Soutien à la tribune de Genève

L’avenir de notre Tribune de Genève est inquiétant et la menace de sa disparition est dramatique. Ayant eu,  par votre intermédiaire, le plaisir d’avoir été publié à de très nombreuses reprises, je crains aujourd’hui que le courage et qu’une véritable  liberté d’expression ne disparaissent avec votre journal. Il est désolant que notre population soit privée de «  sa Julie » pour animer la vie genevoise, pour nourrir la vie politique, pour faire le lien entre le passé et le présent  et pour défendre l’identité et la spécificité de notre canton.

L’intelligence artificielle, les réseaux sociaux, la rentabilité, l’immédiateté, le sensationnel et  l’alignement rédactionnel sur des intérêts privés ne doivent pas l’emporter. Comment s’y opposer ? Certains  diront que c’est un combat d’arrière-garde. Je n’y crois pas. Nous pouvons agir en initiant un mouvement de résistance. Un comité de soutien et une souscription citoyenne cautionnée par nos autorités pourraient être une piste.  Si une action similaire était déjà en cours, je vous serais reconnaissant de m’en informer. Je suis prêt à m’investir dans la défense d’un monde où le mot humanité veut encore dire quelque chose. 

Daniel Fortis 1er septembre 2024

La France des Gentils et des Méchants

Début juillet, à l’issue des législatives, la France présentait l’image d’un pays déchiré avec un président discrédité et dépassé par les événements. L’affrontement prenait des allures de guerre civile où l’outrance, les invectives, les trahisons et les anathèmes polluaient les discours politiques. Les électeurs du RN et de LFI , soit 45% des Français, ont été diabolisés. Dans ce climat délétère, le président Macron a fui ses responsabilités et a joué la montre pour tenir jusqu’aux Jeux Olympiques. Une tactique payante. Les Jeux furent magnifiques dans le cadre somptueux de Paris. L’organisation et la sécurité ont été parfaites. Les spectateurs étrangers  ont été enthousiastes et les Français présents se sont montrés unis, fraternels et fiers de leurs athlètes. Quelle belle image de la France. Surfant sur cette réussite, le président français plastronne et tente de fédérer toute la nation. Dans ce but, il doit tendre la main à tous ceux pour qui ces jeux étaient loin de leurs principales préoccupations. Les pauvres, les paumés, les révoltés, les assistés, les malades, les laissez pour compte, les « sans projet ». Ils ont regardé ces jeux avec chauvinisme mais ils ont aussi ressenti qu’ils ne faisaient pas partie de cette fête où les participants et les  spectateurs étaient des privilégiés dans une ambiance heureuse, extravertie, tournée vers l’avenir avec pleins de projets. Le président français peut réconcilier la nation avec  un esprit d’ouverture sans aucun ostracisme. Malheureusement son premier ministre Gabriel Attal n’a rien compris. Il continue d’exclure le RN et LFI des discussions pour un pacte républicain. Sa vision primaire des Gentils et des Méchants est affligeante. La réconciliation n’est  possible que si les dirigeants défendent la cohésion,  la solidarité et le respect.

Daniel Fortis

1231 Conches                                                                               Genève, le 16 août 2024  

False attack

L’attentat contre Donald Trump pose beaucoup de questions. L’auteur présumé a été « neutralisé » et sa motivation restera à jamais dans les oubliettes de l’histoire. Seule la version officielle de la police subsistera. Pourtant le profil et la personnalité de l’individu  sont en complète contradiction avec toute les logiques. Les circonstances sont sidérantes et l’attitude des services de protection est ahurissante. Le manque de réactivité de ceux-ci après de nombreuses et spécifiques alertes de spectateurs sur la présence du tueur sur un toit avec un fusil d’assaut défie la raison. La suite des événements relève aussi d’une mise en scène hollywoodienne. Après le tir manqué, l’ancien président porte sa main à son oreille et s’accroupit derrière son pupitre alors que le public ne manifeste aucune panique. Après vingt-cinq secondes, un agent annonce que le tireur est abattu et donne le signal de l’exfiltration. Quelle certitude a-t-il pour dire qu’il n’y a plus de danger et aucun autre complice? Cependant le timing ne convient pas à Trump. Avant de se relever, il réclame ses chaussures et demande d’attendre un peu pour peaufiner sa mise en scène et permettre à ses photographes de prendre la photo iconique avec un cadrage parfait, un angle de vue basse avec l’arrière fond du drapeau américain. Tel un Phoenix, Trump se dresse alors victorieux du Mal et prononce trois fois « fight » sous les hourras de la foule. 

Un détail a échappé cependant au scénariste. La blessure à l’oreille ne saigne plus. Seules deux coulures rouges (sang ?) rejoignent la bouche. Une balle dont la vitesse était de plus de 3000 km/ heure aurait dû occasionner au minimum une sévère hémorragie. Dieu aurait-il cautérisé l’oreille de son protégé en quelques secondes ?  L’instrumentalisation de Dieu pour attribuer à Trump une mission messianique est odieuse. Connaissant la fourberie de cet ancien acteur de séries télévisées et sa prédisposition au complotisme, nous devons avoir à l’esprit qu’il est capable de toutes les falsifications, y compris celle d’une false attack.

Daniel Fortis

1231 Conches                                                                                                 Genève, le 18 juillet 2024   

Deux poids, deux mesures,

A Gaza, l’armée israélienne a bombardé et détruit les mosquées sans aucune considération pour les pertes humaines collatérales. Cette pulsion destructrice et meurtrière n’a suscité aucune condamnation de la France. Ce manque de réaction du gouvernement français tranche avec sa réaction immédiate et radicale après une misérable tentative d’incendier une synagogue à Rouen. Le vendredi 17 mai à 6h 30 du matin, un individu lance  un engin incendiaire artisanal dans ce lieu de culte. Aucune victime et que des dégâts matériels mineurs. Sans délai, un dispositif policier se met en place pour abattre l’individu ou, selon le terme consacré,  neutraliser l’individu.  Le policier n’a apparemment pas compris que le verbe neutraliser veut dire rendre inoffensif. Programmé pour tuer, ses supérieurs ne lui ont pas appris à tirer dans les jambes ou une partie non vitale. Son manque de sang-froid face à un individu armé seulement d’un couteau aurait mérité un rappel à la proportionnalité et à la raison. A la place, il a été décoré par M. Darmanin, ministre de l’Intérieur d’un pays qui s’honore d’avoir supprimé la peine de mort. D’un côté, une  destruction systématique des mosquées à Gaza sans aucune sanction et de l’autre côté, une tentative d’incendie d’une synagogue sanctionnée par l’application de la peine de mort immédiate et la décoration du jeune policier à la gâchette facile. Comment peut-on accepter ce « deux poids, deux mesures » ?

Daniel Fortis

1231 Conches                                                                                                  Genève, le 23 mai 2024

La garden party du Bürgenstock

Du 15 au 16 juin prochain, le luxueux et impressionnant complexe hôtelier du Bürgenstock, propriété d’un fond souverain qatari, devrait accueillir  une centaine de délégations du monde entier pour discuter de la paix en Ukraine. Fréquenté principalement par la jetset et des milliardaires, ce lieu prestigieux dont l’accès ne se fait que par un funiculaire ou par une route hyper sécurisée, offrira l’occasion d’un séjour idyllique à des représentants de pays  extra- européens qui n’ont aucune légitimité à se prononcer sur ce conflit. Ils ne manqueront pas cependant d’amener leurs gardes de corps, leur secrétaire particulière et divers conseillers personnels et fiscaux qui vérifieront l’état de leurs comptes bancaires suisses. Ses heureux invités seront choisis en fonction de leur adhésion à la doxa ukrainienne. Cependant, considérant que cet unilatéralisme pourrait lui être reproché,  notre ministre des affaires étrangères, Ignacio Cassis, fait du racolage auprès des BRICS et des pays du Sud global  qui rechignent à participer à ce simulacre de conférence pour la paix. En effet, comment peut-on imaginer de parler de la paix en l’absence de l’un des belligérants ? La Russie a bien compris que ce raout ne servait qu’à donner une nouvelle tribune au président ukrainien, Volodymyr Zelensky.

La diplomatie suisse n’est plus ce qu’elle était. Notre ministre, Ignacio Cassis, a bradé notre neutralité. Celle-ci était le fleuron de notre identité. Elle s’est délitée dans un alignement prooccidental et israélophile. La conséquence est que plus personne ne veut venir en Suisse pour discuter de la paix. D’autres pays, comme le Qatar, deviennent des places plus propices à la médiation. Cette prochaine conférence au Bürgenstock ressemble à une garden-party au coût exorbitant. Elle  ne contribuera pas à rétablir notre crédibilité et notre réputation.

Daniel Fortis

1231 Conches                                                                                           Genève, le 10 mai 2024  

Collège Claparède, brisons l’asphalte

Le collège Claparède a cinquante ans. En 1974, lors de sa construction, les préoccupations climatiques, écologiques et environnementale étaient secondaires. Une surface asphaltée de 12’200 m2 dont deux terrains de tennis de 1’600 m2 dévastés et livrés à l’abandon depuis plusieurs décennies occupent tout l’espace entre les bâtiments. Un parking surdimensionné a été réalisé sans aucune considération pour la végétalisation et les circulations piétonnes.  Quelques arbres solitaires tentent de survivre dans cet espace minéral inhospitalier et  surchauffé en été. Aucun accès au collège n’est assuré si ce n’est celui à travers le parking dans les circulations et les manœuvres des divers véhicules.

Cette conception d’un autre temps heurte tous nos principes urbanistiques actuels. Réduction des surfaces asphaltées, remplacement par des surfaces poreuses,  gestion des eaux de surfaces, ombrage maximal avec une arborisation importante et chemins piétonniers sécurisés. L’aménagement extérieur du collège est devenu un contre-modèle.

Pourtant ce collège jouit d’une situation exceptionnelle avec les transports publics, les voies pour vélos, la proximité de la Seymaz et un environnement arborisé et agricole unique.

A l’occasion de son demi-siècle, une réflexion s’impose pour donner à ce collège un nouvel écrin valorisant et fonctionnel. Les esquisses ci-jointes donnent une idée de ce qui peut être entrepris simplement et sans coût excessif pour réhabiliter ce collège dans une vision plus humaine et plus respectueuse de la nature.

Daniel Fortis Architecte et ingénieur EPFZ-SIA                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                             Genève, le 29 février 2024