Après une guerre fratricide qui a fait 2 millions de victimes, la Corée a été artificiellement coupée en deux en 1953. Pendant 65 ans, l’état de guerre et la haine a ravagé la péninsule. Les derniers Jeux Olympiques ont fissuré cet enfermement idéologique et belliqueux . En s’affranchissant de la rhétorique guerrière de Trump, le président sud-coréen , Moon Jae-in , a proposé un dialogue à son homologue nord-coréen, Kim Jung-un. La rencontre du 27 avril a donné lieu à une image incroyable et réjouissante de leur embrassade. Celle-ci aurait dû être plus largement publiée pour faire comprendre aux donneurs de leçons occidentaux que la recherche de la paix passe nécessairement par le dialogue avec son ennemi. Les Etats-Unis et Israël ne l’ont pas compris. Pourtant, en 1993 , la courageuse poignée de main de deux anciens farouches ennemis, Rabin et Arafat, avait soulevé un formidable espoir. Leurs assassinats l’ont détruit et le conflit israélo-palestinien continue depuis 70 ans à nourrir la haine dans le monde. Aujourd’hui , l’espoir d’un apaisement avec l’Iran s’éloigne avec la rupture de l’accord nucléaire par les faucons américains, saoudiens et israéliens. Ils nous démontrent que la recherche de la paix n’est pas leur priorité. Face à ce bellicisme irresponsable, les deux dirigeants coréens donnent à nos « grandes démocraties » une formidable leçon. Ils nous prouvent que l’Homme , lorsqu’il s’affranchi des discours primaires et belliqueux, est capable de s’élever et de transcender les conflits.
Daniel Fortis
1231 Conches Genève, le 30 avril 2018