La leçon de transparence de l’Iran

Trois jours après le crash d’un avion civil, les dirigeants iraniens ont reconnu leur pleine responsabilité. Le président  Hassan Rohani a avoué un désastre et une erreur impardonnable. Il a présenté ses excuses à la nation et ses condoléances aux familles. De  cette bavure directement liée à la déclaration de guerre des Etats-Unis  ,les médias ne retiennent que « le mensonge » du gouvernement iranien  pendant trois jours . Cependant, n’importe quel gouvernement aurait figé l’information pendant quelques jours pour avoir le temps de procéder à une enquête interne, remonter les faits dans les différentes  hiérarchies et  préparer le communiqué final. La volonté de dissimulation  est absurde. L’Iran a rapidement accepté une enquête internationale alors qu’il aurait pu, comme d’autres pays, sécuriser les lieux du crash et procéder à une enquête verrouillée par le secret défense. A ce titre, le crash de la caravelle  Ajaccio-Nice , le 11 septembre 1968, est édifiant. Malgré  les innombrables preuves de la bavure de l’armée française lors d’un exercice de tir , les autorités françaises maintiennent encore aujourd’hui que la cause du crash est un mégot dans les toilettes de l’avion !! Trois jours d’errance de la communication iranienne ne sont rien en comparaison des cinquante années de mensonges et de dissimulations de preuves  des différents gouvernements français . Sans le moindre mea culpa . Le régime iranien, quant à lui, nous donne une leçon de transparence et de responsabilité. L’Iran et son peuple instruit, cultivé et chaleureux méritent mieux que la caricature faite dans la plupart de nos médias.

 

Daniel Fortis

1231 Conches                                                                                       Genève, le 13  janvier  2020

Les voeux 2020 pour la planète

Comme un enfant hystérisé par le jeu Fortnite, Donald Trump a abattu un « méchant « avec un drone. Le général iranien Qassem Soleimani  a été froidement éliminé . Sa bravoure lors de la guerre contre l’Irak en 1980 lui avait valu le statut de héros national. Avec son assassinat, synonyme de déclaration de guerre, Trump provoque l’embrasement de la région. Cette cynique et humiliante provocation servira de terreau au terrorisme et donnera  raison à tous ceux qui qualifient  les Etats-Unis de Grand Satan. L’avènement d’un monde où les plus forts peuvent abattre d’un click de souris n’importe quel adversaire est une effrayante régression de notre civilisation. L’incompréhensible silence des démocraties européennes démontre  leur allégeance au plus fort. Leur recommandation de retenue  est une insulte au peuple iranien. Celui-ci a réélu un président modéré, Hassan Rohani , pour signer le traité de paix du 14 juillet 2015. Avec la forfaiture de Trump, les Iraniens se sont sentis trahis, lâchés, étranglés économiquement et , aujourd’hui, humiliés. La présidence de Trump rejoint les périodes les plus sombres de la courte histoire des Etats-Unis comme le massacre des Amérindiens, l’esclavagisme, le racisme, la compulsion à l’argent et la violence . A l’aube de l’année 2020, notre planète ( mis à part quelques pays inféodés) espère que le peuple américain élira son président avec sa conscience plutôt qu’avec son porte-monnaie. Il doit mettre dans la balance les pseudo-bons et aléatoires indices économiques américains et le bilan effroyable de la présidence de Trump pour l’humanité et pour la planète . Le peuple américain est capable de ce sursaut pour retrouver son honneur.

 

Daniel Fortis

1231 Conches                                                                            Genève, le 5 janvier 2020

COP 25, un désastre collectif

Après d’interminables discussions, la conférence sur le climat a accouché d’un accord minimaliste, sans engagement et désespérant. Alors que tous les scientifiques ont révisé leurs calculs en observant l’accélération dramatique du processus de réchauffement climatique, les pays les plus pollueurs et les plus grands fournisseurs de pétrole ont fait obstruction à toute résolution commune. Obsédés par leur croissance économique , les Etats-Unis, l’Inde, la Chine, le Brésil, l’Arabie saoudite et l’Australie portent la responsabilité de ce désastre.  Ils considèrent naïvement que leur prospérité économique permettra de trouver rapidement des solutions techniques au réchauffement . Les médias, aussi, n’ont pas été  à la hauteur des enjeux dans la couverture de la conférence. Ils ont préféré  nous parler de sujets plus porteurs tels que les exo planètes, les accélérateurs de particules et les start-up pour éviter de nous parler de notre impuissance à enrayer l’emballement climatique. Sur le Titanic , on jouait aussi de la musique pendant le naufrage…. Les chefs d’Etat des pays pourtant soucieux du climat sont aussi responsables. Ils ont boudé la COP25 et ont  préféré la réunion de l’Otan et les fastes du palais de Buckingham. Derrière leurs sourires hypocrites , ils se sont ridiculisés dans des invectives au sujet d’une organisation qui est un «  gouffre à milliards » , sans objectif, incohérente, inutile et au profit des seuls marchands d’armes. Pendant la conférence sur le climat , un autre événement a révélé le cynisme du monde de la finance . Les boursicoteurs  n’ont pas hésité à investir la somme faramineuse de 1700 milliards de  francs dans la compagnie pétrolière saoudienne Aramco. Leur cupidité distillera un poison pour  la planète. Comment osent-ils s’approprier l’avenir de nos enfants ?

 

Daniel Fortis

1231  Conches                                                                                        Genève,  le 17 décembre 2019

La vérité n’est plus un pilier moral

Donald Trump est l’auteur d’environ dix affirmations fausses par jour sans que les citoyens américains ne s’en offusquent. La vérité ne fait plus recette et les mensonges, s’ils  rejoignent les clichés populaires, sont très profitables. Les victoires électorales de Donald Trump,  Jair Bolsonaro et Boris Johnson le démontrent. Le mensonge prospère pour plusieurs raisons . LA BANALISATION. Sa grande utilisation le rend banal et bénin. L’IMPUNITE. Les mensonges finissent  par être considérés comme des pseudo-conneries . Non seulement ils ne sont pas sanctionnés mais leur revendication passe pour du courage. LE CONFORTEMENT.  Un bon mensonge est préférable à une vérité nuancée . Il a le mérite de conforter les dogmatiques. UNE BONNE RENTABILITE. Le mensonge fait la une des journaux tandis que le rétablissement de la vérité fait l’objet d’un entrefilet. LA POST- VERITE.  Le sentiment que «  cela aurait pu être vrai «constitue une post-vérité potentiellement prémonitoire qui relativise le mensonge. TOUS DES MENTEURS. Cette sentence populaire due à la pléthore de  vidéos et de reportages tendancieux et contradictoires nuit à la recherche de la vérité. LE COMPLOTISME . Dans les affaires d’Etat, les informations sont formatées, certifiées par de soi-disant « experts » , confortées  par des micro-trottoirs  et validées par les services spéciaux . Elles deviennent incontestables sous peine d’être accusé de complotisme. Pourtant  Napoléon disait « L’histoire est faite de mensonges sur lesquels tout le monde est d’accord ». CONCLUSION. La vérité est une valeur surannée. Elle n’est plus un pilier moral.  Elle s’adapte aux circonstances quitte à devenir mensongère. Si sa version « officielle » obtient suffisamment de « like » sur les réseaux sociaux, elle deviendra  Vérité .

 

Daniel Fortis

1231 Conches                                                                             Genève,  le 3 décembre 2019

 

La forteresse iranienne

Au Moyen-Age, la famine était utilisée comme arme de guerre. Les forteresses , à défaut d’être conquises par les armes, était coupées du monde et affamées. La population, en proie à une détresse extrême et aux  épidémies , finissait souvent par se révolter pour négocier une reddition.  Aujourd’hui, rien n’a changé. Les Etats-Unis avec la complicité de la finance internationale , imposent un embargo qui étrangle la population iranienne. Après deux ans de privations, de restrictions  et d’espoir déçus, une frange de celle-ci a manifesté violemment. Le gouvernement a réprimé avec la même violence et a fermé des réseaux sociaux infiltrés par  les services américains. Le scénario cynique de Trump commence à se réaliser. Cependant, il n’arrivera pas à son terme car il est le fruit d’une ignoble forfaiture. En 2013 et en 2017, le peuple iranien a élu ROHANI pour mener des réformes sociétales et négocier une ouverture sur le monde avec  l’arrêt du nucléaire. Le 14 juillet 2015, le monde entier (sauf Israël et l’Arabie Saoudite) saluait la signature d’un traité de paix avec l’Iran porteur d’un immense espoir. Trois ans après, alors que l’Iran respectait scrupuleusement ses engagements, les Etats-Unis de Trump renient unilatéralement leurs engagements , déchirent le traité de paix et font un ignoble chantage aux  entreprises européennes. Celles-ci, tétanisées par les menaces de Trump, se soumettent . Les Iraniens, quant à eux, ne céderont pas à la fourberie des Etats-Unis dont l’histoire de 300 ans n’est faite que de violences, de spoliations, d’esclavagisme, de racisme et de compulsion à l’argent . Ils résisteront avec la fierté d’appartenir à une belle et riche civilisation vieille de 7000 ans.

 

Daniel Fortis

1231 Conches                                                                                        Genève, le 4 décembre 2019

Ne pas s’arrêter en si bon chemin

Lors de sa séance du 13 novembre 2019, le Conseil municipal de la  Ville de Genève a accepté la piétonisation  du quartier de Rive et la construction d’un parking souterrain. Si le parking a suscité des débats enflammés , une belle unanimité du Conseil municipal s’est faite pour faire revivre un quartier stratégique mais longtemps négligé et utilisé sans aucune idée directrice. Le mail piétonnier avec une riche arborisation deviendra une des plus belles perspectives de la Ville. On peut aussi rêver de la construction d’un marché couvert permanent sur le parking projeté pour animer commercialement la vie du quartier et remplacer le marché bihebdomadaire du boulevard Helvétique. Cette nouvelle zone piétonne est de nature à exacerber l’imagination et la créativité des urbanistes et des citoyens. Cependant, un élément  est un obstacle à une réflexion urbanistique plus élargie. A l’une des extrémités de ce mail, le jardin Anglais et le jet d’Eau sont spectaculaires . Par contre, à  l’autre extrémité , le mail s’interrompt brutalement sur le mur austère et rébarbatif du Bastion de l’Observatoire . Il constitue un verrou qui empêche toute communication avec la Haute- Ville et sa riche histoire intra muros . Alors pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Pourquoi ne pas rêver d’un circuit touristique qui irait au-delà de l’incontournable horloge fleurie et du jet d’eau ? La zone piétonne de Rive pourrait inciter les touristes à prolonger leur visite pour autant qu’une ouverture dans le mur du bastion soit réalisée pour  accéder aisément à la promenade de la Butte de l’Observatoire . Elle deviendrait une  belle invitation à un circuit  culturel  au cœur de l’Histoire de Genève. Le musée d’Art et d’Histoire, la promenade St Antoine, la traversée du collège Calvin, une halte au Bourg de Four avant la cathédrale St-Pierre et les tous les hauts-lieux qui ont fait Genève. Ce séduisant circuit  n’est réalisable que si l’on crée une belle ouverture et un passage aisé et attractif  entre le mail piétonnier de Rive et le musée d’Art et d’Histoire. L’ exceptionnelle situation de celui-ci mérite une meilleure visibilité  et une meilleure accessibilité. Le très attendu prochain concours d’architecture pour sa rénovation devrait tenir compte de la valorisation de la Butte de L’Observatoire.  Au début du XX siècle, l‘ architecte du musée , Marc Camoletti, conscient de ce remarquable potentiel ,avait déjà imaginé une  liaison somptueuse en  jardin- terrasse par  paliers pour relier la Basse-Ville et la Haute-Ville.  Sommes-nous encore aujourd’hui capables d’un tel esprit visionnaire ? Par leur vote unanime pour une zone piétonne , nos élus ont compris l’enjeu et ont fait les premiers pas. Qu’ils ne s’arrêtent pas en si bon chemin !

 

Daniel Fortis

1231 Conches                                                                                       Genève, le 20 novembre 2019

 

La fable de Trump

La pitoyable fable de la mort d’Al-Baghdadi fait la une de tous les journaux. Inventée et mise en scène par un président aux abois, elle ressemble à une mauvaise série américaine avec un héros sauveur de l’humanité ( le président des Etats-Unis  Donald Trump) et un monstre couard ( le calife Al-Baghdadi )  qui pleurniche avant de se donner la mort. Qui peut croire à cette « énième «  version abracadabrantesque de la mort du chef de l’Etat Islamique (qui est le plagiat de la mort de Ben Laden) ? Mis à part les doutes des médias russes, toute la presse occidentale relaie sans réserve cette fable destinée à l’électorat primaire de Trump.  Cet alignement et cette crédulité sont inquiétants. Comment expliquer qu’un individu parfaitement connu des services américains (emprisonné pendant dix mois dans les geôles américaines en Irak ) puisse disparaître pendant huit ans de tous les « radars « ( géolocalisation, reconnaissance faciale, NSA, services secrets, drone, satellite )  alors que toute la planète est à ces trousses ! Incroyable. N’importe quel personne  est aujourd’hui  filmée, localisée , identifiée en quelques minutes dans les quatre coins du monde. Dans ce scénario débile , il fallait aussi trouver  le traître pour expliquer la localisation providentielle du monstre. En s’inspirant des recettes racoleuses des séries américaines,  Trump a choisi la propre femme d’Al-Baghdadi dans le rôle de la traitresse. Une histoire « à dormir debout «  qui pourtant abuse la plupart de nos médias. Quand retrouverons-nous un vrai journalisme d’investigation  pour dénoncer cette pantalonnade ?

 

Daniel Fortis

1231 Conches                                                                                                 Genève,    le 28 octobre 2019

 

Impressions du Liban

De retour d’un Liban traversé par une vague contestataire, j’ai été surpris par la maturité civique des Libanais lors des manifestations. Très peu de violence, aucun propos haineux, respect de la police et solidarité interconfessionnelle autour du drapeau national .Ce pays est le berceau de la civilisation, le dépositaire de toutes les cultures ,le porteur de l’esprit d’ouverture et d’échanges et une terre de refuge. Il fait la fierté des Libanais. Cependant , il représente ,à lui tout seul , les problèmes, les tragédies et , aussi ,tous les espoirs du Moyen-Orient. Les Libanais dénoncent aujourd’hui les errements et la corruption de leurs  dirigeants. Ceux –ci ont privilégié de luxueuses  réalisations au détriment de l’éducation, la santé , les transports et les services publiques. Ils ont négligé les problèmes environnementaux liés à la  pollution de l’eau, à l’empreinte carbone et aux déchets omniprésents.  La riche diaspora a privilégié les investissements dans la spéculation et le luxe.  La vie excessivement chère de la capitale est révoltante face au dénuement des deux millions de réfugiés palestiniens et syriens. Les régions à majorité musulmane qui en portent le fardeau sont délaissées. Le Liban possède dans sa diversité géographique et climatique  les atouts  pour relever ces défis. Ce beau  pays doit assurer son avenir et sa cohésion en défendant le multi confessionnalisme et la tolérance et en résistant aux affairistes et aux extrémistes .Les attentes légitimes des Libanais doivent être entendues . Leur solidarité et leur ferveur pour leur pays est un exemple pour nos démocraties.

 

Daniel Fortis

1231 Conches                                                                                               Genève,  le 25 octobre 2019

 

Israël, le temps du dégagisme

Pour tenter de se soustraire à ses inculpations judiciaires, Netanyahu s’accroche au pouvoir. Pour obtenir le soutien des nationalistes et des ultra-religieux, il a promis d’annexer la vallée du Jourdain s’il était élu. La communauté internationale , tétanisée par la crainte d’être accusée d’antisionisme ,n’a  émis que de timides réprobations à l’égard de ce projet annexionniste bafouant les droits les plus élémentaires.

Elle fait du « deux poids, deux mesures » quand elle sanctionne lourdement  la Russie pour  l’annexion de la Crimée  ( pourtant plébiscitée par ses habitants et légitimée par l’histoire) et ferme les yeux, d’autre part, sur le mitage et l’annexion par la force de territoire palestiniens. Quant à la légitimité historique évoquée par les ultra-religieux, elle ne relève que de l’instrumentalisation  de textes bibliques inventés par des scribes il y a 2500 ans.

L’arrogance de Trump qui propose d’acheter  le Groenland  est moins grande que celle  du candidat du Likoud qui prévoit simplement d’annexer la Cisjordanie. Cela coûte moins cher et surtout cela permet de maîtriser totalement l’hydrologie de la région. Les Palestiniens seraient contraints à mendier quelques mètres cube d’eau pour survivre avant d’assister à l’agonie de leur pays au profit du Grand Israël. Notre silence nous rendrait  complices de cette forfaiture. Si l’Etat d’Israël veut préserver sa respectabilité, il  doit «  dégager » Netanyahu et retrouver le chemin du dialogue et de la paix.

 

Daniel Fortis

1231 Conches                                                                                        Genève, le 17 septembre 2019

Une mesure onéreuse et polluante

A l’heure où l’on traque toutes les pratiques énergivores, les automobilistes sont obligés de rouler tout phare allumé en plein jour. Des études dans les pays scandinaves ( aux conditions hivernales et météorologiques particulières) auraient démontré une meilleure sécurisation de la circulation avec cette mesure. Justifiée dans ces pays , elle est abusive chez nous où le simple bon sens nous conduit à allumer nos phares lors de pluie ,de brouillard ou de pénombre. Alors que Genève a instauré une nuit sans éclairage publique pour réduire notre impact lumineux et environnemental , des technocrates soit-disant « éclairés » établissent des règles paradoxales qui impactent notre porte-monnaie et  augmentent la pollution . En effet, 2,4 % de notre plein d’essence est consacré à la production de l’électricité nécessaire aux phares. Cet éclairage diurne nous coûte près de 2 francs à chaque plein et est responsable d’émission supplémentaire de CO2 pour une illusoire augmentation de la sécurité. Nos dirigeants ne doivent pas accepter n’importe quelle mesure pour se mettre à l’abri de toute responsabilité. Il est essentiel que  le bon sens s’impose et que les enjeux environnementaux soient prioritaires.

 

Daniel Fortis

1231 Conches                                                                                                     Genève, le 3 octobre 2019