L’auteure de la lettre du jour du 20 décembre nous rappelle avec raison les liens qui lient la terre de Judée avec le peuple juif. Le monde entier le reconnait. Cependant cette reconnaissance n’empêche pas de refuser la décision de Trump d’entériner l’appropriation exclusive de Jérusalem par Israël. Les réactions indignées dans le monde inspirent chez l’auteure le préambule suivant « on dirait que le monde entier a des droits sur Jérusalem –sauf les juifs. Cette vision erronée relève d’une posture victimaire. Les Juifs ont des droits mais ceux-ci ne sont pas exclusifs. Le statut de Jérusalem , voté avec sagesse par l’ONU en 1948, définissait une ville internationalisée et démilitarisée avec une gouvernance indépendante pour tenir compte de l’extraordinaire foisonnement culturel et religieux de cette ville. Depuis 7000 ans, diverses civilisations ont façonné cette région appelée le Croissant fertile. Les Hébreux et avant eux les Sumériens, les Assyriens, les Perses, les Hittites, les Egyptiens sont à l’origine des plus grandes avancées de notre civilisation (sédentarisation, villes , agriculture , élevage, écriture, astronomie). L’empreinte laissée par les Hébreux est indéniable. Mais leur présence pendant 1000 ne représente qu’un épisode dans l’Histoire. Celle-ci est une succession d’épisodes marqués par des guerres et des exodes provoqués par des catastrophes naturelles , des famines, des épidémies ou des changement climatiques. Au gré de ces aléas, les hommes sont dépositaires temporairement d’un territoire .Ils ne peuvent pas prétendre figer à jamais un lien exclusif sur la base d’un épisode historique. Ceux qui refusent de reconnaître l’Histoire dans sa globalité se racontent des histoires qui finissent par faire des histoires.
Daniel Fortis
1231 Conches Genève, le 21 décembre 2017