
Ramadan, la justice en question

Si la législation générale sur l’amiante est justifiée, les règlements d’application relèvent du délire sécuritaire. La multitude des mesures à prendre équivaut à écraser un moustique avec une massue. A part les grands travaux de démolition, la plupart des travaux de rénovation d’appartement, comme par exemple l’enlèvement de carrelage, présente des risques dérisoires et devrait relever d’un traitement de bon sens (dépose précautionneuse, port d’un masque et humidification préalable des matériaux et des supports). A la place, un diktat sécuritaire est mis en place par une pléthore d’intervenants (ingénieurs- diagnosticiens, techniciens, laboratoires spécialisés, entreprises spécialisées et enfin de mystérieuses décharges spécialisées). Ces nouveaux métiers forment un cartel de l’amiante aux profits confortables. Il en résulte un ralentissement et un renchérissement absurde des travaux.
Cette phobie de l’amiante se nourrit des images des années 1950 avec des ouvriers qui scient et découpent sans masque des plaques d’amiante durant toute la journée dans un nuage d’amiante. Leurs conditions de travail étaient scandaleuses et leur exposition aux fibres leur a couté la santé et la vie. Aujourd’hui, quelle est la relation avec la dépose de quelques carreaux présentant un risque infinitésimal qui peut être maîtrisé par des mesures simples ? L’obligation du port d’un scaphandre dans ces conditions est ridicule.
Cette obsession de la sécurité devient indécente lorsque nous voyons les images du récent séisme en Turquie. Dans un nuage de poussière, très certainement plein d’amiante, des sauveteurs fouillent à main nue, sans aucune protection, les décombres des immeubles à la recherche de survivants. Cette vision dramatique devrait nous interpeller et nous faire prendre conscience de notre hystérie sécuritaire suisse.
Daniel Fortis
Ingénieur civil EPFZ-SIA
1231 Conches Genève, le 7 mars 2023
Alain Berset a osé le mot : Frénésie guerrière. Après le tôlé suscité en Europe, le rétropédalage de notre président n’ôte rien à la pertinence du propos que partage une majorité silencieuse. Depuis le conflit russo-ukrainien, le monde entier est entré dans une spirale d’hystérie militariste. Tous les pays ont augmenté leurs budgets militaires. Les industries d’armement débordent de commandes. Des pays neutres rejoignent l’Otan. Les Etats-Unis créent une nouvelle coalition militaire antichinoise dans le Pacifique. L’Ukraine reçoit toujours plus d’armes et de munitions pour écraser la Russie. La neutralité suisse devient un crime. Cette fuite en avant belliciste est irresponsable et sans issue.
Embourbée dans les plaines du Donbass, l’armée russe n’est plus qu’un tigre de papier. Pourtant, les gouvernements occidentaux continuent à brandir la menace expansionniste de la Russie vers l’Europe ! On perd la raison et on oublie que c’est l’Otan qui est responsable depuis la chute du mur de Berlin en 1989 d’un expansionnisme effréné. L’Union soviétique avait pourtant retiré pacifiquement toutes ses troupes des pays de l’Est. Cette main tendue a été ignorée et les Etats-Unis ,opposés au rapprochement de la Russie et de l’Europe, ont installé sans tarder des bases de l’Otan dans ces pays et dans les ex-républiques soviétiques à qui la Russie avait accordé l’indépendance. Cela ne relève-t-il pas d’une politique expansionniste avec l’ultime provocation des bases de l’Otan en Ukraine ? Ce grignotage territorial est à l’origine de cette folie militariste qui va engloutir des milliers de milliards de francs. Ces sommes vertigineuses, destinées à la destruction et à la mort, contribueront à dégrader encore plus notre environnement et manqueront à un combat beaucoup plus essentiel : la préservation de notre bien commun, la TERRE.
Daniel Fortis
1231 Conches Genève, le 17 mars 2023
Madame La Procureure,
Je suis un simple citoyen qui a été choqué par le dénouement de l’affaire dite de la plume. Connaissant personnellement la victime depuis 60 ans et son conjoint depuis leur rencontre, je suis, comme la plupart de mes amis, dans l’incompréhension la plus totale devant ce jugement en appel qui réduit à trois ans avec un sursis partiel la peine de l’auteur de ce féminicide d’une violence inouïe. Cette réduction de peine a été accordée sur la base du changement de version opportun d’un menteur patenté qui a égaré la justice pendant 5 ans. J’ai envoyé un courrier de lecteur à la TdG (voir pièce jointe) concluant qu’un recours au Tribunal Fédérale était justifié. L’article n’a pas été publié.
Je n’ai pas la prétention ni les compétences de contester une décision de justice. Je ne prétends pas non plus avoir la vérité malgré mes fortes convictions que l’acte sexuel consenti est un nouveau mensonge. Cependant, au nom de la vérité et de la dignité de la victime, je ne peux pas rester dans le silence. A ce titre, je ne comprends pas le silence des associations de défense des femmes et plus particulièrement celle contre la violence conjugale. Cette décision de justice est une injure faite à toutes les femmes et devrait être dénoncée par toutes ces associations. Un recours au Tribunal Fédéral permettrait de rouvrir une enquête où la victime pourrait retrouver justice et dignité.
Je suis conscient que le Tribunal fédéral ne juge pas le fond mais seulement la forme. Je pense toutefois que celle-ci n’a pas été respectée. La nouvelle version de l’accusé ( sans relation avec la première version) aurait dû déclencher l’ouverture d’une nouvelle enquête impliquant l’audition d’autres experts spécialisés et d’autres témoins dont la fille de la victime présente sur les lieux. Ce jugement émis par des juges professionnels privilégie une soi-disant plausibilité des faits à la recherche de la vérité. C’est une parodie de justice entachée de vices de formes.
Je ne sais pas si un recours au Tribunal Fédéral pourrait relancer une nouvelle enquête sur la base des nouveaux éléments. J’appelle cependant de mes vœux une recherche de la vérité qui puisse rendre justice à une femme martyrisée et bafouée.
Vous remerciant de l’intérêt que vous pourriez porter à ce courrier, je vous adresse mes respectueuses salutations.
Daniel Fortis
Au lendemain de la journée de la femme, la cour criminelle a requalifié le féminicide de l’affaire de la plume en un féminicide par négligence. Quelle infamie pour la victime et quelle gifle pour toutes les femmes ! Avec une pirouette de dernière minute, l’accusé avait présenté quelques jours avant le procès en appel sa nouvelle version. Un acte sexuel ayant entrainé la mort. Pendant cinq ans, il a égaré la justice en prétendant que son épouse était morte d’un AVC. A la stupéfaction générale, les juges ont ramené la peine de 13 ans à 3 ans. Comment des juges ont-ils pu accréditer aussi facilement la nouvelle version d’un menteur patenté ? La conversion miraculeuse de l’accusé à ne plus vivre dans le mensonge après un discours du pape est une tartufferie. Les circonstances de l’acte, vulgairement appelé le truc, contredisent les déclarations des experts et le simple bon sens. Comment imaginer un étouffement pendant trois minutes pour amener sa compagne au « septième ciel » ? Cette nouvelle version aurait dû être soumise à un témoin essentiel. La fille de la victime qui avait été appelée par l’accusé juste après le décès de sa mère et avant l’arrivée des urgences. Son absence à la barre est incompréhensible et préjudiciable à la recherche de la vérité. En revanche, la parution à la barre de témoins de moralité proches de l’accusé n’a apporté que de la subjectivité et de l’anecdotique.
Avec des procédés dilatoires, les avocats de la défense ont triomphé et la justice a cédé. Cette justice professionnalisée ne sait plus juger. Elle se protège derrière l’application de normes techniques rigides au détriment de la vérité qui devient une valeur secondaire. Elle donne aussi l’impression qu’elle accorde plus de poids à la parole d’un riche notable que celle d’un simple citoyen. L’ancienne justice avec un jury populaire n’aurait pas blanchi le hobereau soleurois. Dans l’affaire Jaccoud qui a enflammé Genève en 1958, le notable a été condamné. Au nom de la vérité, un recours au Tribunal Fédéral est pleinement justifié.
Daniel Fortis
1231 Conches Genève, le 10 mars 2023
La fondation Hans Wilsdorf a acquis un hôtel de 40 chambres pour la somme invraisemblable de 32,5 millions de francs ( TdG du 20 février 2023 ). Pour soigner son image du plus grand mécène de Genève, le propriétaire de Rolex a remis cet immeuble en droit de superficie à des institutions pour l’hébergement social. Parmi les personnes inscrites dans nos services sociaux, certaines seront sélectionnées et bénéficieront d’une chambre à 800.000.- frs. ! Nous sommes dans la démesure philanthropique.
Les millions de sinistrés du récent séisme de Turquie et de Syrie doivent halluciner. Ceux qui ont absolument tout perdu, qui sont dans une détresse indicible, sans aucun avenir, comment peuvent-ils imaginer nos largesses pour quelques assistés sociaux ? Avec une telle somme, combien de malheureux pourraient être sauvés, secourus, logés en urgence et réconfortés ? Nos « assistés » valent infiniment plus que les victimes de cet effroyable séisme. La banalisation des profits indécents des industries du luxe nous fait perdre la notion de la mesure et de l’essentiel.
Daniel Fortis
1231 Conches Genève, le 23 février 2023
Votre journal n’a pas cédé à la tentation de relater le rebondissement sulfureux et malsain de l’affaire dite de « la plume » après les révélations tardives et stupéfiantes du meurtrier. Celles-ci, inspirées par son aéropage d’avocats, évoquent des pratiques sexuelles dangereuses ! La retenue de la TdG n’a pas inspiré son confrère « Le Temps » qui a publié le 2 février, à la une, cette nouvelle version pathétique du hobereau soleurois sur les circonstances du drame. Cédant au sensationnalisme médiatique, « Le Temps » a plongé dans les miasmes de cette affaire qui réunit tous les ingrédients racoleurs : le notable pervers, le sexe et l’argent. Quant à la justice, sa délétère lenteur offre aux justiciables fortunés de nombreuses opportunités de louvoyer avec la vérité. Comment un journal respectable peut-il porter crédit à ce scénario invraisemblable avec des détails qui salissent la victime et sa famille ? La tribune de Genève ne s’est pas compromise dans ce déballage sordide. Je salue son éthique journalistique.
Daniel Fortis
1231 Conches Genève , le 4 février 2023
Bravo pour l’excellent éditorial de votre journaliste Pascale Zimmermann sur la vision pharaonique du MAH (TdG du 23 décembre). Depuis le refus du projet Jean Nouvel en janvier 2016, six ans d’atermoiements, de déclarations creuses et de propositions insipides n’ont accouché que d’un accord sur un crédit d’étude de 20 millions de francs. Somme exorbitante pour des études préliminaires de faisabilité et de mise en concours. Ce retour à la case de départ implique aussi la perspective d’une pléthore de préavis contradictoires émanant de commissions, de spécialistes et d’experts. Les services de l’Etat et de la Ville vont aussi brandir une multitude de contraintes légales, sécuritaires et normatives pour justifier leurs incontournables avis. Dans cette « usine à gaz », les citoyens risquent de multiplier les oppositions stériles.
Les coûts et la stratégie de nos autorités ressemblent à ceux des émirats moyen-orientaux. La seule différence est que ceux-ci, libérés de toutes contraintes réglementaires, législatives ou financières concrétisent rapidement leurs caprices avec des stars de l’architecture. Ces dernières, habituées aux largesses de leurs richissimes clients, réalisent des projets d’une créativité forcenée soutenue par un discours architectural alambiqué. Les considérations bassement financières et les dépassements de budget sont pour elles secondaires. La Genève calviniste n’est pas le Qatar. Il faut revenir à un projet raisonnable d’inspiration locale.
Quatre mois après la votation du refus, votre rédaction a publié, le 11 mai 2016 et le18 juin 2016, mon article appelant à une remobilisation autour d’un nouveau projet incluant la valorisation de la Butte. Le 27 novembre 2019, votre journal m’a invité à exposer une vision d’urbanisme intégrant le mail piétonnier de Rive jusqu’au lac. La valorisation de la Butte (qui peut se faire en préservant en pleine terre une partie de l’arborisation) est une des clefs essentielles de ce nouvel axe urbain. Dans le cadre du concours d’architecture, les sensibilités et les spécificités genevoises doivent être intégrées. Elles seront mieux perçues par des architectes locaux et mieux acceptées par la population. Un projet ambitieux sans mégalomanie peut fédérer les Genevois et nous éviter une nouvelle déconvenue.
Daniel Fortis
Architecte-ingénieur EPFZ-SIA
Conches Genève, le 26 décembre 2022
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Alors que le prince héritier saoudien Ben Salmane, responsable de l’assassinat et du découpage du corps d’un journaliste, est reçu avec tous les honneurs à l’Elysée par le président Macron, le ministre français de l’Intérieur Gérald Darmanin interdit à Hani Ramadan (le frère de Tariq) l’entrée du territoire français. Quel est son crime ? Avoir défendu la cause palestinienne et avoir dénoncé l’expansionnisme sioniste. Accusé d’antisionisme, il est traité d’antisémite dans un amalgame scandaleux. Mais son crime ne s’arrête pas là. Sa dénonciation de l’alignement des médias et des gouvernements derrière la doxa sioniste lui vaut l’étiquette infamante de conspirationniste. Pourtant les sanctions iniques à son égard lui donnent raison. En France, les droits de l’homme sont à géométrie variable. Entre le respect du droit à la liberté d’expression d’un intellectuel et la compromission avec un dictateur voyou et assassin, le gouvernement français a choisi. Le pétrole.
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Daniel Fortis
Genève, le 29 juillet 2022
Lors du dernier sommet de Madrid, l’OTAN s’est trouvé un nouvel ennemi. La Chine. Sous le fallacieux prétexte qu’elle représente un défi systémique, l’organisation a invité l’Australie, le Japon et la Corée du Sud pour former une nouvelle coalition anti-chinoise dans le Pacifique. Personne n’est dupe que la puissance économique de la Chine motive cette nouvelle alliance. Avec la désignation du nouvel ennemi chinois (qui n’a jamais envahi un pays), l’OTAN montre son véritable visage. Celui du défenseur des intérêts de l’Occident par les armes. Plus exactement ceux des Etats-Unis. Pourquoi l’Europe, traitée en vassale, devrait-elle s’aligner dans cette guerre pour la suprématie économique ?
Depuis la chute du mur de Berlin en 1989, l’OTAN n’a pas cessé de mettre l’huile sur le feu, de créer des tensions et d’accumuler des fiascos au Kosovo, en Afghanistan, en Irak et en Lybie. Alors que la Russie avait retiré toutes ses troupes des pays de l’Est et ne menaçait personne, l’organisation aurait dû se dissoudre et laisser l’Europe gérer cette transition pacifique. Mais les Etats-Unis voyaient d’un mauvais œil l’émancipation de l’Europe. Sous la bannière de l’OTAN, ils se sont implantés en reniant leurs paroles dans les pays de l’Est et dans les pays baltes. La probable implantation en Ukraine, synonyme d’encerclement de la Russie, a déclenché l’ire et la folie de Poutine.
Néanmoins, la Finlande et la Suède ont demandé leur adhésion à l’organisation en s’engageant à augmenter leur budget militaire pour acheter du matériel américain. L’Europe, vassalisée, cède à cette hystérie militariste et oublie tous ses engagements environnementaux au profit de ces marchands de guerre. La Suisse doit résister à la tentation de faire allégeance à l’OTAN et de brader sa neutralité. La vision occidentale d’un monde partagé entre les forces du Bien (sous-entendu nous) et les forces du Mal (sous-entendu eux) est non seulement primaire mais porteuse de tous les germes de la guerre.
Daniel Fortis
1231 Conches Genève, le 3 juillet 2022