Archives mensuelles : novembre 2023

Que faisons-nous pour empêcher la disparition de la Palestine?

Après le pogrom commis par le Hamas, la vengeance compréhensible d’Israël défie cependant toute proportionnalité. Son  but, l’éradication totale du Hamas, est non seulement illusoire mais sert de justification à la totale destruction du nord de Gaza et à l’exode de ses habitants. Cette punition collective conduit à  un nettoyage ethnique. Dans le Sud de Gaza, territoire plus petit que le canton de Genève, plus de deux millions de Palestiniens affamés, sans eau, sans électricité, sans toit  ne peuvent pas survivre. Ils seront eux aussi inévitablement contraints à l’exode.  

En Cisjordanie, l’épuration ethnique est planifiée. Après le mitage et le démembrement du pays, le gouvernement israélien accélère sa politique expansionniste. Alors que tous les regards sont tournés vers Gaza, l’armée israélienne livre des armes aux colons. Ceux-ci, sous le prétexte de se défendre, harcèlent et menacent  la population palestinienne et procèdent à des incursions meurtrières. Depuis le 7 octobre, ils ont «  neutralisé » plus de deux cent prétendus terroristes qui habitaient  près de leurs colonies. Quant à l’armée d’occupation, elle ferme les yeux et continue à éliminer par les armes toute résistance. La population palestinienne subit une telle oppression et de telles conditions humiliantes de vie  qu’elle finira par quitter ses terres.

Devant la menace de l’anéantissement de la Palestine, les pays européens sont silencieux et continuent de prôner hypocritement l’utopie d’un état palestinien. Quant aux Etats-Unis, ils protègent indéfectiblement Israël et sa politique expansionniste avec  leurs porte-avions et leurs sous-marins en Méditerranée. Ils se rendront complice de l’avènement du Grand Israël. Cependant, une question pourrait bientôt tous nous hanter «  Qu’avons-nous fait pour empêcher la disparition de la Palestine ?

Daniel Fortis

1231 Conches                                                                                            Genève, le 21 novembre 2023

Terre sainte

Sur notre planète, il y a un minuscule territoire appelé Terre Sainte qui est le théâtre des errements les plus sombres de notre humanité. Guerre, massacre, pogrom, terrorisme, expulsions, spoliation, répression, humiliation. Un territoire dévasté, fragmenté, défiguré par un mur .Un territoire sous contrôle policier omniprésent où règnent la peur, la haine et la violence. C’est pourtant le sanctuaire des religions juive, chrétienne et islamique qui vénèrent le même dieu tout-puissant, bon et miséricordieux. Si Dieu existe, comment peut-il rester spectateur de ce déchainement de haine provoqué par des responsables religieux sensés le représenter? Ceux-ci dévoient son message de paix et instrumentalisent des textes écrits il y a des millénaires pour revendiquer cette terre. Ils transforment la Terre sainte en une terre maudite. Les religions monothéistes sont une catastrophe pour l’humanité. L’invention de la notion primaire du Bien et du Mal est à l’origine d’une multitude de guerres religieuses. Dans l’abominable conflit actuel, les autorités religieuses sont dramatiquement silencieuses. A-t-on vu une mobilisation de rabbins ou d’imams pour faire cesser ce massacre ? Le pape, quant à lui, est spectateur de cette tragédie. Ses rares déclarations lénifiantes sont  à l’image de celles des dirigeants occidentaux qui perdent  toujours plus de leur crédibilité aux yeux du  monde. Par compromission, par lâcheté,  par intérêt, ils ont depuis des décennies fermé les yeux sur toutes les violations commises par les deux parties et hésitent maintenant à appeler à l’arrêt immédiat de cette dévastation et de cette insoutenable tuerie. Habituées à donner des leçons aux autres pays, nos démocraties refusent de voir que le modèle occidental n’est plus la référence. Quant aux religions responsables de cet embrasement, leur silence et leur démission démontrent la faillite de leur mission sur cette terre.

Daniel Fortis

1231 Conches                                                                               Genève, le 1er novembre 2023    

On ne peut pas bâtir son bonheur sur le malheur des autres

Sous le titre «  On ne fait pas son bonheur sur le malheur des autres «  votre journal a publié une interview de Metin Arditi ( TdG du 20.10.23 ) . Cette personnalité de confession juive nous a donné une leçon de lucidité et d’ouverture exceptionnelle. Tout en restant solidaire de ses coreligionnaires, il ne cède pas face à la rage et à la spirale infernale et sans issue de la vengeance sans limite. Il appelle à une introspection et à une analyse sur les causes de ce déchainement de haine et d’atrocités du 7 octobre 2023. Cette démarche  a suscité un tollé parmi une majorité des courriers des lecteurs publiés ces derniers jours. Sensibilisés par des images d’une extrême violence fournies exclusivement par les autorités israéliennes, les auteurs de ces articles n’appellent qu’à une destruction du Hamas qui implique de facto la destruction de Gaza et un nombre incalculables de morts civils. Monsieur Arditi préfère une prospective de paix en mettant à plat et objectivement une situation de guerre qui dure depuis 75 ans. Il fait honneur à sa communauté en considérant tous les aspects de cet engrenage dans lequel sont inclus l’injustice, l’humiliation et l’oppression faites aux Palestiniens. Au risque d’être cloué au pilori par les siens, il  refuse l’instrumentalisation des textes bibliques et préconise une recherche de la paix à travers le dialogue et la cohabitation équilibrée de deux Etats souverains.

Daniel Fortis                                                                                          Genève, le 25 octobre 2023

La guerre des images

La lettre du jour de votre dernier courrier des lecteurs (TdG 27.10.23) est une interminable litanie des pires exactions attribuées au Hamas le 7 octobre. Les descriptions abominables avec des détails sordides déclenchent un choc émotionnel qui court-circuite toute réflexion et toute analyse. Sans remettre en cause la réalité du pogrom commis par le Hamas, ces crimes suscitent néanmoins des interrogations. L’auteur de la lettre a-t-il , lui-même, visionné les vidéos ou rapporte-t-il des commentaires de source essentiellement israélienne ?  Pourquoi des journalistes indépendants ont-ils  été empêchés de se rendre librement sur les lieux des massacres ?  La guerre des images et des témoignages  polluent nos écrans dans le but de gagner la guerre des opinions publiques. Le Hamas, lui aussi, utilise des images atroces d’un prétendu bombardement sur un hôpital pour déclencher des manifestations dans le monde entier. Il ne faut pas tomber dans les erreurs et les dissimulations post-11 septembre de l’administration américaine. Celle-ci  a entrainé le monde entier dans une guerre antiterroriste avec des mensonges et des slogans primaires tels que « Ceux qui ne sont pas avec nous sont contre nous ». Dans le conflit actuel, les faucons israéliens déclarent » si vous n’êtes pas avec nous, vous êtes un antisémite ». Le Hamas, quant à lui,  déclare «  Si vous n’êtes pas avec nous, vous êtes complices d’un génocide ». Il faut résister à ce piège binaire et prendre des distances avec les articles et les images intentionnellement insupportables qui servent à radicaliser et à manipuler. L’outrance de cette guerre de l’image est un poison qui ancre les esprits dans la haine de l’Autre et rend impossible toutes perspectives d’apaisement.

Daniel Fortis

1231 Conches                                                                                            Genève, le 29 octobre 2023