Tous les articles par Daniel Fortis

Les carottes de la Butte de l’Observatoire

Nous avons appris la nouvelle reculade du Conseil Administratif de la Ville de Genève dans la saga du musée d’Art et Histoire (TdG du 28 juin). Pourtant, le 4 mai 2022, après six ans de gestion chaotique du dossier, le Conseil Administratif avait enfin défini le cadre du concours d’architecture en intégrant la Butte de l’Observatoire. Il a suffi de l’opposition d’un conseiller administratif pour invalider la décision avec une argumentation écolo-dogmatique de défense des arbres sans considérer le contexte du lieu. Jusqu’en 1957, un observatoire occupait le centre de la Butte. Sa démolition a laissé sur place des matériaux impropres à toute arborisation. Une grande partie des sous-sols de la Butte est actuellement occupé par des locaux de services publics. Sous-utilisés, ceux-ci ne pourraient -ils pas être réaffectés au musée ? Pour la petite zone arborisée, il est facile de définir un périmètre de protection. Ignorant ce contexte, La Ville de Genève atermoie depuis des décennies sous la pression d’ayatollahs écologistes. Dans leur obsession, ceux-ci utilisent actuellement la butte pour implanter un jardin potager didactique destiné aux citoyens qui croient que les carottes poussent sur les arbres. Ils pensent sauver la planète en permettant aux enfants des écoles avoisinantes d’observer, de loin et les pieds au sec, la croissance des carottes. Ne serait-il pas plus profitable de les amener dans une ferme pour leur faire découvrir la réalité paysanne en extrayant de terre les carottes de leurs propres mains. L’écologie de pacotille de nos édiles obstrue toute initiative et condamne toute ambition dans l’élaboration d’un beau projet contribuant au rayonnement de Genève et au service des Genevois. N’est-il pas temps que les instances cantonales dessaisissent la Commune de ce dossier ?

Daniel Fortis

Architecte et ingénieur EPFZ-SIA

1231 Conches                                                                                   Genève, le 2 juillet 2023

La phobie de l’amiante

Si la législation générale sur l’amiante est justifiée, les règlements d’application relèvent du délire sécuritaire. La multitude des mesures à prendre équivaut à écraser un moustique avec une massue. A part les grands travaux de démolition, la plupart des travaux de rénovation d’appartement, comme par exemple l’enlèvement de carrelage,  présente des risques dérisoires et devrait relever d’un traitement de bon sens (dépose précautionneuse, port d’un masque et humidification préalable des matériaux et des supports). A la place, un diktat sécuritaire est mis en place par une pléthore d’intervenants (ingénieurs- diagnosticiens, techniciens, laboratoires spécialisés, entreprises spécialisées et enfin de mystérieuses décharges spécialisées). Ces nouveaux métiers forment un cartel de l’amiante aux profits confortables. Il en résulte un ralentissement et un renchérissement absurde des travaux.

Cette phobie de l’amiante se nourrit des images des années 1950 avec des ouvriers qui scient et découpent sans masque des plaques d’amiante durant toute la journée dans un nuage d’amiante. Leurs conditions de travail étaient scandaleuses et leur exposition aux fibres leur a couté la santé et la vie. Aujourd’hui, quelle est la relation avec la dépose de quelques carreaux présentant un risque infinitésimal qui peut être maîtrisé par des mesures simples ? L’obligation du port d’un scaphandre dans ces conditions est ridicule.

Cette obsession de la sécurité devient indécente lorsque nous voyons les images du récent séisme en Turquie. Dans un nuage de poussière, très certainement plein d’amiante, des sauveteurs fouillent à main nue, sans aucune protection, les décombres des immeubles à la recherche de survivants. Cette vision dramatique devrait  nous interpeller et nous faire prendre conscience de notre hystérie sécuritaire suisse.

Daniel Fortis

Ingénieur civil EPFZ-SIA

1231 Conches                                                                         Genève, le 7 mars 2023

Une hystérie militariste

Alain Berset a osé le mot : Frénésie guerrière. Après le tôlé suscité en Europe, le rétropédalage de notre président n’ôte rien à la pertinence du propos que partage une majorité silencieuse. Depuis le conflit russo-ukrainien, le monde entier est entré dans une spirale d’hystérie militariste. Tous  les pays ont augmenté leurs budgets militaires. Les industries d’armement débordent de commandes. Des pays neutres rejoignent l’Otan. Les Etats-Unis créent une nouvelle coalition militaire antichinoise  dans le Pacifique. L’Ukraine reçoit toujours plus d’armes et de munitions pour écraser la Russie. La neutralité suisse devient un crime. Cette fuite en avant belliciste est irresponsable et sans issue.

Embourbée dans les plaines du Donbass, l’armée russe n’est plus qu’un tigre de papier. Pourtant, les gouvernements occidentaux continuent à brandir  la menace expansionniste de la Russie vers l’Europe ! On perd la raison et on oublie  que c’est l’Otan qui est responsable depuis la chute du mur de Berlin en 1989 d’un expansionnisme effréné. L’Union soviétique avait pourtant retiré  pacifiquement toutes ses troupes des pays de l’Est. Cette main tendue a été ignorée et  les Etats-Unis ,opposés au rapprochement de la Russie et de l’Europe, ont installé sans tarder des bases de l’Otan  dans ces pays et dans les ex-républiques soviétiques à qui la Russie avait accordé  l’indépendance. Cela ne relève-t-il pas d’une politique expansionniste avec l’ultime provocation des bases de l’Otan en Ukraine ? Ce grignotage territorial est à l’origine de cette folie militariste qui va engloutir des milliers de milliards de francs. Ces sommes vertigineuses, destinées à la destruction et à la mort, contribueront à dégrader encore plus notre environnement et manqueront à un combat beaucoup plus essentiel : la préservation de notre bien commun, la TERRE.

Daniel Fortis

1231 Conches                                                                                          Genève, le 17 mars 2023

Projet de lettre à la procureure

Madame La Procureure,

Je suis un simple citoyen qui a été choqué par le dénouement de l’affaire dite de la plume. Connaissant personnellement la victime depuis 60 ans et son conjoint depuis leur rencontre, je suis, comme la plupart de mes amis, dans l’incompréhension la plus totale devant ce jugement en appel qui réduit à trois ans avec un sursis partiel la peine de l’auteur de ce féminicide d’une violence inouïe. Cette réduction de peine a été accordée sur la base du changement de version opportun d’un menteur patenté qui a égaré la justice pendant 5 ans. J’ai envoyé un courrier de lecteur à la TdG (voir pièce jointe) concluant qu’un recours au Tribunal Fédérale était justifié. L’article n’a pas été publié.

Je n’ai pas la prétention ni les compétences de contester une décision de justice. Je ne prétends pas non plus avoir la vérité malgré mes fortes convictions que l’acte sexuel consenti est un nouveau mensonge. Cependant, au nom de la vérité et de la dignité de la victime, je ne peux pas rester dans le silence.  A ce titre, je ne comprends pas le silence des associations de défense des femmes et plus particulièrement celle contre la violence conjugale. Cette décision de justice est une injure faite à toutes les femmes et devrait être dénoncée par toutes ces associations. Un recours au Tribunal Fédéral permettrait de rouvrir une enquête où la victime pourrait retrouver justice et dignité.

Je suis conscient que le Tribunal fédéral ne juge pas le fond  mais seulement la forme. Je pense toutefois  que celle-ci n’a pas été respectée. La nouvelle version de l’accusé ( sans relation avec la première version) aurait dû déclencher l’ouverture d’une nouvelle enquête impliquant l’audition d’autres experts spécialisés et d’autres témoins dont la fille de la victime présente sur les lieux. Ce jugement émis par des juges professionnels privilégie une soi-disant plausibilité des faits à la recherche de la vérité. C’est  une parodie de justice entachée de vices de formes.

Je ne sais pas si un recours au Tribunal Fédéral pourrait relancer une nouvelle enquête sur la base des nouveaux éléments. J’appelle cependant de mes vœux une recherche de la vérité qui puisse rendre justice à une femme martyrisée et bafouée.

Vous remerciant de l’intérêt que vous pourriez porter à ce courrier, je vous adresse mes respectueuses salutations.

Daniel Fortis

Une nouvelle affaire Jaccoud

Au lendemain de la journée de la femme, la cour criminelle a requalifié le féminicide de l’affaire de la plume en un féminicide par négligence. Quelle infamie pour la victime et quelle gifle pour toutes les femmes ! Avec une pirouette de dernière minute, l’accusé avait présenté quelques jours avant le procès en appel sa nouvelle version. Un acte  sexuel ayant entrainé la mort. Pendant cinq ans, il a  égaré la justice en prétendant que son épouse était morte d’un AVC. A la stupéfaction générale, les juges ont ramené la peine de 13 ans à 3 ans. Comment des juges ont-ils pu accréditer aussi facilement la nouvelle version d’un menteur patenté ? La conversion miraculeuse de l’accusé à ne plus vivre dans le mensonge après un discours du pape est une tartufferie. Les circonstances de l’acte, vulgairement appelé le truc, contredisent les déclarations des experts et le simple bon sens. Comment imaginer un étouffement pendant trois minutes pour amener sa compagne au « septième ciel » ? Cette nouvelle version aurait dû être soumise à un témoin essentiel. La fille de la victime qui avait été appelée par l’accusé juste après le décès de sa mère et avant l’arrivée des urgences. Son absence à la barre est incompréhensible et préjudiciable à la recherche de la vérité. En revanche, la parution à la barre de témoins de moralité proches de l’accusé n’a apporté que de la subjectivité et de l’anecdotique.

Avec des procédés dilatoires, les avocats de la défense ont triomphé et la justice a cédé.  Cette justice professionnalisée ne sait plus juger. Elle se protège derrière l’application de normes techniques rigides au détriment de la vérité qui devient une valeur secondaire. Elle donne aussi l’impression qu’elle accorde plus de poids à la parole d’un riche notable que celle d’un simple citoyen. L’ancienne justice avec un jury populaire n’aurait pas blanchi le hobereau soleurois. Dans l’affaire Jaccoud  qui a enflammé Genève en 1958, le notable a été condamné. Au nom de la vérité, un recours au Tribunal Fédéral est pleinement justifié.

Daniel Fortis

1231 Conches                                                                                                 Genève, le 10 mars 2023     

La philanthropie du luxe

La fondation Hans Wilsdorf a acquis un hôtel de 40 chambres pour la somme invraisemblable de 32,5 millions de francs ( TdG du 20 février 2023 ). Pour soigner son image du plus grand mécène de Genève, le propriétaire de Rolex a remis cet immeuble en droit de superficie à des institutions pour l’hébergement social. Parmi les personnes inscrites dans nos services sociaux, certaines seront sélectionnées et bénéficieront d’une chambre à 800.000.- frs. ! Nous sommes dans la démesure philanthropique.

Les millions de sinistrés du récent séisme de Turquie et de Syrie doivent halluciner. Ceux qui ont absolument tout perdu, qui sont dans une détresse indicible, sans aucun avenir, comment peuvent-ils imaginer nos largesses pour quelques assistés sociaux ? Avec une telle somme, combien de malheureux pourraient être sauvés, secourus, logés en urgence et réconfortés ? Nos « assistés » valent infiniment plus que les victimes de cet effroyable séisme. La banalisation des profits indécents des industries du luxe nous fait perdre la notion de la mesure et de l’essentiel.

Daniel Fortis

1231 Conches                                                                                             Genève, le 23 février 2023

Affaire de la plume, la retenue de la Tribune

Votre journal n’a pas cédé à la tentation de relater le rebondissement  sulfureux et malsain  de l’affaire  dite de «  la  plume » après les révélations tardives et stupéfiantes  du meurtrier. Celles-ci, inspirées par son aéropage d’avocats, évoquent des pratiques sexuelles dangereuses ! La  retenue  de la TdG n’a pas inspiré son confrère « Le Temps » qui a publié le 2 février, à la une, cette nouvelle version pathétique  du hobereau soleurois sur les circonstances du drame.  Cédant au sensationnalisme médiatique, « Le Temps » a plongé dans les miasmes de cette affaire qui réunit tous les ingrédients racoleurs : le notable pervers, le sexe et l’argent. Quant à la justice, sa délétère lenteur offre aux justiciables fortunés de nombreuses opportunités de louvoyer avec la vérité. Comment un journal respectable peut-il porter crédit à ce scénario invraisemblable avec des détails qui salissent la victime et sa famille ? La tribune de Genève ne  s’est pas compromise dans ce déballage sordide. Je salue son éthique journalistique.

Daniel Fortis

1231 Conches                                                                                            Genève , le 4 février 2023

Emirat genevois

Bravo pour l’excellent éditorial de votre journaliste Pascale Zimmermann sur la vision pharaonique du MAH (TdG du 23 décembre). Depuis le refus du projet Jean Nouvel en janvier 2016, six ans d’atermoiements, de déclarations creuses et de propositions insipides n’ont accouché que d’un accord sur un crédit d’étude de 20 millions de francs. Somme exorbitante pour des études préliminaires de faisabilité et de mise en concours. Ce retour à la case de départ implique aussi la perspective d’une pléthore de préavis contradictoires émanant de commissions, de spécialistes et d’experts. Les services de l’Etat et de la Ville vont aussi brandir une multitude de contraintes légales, sécuritaires et normatives pour justifier leurs incontournables avis. Dans cette « usine à gaz », les citoyens risquent de multiplier les oppositions stériles.

Les coûts et la stratégie de nos autorités ressemblent à ceux des émirats moyen-orientaux. La seule différence est que ceux-ci, libérés de toutes contraintes réglementaires, législatives ou financières concrétisent rapidement leurs caprices avec des stars de l’architecture. Ces dernières, habituées aux largesses de leurs richissimes clients, réalisent des projets d’une créativité forcenée soutenue par un discours architectural alambiqué. Les considérations  bassement financières et les dépassements de budget sont pour elles secondaires. La Genève calviniste n’est pas le Qatar. Il faut revenir à un projet raisonnable d’inspiration locale.

Quatre mois après la votation du refus, votre rédaction a publié, le 11 mai 2016 et le18 juin 2016, mon article appelant à une remobilisation autour d’un nouveau projet incluant la valorisation de la Butte. Le 27 novembre 2019, votre journal m’a invité à exposer une vision d’urbanisme intégrant le mail piétonnier de Rive jusqu’au lac. La valorisation de la Butte (qui peut se faire en préservant en pleine terre une partie de l’arborisation) est une des clefs essentielles de ce nouvel axe urbain. Dans le cadre du concours d’architecture, les sensibilités et les spécificités genevoises doivent être intégrées. Elles seront mieux perçues par des architectes locaux et mieux acceptées par la population. Un projet ambitieux sans mégalomanie peut fédérer les Genevois et nous  éviter une nouvelle déconvenue.

Daniel Fortis

Architecte-ingénieur EPFZ-SIA 

Conches                                                                            Genève, le 26 décembre 2022