré la justice pendant 5 ans. J’ai envoyé un courrier de lecteur à la TdG (voir pièce jointe) concluant qu’un recours au Tribunal Fédérale était justifié. L’article n’a pas été publié.
Je n’ai pas la prétention ni les compétences de contester une décision de justice. Je ne prétends pas non plus avoir la vérité malgré mes fortes convictions que l’acte sexuel consenti est un nouveau mensonge. Cependant, au nom de la vérité et de la dignité de la victime, je ne peux pas rester dans le silence. A ce titre, je ne comprends pas le silence des associations de défense des femmes et plus particulièrement celle contre la violence conjugale. Cette décision de justice est une injure faite à toutes les femmes et devrait être dénoncée par toutes ces associations. Un recours au Tribunal Fédéral permettrait de rouvrir une enquête où la victime pourrait retrouver justice et dignité.
Je suis conscient que le Tribunal fédéral ne juge pas le fond mais seulement la forme. Je pense toutefois que celle-ci n’a pas été respectée. La nouvelle version de l’accusé ( sans relation avec la première version) aurait dû déclencher l’ouverture d’une nouvelle enquête impliquant l’audition d’autres experts spécialisés et d’autres témoins dont la fille de la victime présente sur les lieux. Ce jugement émis par des juges professionnels privilégie une soi-disant plausibilité des faits à la recherche de la vérité. C’est une parodie de justice entachée de vices de formes.
Je ne sais pas si un recours au Tribunal Fédéral pourrait relancer une nouvelle enquête sur la base des nouveaux éléments. J’appelle cependant de mes vœux une recherche de la vérité qui puisse rendre justice à une femme martyrisée et bafouée.
Vous remerciant de l’intérêt que vous pourriez porter à ce courrier, je vous adresse mes respectueuses salutations.
Daniel Fortis
Au lendemain de la journée de la femme, la cour criminelle a requalifié le féminicide de l’affaire de la plume en un féminicide par négligence. Quelle infamie pour la victime et quelle gifle pour toutes les femmes ! Avec une pirouette de dernière minute, l’accusé avait présenté quelques jours avant le procès en appel sa nouvelle version. Un acte sexuel ayant entrainé la mort. Pendant cinq ans, il a égaré la justice en prétendant que son épouse était morte d’un AVC. A la stupéfaction générale, les juges ont ramené la peine de 13 ans à 3 ans. Comment des juges ont-ils pu accréditer aussi facilement la nouvelle version d’un menteur patenté ? La conversion miraculeuse de l’accusé à ne plus vivre dans le mensonge après un discours du pape est une tartufferie. Les circonstances de l’acte, vulgairement appelé le truc, contredisent les déclarations des experts et le simple bon sens. Comment imaginer un étouffement pendant trois minutes pour amener sa compagne au « septième ciel » ? Cette nouvelle version aurait dû être soumise à un témoin essentiel. La fille de la victime qui avait été appelée par l’accusé juste après le décès de sa mère et avant l’arrivée des urgences. Son absence à la barre est incompréhensible et préjudiciable à la recherche de la vérité. En revanche, la parution à la barre de témoins de moralité proches de l’accusé n’a apporté que de la subjectivité et de l’anecdotique.
Avec des procédés dilatoires, les avocats de la défense ont triomphé et la justice a cédé. Cette justice professionnalisée ne sait plus juger. Elle se protège derrière l’application de normes techniques rigides au détriment de la vérité qui devient une valeur secondaire. Elle donne aussi l’impression qu’elle accorde plus de poids à la parole d’un riche notable que celle d’un simple citoyen. L’ancienne justice avec un jury populaire n’aurait pas blanchi le hobereau soleurois. Dans l’affaire Jaccoud qui a enflammé Genève en 1958, le notable a été condamné. Au nom de la vérité, un recours au Tribunal Fédéral est pleinement justifié.
Daniel Fortis
1231 Conches Genève, le 10 mars 2023
La fondation Hans Wilsdorf a acquis un hôtel de 40 chambres pour la somme invraisemblable de 32,5 millions de francs ( TdG du 20 février 2023 ). Pour soigner son image du plus grand mécène de Genève, le propriétaire de Rolex a remis cet immeuble en droit de superficie à des institutions pour l’hébergement social. Parmi les personnes inscrites dans nos services sociaux, certaines seront sélectionnées et bénéficieront d’une chambre à 800.000.- frs. ! Nous sommes dans la démesure philanthropique.
Les millions de sinistrés du récent séisme de Turquie et de Syrie doivent halluciner. Ceux qui ont absolument tout perdu, qui sont dans une détresse indicible, sans aucun avenir, comment peuvent-ils imaginer nos largesses pour quelques assistés sociaux ? Avec une telle somme, combien de malheureux pourraient être sauvés, secourus, logés en urgence et réconfortés ? Nos « assistés » valent infiniment plus que les victimes de cet effroyable séisme. La banalisation des profits indécents des industries du luxe nous fait perdre la notion de la mesure et de l’essentiel.
Daniel Fortis
1231 Conches Genève, le 23 février 2023
Votre journal n’a pas cédé à la tentation de relater le rebondissement sulfureux et malsain de l’affaire dite de « la plume » après les révélations tardives et stupéfiantes du meurtrier. Celles-ci, inspirées par son aéropage d’avocats, évoquent des pratiques sexuelles dangereuses ! La retenue de la TdG n’a pas inspiré son confrère « Le Temps » qui a publié le 2 février, à la une, cette nouvelle version pathétique du hobereau soleurois sur les circonstances du drame. Cédant au sensationnalisme médiatique, « Le Temps » a plongé dans les miasmes de cette affaire qui réunit tous les ingrédients racoleurs : le notable pervers, le sexe et l’argent. Quant à la justice, sa délétère lenteur offre aux justiciables fortunés de nombreuses opportunités de louvoyer avec la vérité. Comment un journal respectable peut-il porter crédit à ce scénario invraisemblable avec des détails qui salissent la victime et sa famille ? La tribune de Genève ne s’est pas compromise dans ce déballage sordide. Je salue son éthique journalistique.
Daniel Fortis
1231 Conches Genève , le 4 février 2023
Bravo pour l’excellent éditorial de votre journaliste Pascale Zimmermann sur la vision pharaonique du MAH (TdG du 23 décembre). Depuis le refus du projet Jean Nouvel en janvier 2016, six ans d’atermoiements, de déclarations creuses et de propositions insipides n’ont accouché que d’un accord sur un crédit d’étude de 20 millions de francs. Somme exorbitante pour des études préliminaires de faisabilité et de mise en concours. Ce retour à la case de départ implique aussi la perspective d’une pléthore de préavis contradictoires émanant de commissions, de spécialistes et d’experts. Les services de l’Etat et de la Ville vont aussi brandir une multitude de contraintes légales, sécuritaires et normatives pour justifier leurs incontournables avis. Dans cette « usine à gaz », les citoyens risquent de multiplier les oppositions stériles.
Les coûts et la stratégie de nos autorités ressemblent à ceux des émirats moyen-orientaux. La seule différence est que ceux-ci, libérés de toutes contraintes réglementaires, législatives ou financières concrétisent rapidement leurs caprices avec des stars de l’architecture. Ces dernières, habituées aux largesses de leurs richissimes clients, réalisent des projets d’une créativité forcenée soutenue par un discours architectural alambiqué. Les considérations bassement financières et les dépassements de budget sont pour elles secondaires. La Genève calviniste n’est pas le Qatar. Il faut revenir à un projet raisonnable d’inspiration locale.
Quatre mois après la votation du refus, votre rédaction a publié, le 11 mai 2016 et le18 juin 2016, mon article appelant à une remobilisation autour d’un nouveau projet incluant la valorisation de la Butte. Le 27 novembre 2019, votre journal m’a invité à exposer une vision d’urbanisme intégrant le mail piétonnier de Rive jusqu’au lac. La valorisation de la Butte (qui peut se faire en préservant en pleine terre une partie de l’arborisation) est une des clefs essentielles de ce nouvel axe urbain. Dans le cadre du concours d’architecture, les sensibilités et les spécificités genevoises doivent être intégrées. Elles seront mieux perçues par des architectes locaux et mieux acceptées par la population. Un projet ambitieux sans mégalomanie peut fédérer les Genevois et nous éviter une nouvelle déconvenue.
Daniel Fortis
Architecte-ingénieur EPFZ-SIA
Conches Genève, le 26 décembre 2022
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Alors que le prince héritier saoudien Ben Salmane, responsable de l’assassinat et du découpage du corps d’un journaliste, est reçu avec tous les honneurs à l’Elysée par le président Macron, le ministre français de l’Intérieur Gérald Darmanin interdit à Hani Ramadan (le frère de Tariq) l’entrée du territoire français. Quel est son crime ? Avoir défendu la cause palestinienne et avoir dénoncé l’expansionnisme sioniste. Accusé d’antisionisme, il est traité d’antisémite dans un amalgame scandaleux. Mais son crime ne s’arrête pas là. Sa dénonciation de l’alignement des médias et des gouvernements derrière la doxa sioniste lui vaut l’étiquette infamante de conspirationniste. Pourtant les sanctions iniques à son égard lui donnent raison. En France, les droits de l’homme sont à géométrie variable. Entre le respect du droit à la liberté d’expression d’un intellectuel et la compromission avec un dictateur voyou et assassin, le gouvernement français a choisi. Le pétrole.
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Daniel Fortis
Genève, le 29 juillet 2022
Au terme d’une enquête externe, Darius Rochebin a été totalement blanchi des accusations de harcèlement dans le cadre de l’affaire de la RTS. A l’origine de celles-ci, un article virulent de votre journal contre ce journaliste . Quatre pleines pages de lynchage. Votre journal , pourtant renommé pour la qualité de ses analyses, avait cédé au sensationnalisme avec un violent réquisitoire sur la base de témoignages anonymes et revanchards. La doxa féministe et certains de vos gazetiers avaient jeté l’opprobre sur ce talentueux journaliste et brisé sa carrière.
Les conclusions de l’enquête ont amené logiquement la Tribune de Genève à titrer en première page « RTS : L’enquête blanchit Darius Rochebin » . Il eut été normal que votre journal , responsable de cette dérive journalistique, fasse ad minima une annonce équivalente. On aurait pu même s’attendre à un mea culpa. Non seulement votre journal ne l’a pas fait mais il ose renchérir avec un titre d’une extrême fourberie « Harcèlement : La RTS fait un mea culpa ». L’insinuation pernicieuse amalgamant une entreprise et une personne discrédite votre journal . C’est une tentative de camoufler votre errance et votre partialité dans ce dossier.
Les écoles de journalistes devraient se saisir de ce cas pour démontrer le pouvoir de la manipulation des lecteurs à travers des titres tendancieux. Un journal ne peut pas salir impunément l’honneur d’une personne et louvoyer pour échapper à ses responsabilités.
Daniel Fortis Le 20 avril 2021
Dans ces temps de grand désarroi face à la pandémie du coronavirus, le bon sens et la simple observation de l’expérience des autres pourraient nous inspirer. L’évolution favorable de la pandémie en Chine et en Corée du Sud nous donne un espoir de contenir le virus. Deux points communs lient ces deux pays dans leur réactivité. Un confinement rigoureux et une utilisation généralisée des masques dans la sphère publique. Concernant cette dernière mesure, nos autorités sanitaires ont manifesté peu d’intérêt à cette protection arguant d’une efficacité relative. Pourtant celle-ci a plusieurs impacts : se protéger , protéger les autres ,éviter de mettre en contact nos mains avec nos muqueuses et inciter nos interlocuteurs à se tenir à distance. Tous ces effets concourent à réduire la contamination , même si la protection n’est pas optimale. Cet évident bon sens n’a pas été retenu face à la pénurie de masques. Notre dépendance et notre imprévoyance ne doivent pas être des raisons pour renoncer à une protection qui a fait ses preuves en Chine et en Corée du Sud . Notre culture expansive et communicative ne nous prédispose pas à porter ce moyen d’isolement. Nous devons cependant nous adapter . A la place d’un sourire et d’une poignée de main, notre rapport à l’Autre peut se faire avec une main sur le cœur pour exprimer la paix, le respect et la solidarité dans l’épreuve.
Daniel Fortis
1231 Conches Genève, le 15 mars 2020
Depuis les années soixante, les femmes se sont battues pour s’affranchir de la prédominance masculine. Leur juste et légitime combat leur a permis d’obtenir des droits élémentaires et essentiels. Aujourd’hui , sous l’effet « Me Too », le mouvement féministe se radicalise et dérive vers une obsession de la parité et une frénésie revendicatrice. Après l’écriture inclusive et la féminisation de la signalétique, la Ville de Genève débaptise seize rues au titre de l’égalité entre hommes et femmes. Cette mesure prise sans concertation est autocratique . Rien ne s’oppose à ce que les nouvelles rues puissent être prioritairement attribuées à des personnalités féminines. Alors , pourquoi procéder à des débaptisations qui trahissent la mémoire collective ? Cette féminisation à marche forcée provoque un clivage primaire et puéril entre les genres sans pour autant améliorer la condition féminine . Une évolution est positive que si elle est comprise, acceptée et assimilée dans les esprits. L’impatience et le dogmatisme des revendications féministes heurtent les mentalités et sont contre-productifs. Dans notre pays, les dernières élections ont consacré dans les urnes un nombre plus grand de femmes. Porteuses d’une vision du monde plus humaniste et plus respectueuse de la nature, elles n’ont pas eu besoin de s’imposer par la débaptisation et la féminisation de nos rues.
Daniel Fortis
1231 Conches Genève , le 24 février 2020