Archives de catégorie : geneve

Collège Claparède, brisons l’asphalte

Le collège Claparède a cinquante ans. En 1974, lors de sa construction, les préoccupations climatiques, écologiques et environnementale étaient secondaires. Une surface asphaltée de 12’200 m2 dont deux terrains de tennis de 1’600 m2 dévastés et livrés à l’abandon depuis plusieurs décennies occupent tout l’espace entre les bâtiments. Un parking surdimensionné a été réalisé sans aucune considération pour la végétalisation et les circulations piétonnes.  Quelques arbres solitaires tentent de survivre dans cet espace minéral inhospitalier et  surchauffé en été. Aucun accès au collège n’est assuré si ce n’est celui à travers le parking dans les circulations et les manœuvres des divers véhicules.

Cette conception d’un autre temps heurte tous nos principes urbanistiques actuels. Réduction des surfaces asphaltées, remplacement par des surfaces poreuses,  gestion des eaux de surfaces, ombrage maximal avec une arborisation importante et chemins piétonniers sécurisés. L’aménagement extérieur du collège est devenu un contre-modèle.

Pourtant ce collège jouit d’une situation exceptionnelle avec les transports publics, les voies pour vélos, la proximité de la Seymaz et un environnement arborisé et agricole unique.

A l’occasion de son demi-siècle, une réflexion s’impose pour donner à ce collège un nouvel écrin valorisant et fonctionnel. Les esquisses ci-jointes donnent une idée de ce qui peut être entrepris simplement et sans coût excessif pour réhabiliter ce collège dans une vision plus humaine et plus respectueuse de la nature.

Daniel Fortis Architecte et ingénieur EPFZ-SIA                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                             Genève, le 29 février 2024

Les carottes de la Butte de l’Observatoire

Nous avons appris la nouvelle reculade du Conseil Administratif de la Ville de Genève dans la saga du musée d’Art et Histoire (TdG du 28 juin). Pourtant, le 4 mai 2022, après six ans de gestion chaotique du dossier, le Conseil Administratif avait enfin défini le cadre du concours d’architecture en intégrant la Butte de l’Observatoire. Il a suffi de l’opposition d’un conseiller administratif pour invalider la décision avec une argumentation écolo-dogmatique de défense des arbres sans considérer le contexte du lieu. Jusqu’en 1957, un observatoire occupait le centre de la Butte. Sa démolition a laissé sur place des matériaux impropres à toute arborisation. Une grande partie des sous-sols de la Butte est actuellement occupé par des locaux de services publics. Sous-utilisés, ceux-ci ne pourraient -ils pas être réaffectés au musée ? Pour la petite zone arborisée, il est facile de définir un périmètre de protection. Ignorant ce contexte, La Ville de Genève atermoie depuis des décennies sous la pression d’ayatollahs écologistes. Dans leur obsession, ceux-ci utilisent actuellement la butte pour implanter un jardin potager didactique destiné aux citoyens qui croient que les carottes poussent sur les arbres. Ils pensent sauver la planète en permettant aux enfants des écoles avoisinantes d’observer, de loin et les pieds au sec, la croissance des carottes. Ne serait-il pas plus profitable de les amener dans une ferme pour leur faire découvrir la réalité paysanne en extrayant de terre les carottes de leurs propres mains. L’écologie de pacotille de nos édiles obstrue toute initiative et condamne toute ambition dans l’élaboration d’un beau projet contribuant au rayonnement de Genève et au service des Genevois. N’est-il pas temps que les instances cantonales dessaisissent la Commune de ce dossier ?

Daniel Fortis

Architecte et ingénieur EPFZ-SIA

1231 Conches                                                                                   Genève, le 2 juillet 2023

Projet de lettre à la procureure

Madame La Procureure,

Je suis un simple citoyen qui a été choqué par le dénouement de l’affaire dite de la plume. Connaissant personnellement la victime depuis 60 ans et son conjoint depuis leur rencontre, je suis, comme la plupart de mes amis, dans l’incompréhension la plus totale devant ce jugement en appel qui réduit à trois ans avec un sursis partiel la peine de l’auteur de ce féminicide d’une violence inouïe. Cette réduction de peine a été accordée sur la base du changement de version opportun d’un menteur patenté qui a égaré la justice pendant 5 ans. J’ai envoyé un courrier de lecteur à la TdG (voir pièce jointe) concluant qu’un recours au Tribunal Fédérale était justifié. L’article n’a pas été publié.

Je n’ai pas la prétention ni les compétences de contester une décision de justice. Je ne prétends pas non plus avoir la vérité malgré mes fortes convictions que l’acte sexuel consenti est un nouveau mensonge. Cependant, au nom de la vérité et de la dignité de la victime, je ne peux pas rester dans le silence.  A ce titre, je ne comprends pas le silence des associations de défense des femmes et plus particulièrement celle contre la violence conjugale. Cette décision de justice est une injure faite à toutes les femmes et devrait être dénoncée par toutes ces associations. Un recours au Tribunal Fédéral permettrait de rouvrir une enquête où la victime pourrait retrouver justice et dignité.

Je suis conscient que le Tribunal fédéral ne juge pas le fond  mais seulement la forme. Je pense toutefois  que celle-ci n’a pas été respectée. La nouvelle version de l’accusé ( sans relation avec la première version) aurait dû déclencher l’ouverture d’une nouvelle enquête impliquant l’audition d’autres experts spécialisés et d’autres témoins dont la fille de la victime présente sur les lieux. Ce jugement émis par des juges professionnels privilégie une soi-disant plausibilité des faits à la recherche de la vérité. C’est  une parodie de justice entachée de vices de formes.

Je ne sais pas si un recours au Tribunal Fédéral pourrait relancer une nouvelle enquête sur la base des nouveaux éléments. J’appelle cependant de mes vœux une recherche de la vérité qui puisse rendre justice à une femme martyrisée et bafouée.

Vous remerciant de l’intérêt que vous pourriez porter à ce courrier, je vous adresse mes respectueuses salutations.

Daniel Fortis

Une nouvelle affaire Jaccoud

Au lendemain de la journée de la femme, la cour criminelle a requalifié le féminicide de l’affaire de la plume en un féminicide par négligence. Quelle infamie pour la victime et quelle gifle pour toutes les femmes ! Avec une pirouette de dernière minute, l’accusé avait présenté quelques jours avant le procès en appel sa nouvelle version. Un acte  sexuel ayant entrainé la mort. Pendant cinq ans, il a  égaré la justice en prétendant que son épouse était morte d’un AVC. A la stupéfaction générale, les juges ont ramené la peine de 13 ans à 3 ans. Comment des juges ont-ils pu accréditer aussi facilement la nouvelle version d’un menteur patenté ? La conversion miraculeuse de l’accusé à ne plus vivre dans le mensonge après un discours du pape est une tartufferie. Les circonstances de l’acte, vulgairement appelé le truc, contredisent les déclarations des experts et le simple bon sens. Comment imaginer un étouffement pendant trois minutes pour amener sa compagne au « septième ciel » ? Cette nouvelle version aurait dû être soumise à un témoin essentiel. La fille de la victime qui avait été appelée par l’accusé juste après le décès de sa mère et avant l’arrivée des urgences. Son absence à la barre est incompréhensible et préjudiciable à la recherche de la vérité. En revanche, la parution à la barre de témoins de moralité proches de l’accusé n’a apporté que de la subjectivité et de l’anecdotique.

Avec des procédés dilatoires, les avocats de la défense ont triomphé et la justice a cédé.  Cette justice professionnalisée ne sait plus juger. Elle se protège derrière l’application de normes techniques rigides au détriment de la vérité qui devient une valeur secondaire. Elle donne aussi l’impression qu’elle accorde plus de poids à la parole d’un riche notable que celle d’un simple citoyen. L’ancienne justice avec un jury populaire n’aurait pas blanchi le hobereau soleurois. Dans l’affaire Jaccoud  qui a enflammé Genève en 1958, le notable a été condamné. Au nom de la vérité, un recours au Tribunal Fédéral est pleinement justifié.

Daniel Fortis

1231 Conches                                                                                                 Genève, le 10 mars 2023     

La philanthropie du luxe

La fondation Hans Wilsdorf a acquis un hôtel de 40 chambres pour la somme invraisemblable de 32,5 millions de francs ( TdG du 20 février 2023 ). Pour soigner son image du plus grand mécène de Genève, le propriétaire de Rolex a remis cet immeuble en droit de superficie à des institutions pour l’hébergement social. Parmi les personnes inscrites dans nos services sociaux, certaines seront sélectionnées et bénéficieront d’une chambre à 800.000.- frs. ! Nous sommes dans la démesure philanthropique.

Les millions de sinistrés du récent séisme de Turquie et de Syrie doivent halluciner. Ceux qui ont absolument tout perdu, qui sont dans une détresse indicible, sans aucun avenir, comment peuvent-ils imaginer nos largesses pour quelques assistés sociaux ? Avec une telle somme, combien de malheureux pourraient être sauvés, secourus, logés en urgence et réconfortés ? Nos « assistés » valent infiniment plus que les victimes de cet effroyable séisme. La banalisation des profits indécents des industries du luxe nous fait perdre la notion de la mesure et de l’essentiel.

Daniel Fortis

1231 Conches                                                                                             Genève, le 23 février 2023

Affaire de la plume, la retenue de la Tribune

Votre journal n’a pas cédé à la tentation de relater le rebondissement  sulfureux et malsain  de l’affaire  dite de «  la  plume » après les révélations tardives et stupéfiantes  du meurtrier. Celles-ci, inspirées par son aéropage d’avocats, évoquent des pratiques sexuelles dangereuses ! La  retenue  de la TdG n’a pas inspiré son confrère « Le Temps » qui a publié le 2 février, à la une, cette nouvelle version pathétique  du hobereau soleurois sur les circonstances du drame.  Cédant au sensationnalisme médiatique, « Le Temps » a plongé dans les miasmes de cette affaire qui réunit tous les ingrédients racoleurs : le notable pervers, le sexe et l’argent. Quant à la justice, sa délétère lenteur offre aux justiciables fortunés de nombreuses opportunités de louvoyer avec la vérité. Comment un journal respectable peut-il porter crédit à ce scénario invraisemblable avec des détails qui salissent la victime et sa famille ? La tribune de Genève ne  s’est pas compromise dans ce déballage sordide. Je salue son éthique journalistique.

Daniel Fortis

1231 Conches                                                                                            Genève , le 4 février 2023

Emirat genevois

Bravo pour l’excellent éditorial de votre journaliste Pascale Zimmermann sur la vision pharaonique du MAH (TdG du 23 décembre). Depuis le refus du projet Jean Nouvel en janvier 2016, six ans d’atermoiements, de déclarations creuses et de propositions insipides n’ont accouché que d’un accord sur un crédit d’étude de 20 millions de francs. Somme exorbitante pour des études préliminaires de faisabilité et de mise en concours. Ce retour à la case de départ implique aussi la perspective d’une pléthore de préavis contradictoires émanant de commissions, de spécialistes et d’experts. Les services de l’Etat et de la Ville vont aussi brandir une multitude de contraintes légales, sécuritaires et normatives pour justifier leurs incontournables avis. Dans cette « usine à gaz », les citoyens risquent de multiplier les oppositions stériles.

Les coûts et la stratégie de nos autorités ressemblent à ceux des émirats moyen-orientaux. La seule différence est que ceux-ci, libérés de toutes contraintes réglementaires, législatives ou financières concrétisent rapidement leurs caprices avec des stars de l’architecture. Ces dernières, habituées aux largesses de leurs richissimes clients, réalisent des projets d’une créativité forcenée soutenue par un discours architectural alambiqué. Les considérations  bassement financières et les dépassements de budget sont pour elles secondaires. La Genève calviniste n’est pas le Qatar. Il faut revenir à un projet raisonnable d’inspiration locale.

Quatre mois après la votation du refus, votre rédaction a publié, le 11 mai 2016 et le18 juin 2016, mon article appelant à une remobilisation autour d’un nouveau projet incluant la valorisation de la Butte. Le 27 novembre 2019, votre journal m’a invité à exposer une vision d’urbanisme intégrant le mail piétonnier de Rive jusqu’au lac. La valorisation de la Butte (qui peut se faire en préservant en pleine terre une partie de l’arborisation) est une des clefs essentielles de ce nouvel axe urbain. Dans le cadre du concours d’architecture, les sensibilités et les spécificités genevoises doivent être intégrées. Elles seront mieux perçues par des architectes locaux et mieux acceptées par la population. Un projet ambitieux sans mégalomanie peut fédérer les Genevois et nous  éviter une nouvelle déconvenue.

Daniel Fortis

Architecte-ingénieur EPFZ-SIA 

Conches                                                                            Genève, le 26 décembre 2022

Ben Salmane ou Hani Ramadan

Alors que le prince héritier saoudien Ben Salmane, responsable de l’assassinat et du découpage du corps d’un journaliste, est reçu avec tous les honneurs à l’Elysée par le président Macron, le ministre français de l’Intérieur Gérald Darmanin interdit à Hani Ramadan (le frère de Tariq) l’entrée du territoire français. Quel est son crime ? Avoir défendu la cause palestinienne et avoir dénoncé l’expansionnisme sioniste. Accusé d’antisionisme, il est traité d’antisémite dans un amalgame scandaleux. Mais son crime ne s’arrête pas là. Sa dénonciation de l’alignement des médias et des gouvernements derrière la doxa sioniste lui vaut l’étiquette infamante de conspirationniste. Pourtant les sanctions iniques à son égard lui donnent raison. En France, les droits de l’homme sont à géométrie variable. Entre le respect du droit à la liberté d’expression d’un intellectuel et la compromission avec un dictateur voyou et assassin, le gouvernement français a choisi. Le pétrole.

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Daniel Fortis
Genève, le 29 juillet 2022