Archives de catégorie : geneve

Emirat genevois

Bravo pour l’excellent éditorial de votre journaliste Pascale Zimmermann sur la vision pharaonique du MAH (TdG du 23 décembre). Depuis le refus du projet Jean Nouvel en janvier 2016, six ans d’atermoiements, de déclarations creuses et de propositions insipides n’ont accouché que d’un accord sur un crédit d’étude de 20 millions de francs. Somme exorbitante pour des études préliminaires de faisabilité et de mise en concours. Ce retour à la case de départ implique aussi la perspective d’une pléthore de préavis contradictoires émanant de commissions, de spécialistes et d’experts. Les services de l’Etat et de la Ville vont aussi brandir une multitude de contraintes légales, sécuritaires et normatives pour justifier leurs incontournables avis. Dans cette « usine à gaz », les citoyens risquent de multiplier les oppositions stériles.

Les coûts et la stratégie de nos autorités ressemblent à ceux des émirats moyen-orientaux. La seule différence est que ceux-ci, libérés de toutes contraintes réglementaires, législatives ou financières concrétisent rapidement leurs caprices avec des stars de l’architecture. Ces dernières, habituées aux largesses de leurs richissimes clients, réalisent des projets d’une créativité forcenée soutenue par un discours architectural alambiqué. Les considérations  bassement financières et les dépassements de budget sont pour elles secondaires. La Genève calviniste n’est pas le Qatar. Il faut revenir à un projet raisonnable d’inspiration locale.

Quatre mois après la votation du refus, votre rédaction a publié, le 11 mai 2016 et le18 juin 2016, mon article appelant à une remobilisation autour d’un nouveau projet incluant la valorisation de la Butte. Le 27 novembre 2019, votre journal m’a invité à exposer une vision d’urbanisme intégrant le mail piétonnier de Rive jusqu’au lac. La valorisation de la Butte (qui peut se faire en préservant en pleine terre une partie de l’arborisation) est une des clefs essentielles de ce nouvel axe urbain. Dans le cadre du concours d’architecture, les sensibilités et les spécificités genevoises doivent être intégrées. Elles seront mieux perçues par des architectes locaux et mieux acceptées par la population. Un projet ambitieux sans mégalomanie peut fédérer les Genevois et nous  éviter une nouvelle déconvenue.

Daniel Fortis

Architecte-ingénieur EPFZ-SIA 

Conches                                                                            Genève, le 26 décembre 2022

Ben Salmane ou Hani Ramadan

Alors que le prince héritier saoudien Ben Salmane, responsable de l’assassinat et du découpage du corps d’un journaliste, est reçu avec tous les honneurs à l’Elysée par le président Macron, le ministre français de l’Intérieur Gérald Darmanin interdit à Hani Ramadan (le frère de Tariq) l’entrée du territoire français. Quel est son crime ? Avoir défendu la cause palestinienne et avoir dénoncé l’expansionnisme sioniste. Accusé d’antisionisme, il est traité d’antisémite dans un amalgame scandaleux. Mais son crime ne s’arrête pas là. Sa dénonciation de l’alignement des médias et des gouvernements derrière la doxa sioniste lui vaut l’étiquette infamante de conspirationniste. Pourtant les sanctions iniques à son égard lui donnent raison. En France, les droits de l’homme sont à géométrie variable. Entre le respect du droit à la liberté d’expression d’un intellectuel et la compromission avec un dictateur voyou et assassin, le gouvernement français a choisi. Le pétrole.

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Daniel Fortis
Genève, le 29 juillet 2022

L’éthique du Temps en question

Au terme d’une enquête externe, Darius Rochebin a été totalement blanchi des accusations de harcèlement dans le cadre de l’affaire de la RTS.  A l’origine de celles-ci,  un article virulent de votre journal contre ce journaliste . Quatre pleines pages de lynchage. Votre journal , pourtant renommé pour la qualité de ses analyses, avait cédé au sensationnalisme  avec un violent réquisitoire sur la base de témoignages anonymes et revanchards. La doxa féministe et certains de vos gazetiers avaient jeté l’opprobre sur ce talentueux journaliste et brisé sa carrière.

Les conclusions  de l’enquête ont amené logiquement la Tribune de Genève  à titrer en première page « RTS : L’enquête blanchit Darius Rochebin » . Il eut été normal que votre journal ,  responsable de cette dérive journalistique, fasse ad minima une annonce équivalente. On aurait pu même s’attendre à un mea culpa.  Non seulement votre journal ne l’a pas fait mais il ose renchérir avec un titre d’une extrême fourberie « Harcèlement : La RTS fait un mea culpa ». L’insinuation pernicieuse amalgamant une entreprise et une personne discrédite votre journal . C’est une tentative de camoufler votre errance et votre partialité dans ce dossier.

Les écoles de journalistes devraient se saisir de ce cas pour démontrer le pouvoir de la manipulation des lecteurs à travers des titres tendancieux. Un journal ne peut pas salir impunément l’honneur d’une personne et louvoyer pour échapper à ses responsabilités.

Daniel Fortis                                                                                   Le 20 avril 2021

Conoravirus, le port du masque en question

Dans ces temps de grand désarroi face à la pandémie du coronavirus, le bon sens et la simple observation de l’expérience des autres pourraient nous inspirer. L’évolution favorable de la pandémie en Chine et en Corée du Sud nous donne un espoir de contenir le virus. Deux points communs lient ces deux pays dans leur réactivité. Un confinement rigoureux et une utilisation généralisée des masques dans la sphère publique. Concernant cette dernière mesure, nos autorités sanitaires ont manifesté peu d’intérêt à cette protection arguant d’une efficacité relative. Pourtant celle-ci a plusieurs impacts : se protéger , protéger les autres ,éviter de mettre en contact nos mains avec nos muqueuses et inciter nos interlocuteurs à se tenir à distance. Tous ces effets concourent à réduire la contamination , même si la protection n’est pas optimale. Cet évident bon sens n’a pas été retenu face à la pénurie de masques. Notre dépendance et notre imprévoyance ne doivent pas être des raisons pour renoncer à une protection qui a fait ses preuves en Chine et en Corée du Sud . Notre culture expansive et communicative ne nous prédispose pas à porter ce moyen d’isolement. Nous devons cependant nous adapter . A la place d’un sourire et d’une poignée de main, notre rapport à l’Autre peut se faire avec une main sur le cœur pour exprimer la paix, le respect et la solidarité dans l’épreuve.

Daniel Fortis

1231 Conches                                                                                    Genève, le 15 mars 2020

Féminisation forcenée de nos rues

Depuis les années soixante, les femmes se sont battues pour  s’affranchir de la prédominance masculine. Leur juste et légitime combat leur a  permis d’obtenir des droits élémentaires et essentiels.  Aujourd’hui , sous l’effet « Me Too », le mouvement féministe se radicalise et dérive vers une obsession de la parité et une frénésie revendicatrice. Après l’écriture inclusive et la féminisation de la signalétique, la Ville de Genève débaptise seize rues au titre de l’égalité entre hommes et femmes. Cette mesure prise sans concertation est autocratique . Rien ne s’oppose à ce que les  nouvelles rues  puissent être prioritairement attribuées à des personnalités féminines. Alors , pourquoi procéder à des débaptisations qui trahissent la mémoire collective ? Cette  féminisation à marche forcée provoque  un clivage primaire et puéril entre les genres sans pour autant améliorer la condition féminine .  Une évolution est positive que si elle est comprise, acceptée et assimilée dans les esprits. L’impatience et le dogmatisme des revendications féministes heurtent les mentalités et sont contre-productifs. Dans notre pays, les dernières élections ont consacré dans les urnes un nombre plus grand de femmes. Porteuses d’une vision du monde plus humaniste et plus respectueuse de la nature, elles n’ont pas eu besoin de s’imposer par la débaptisation et la féminisation de nos rues.

Daniel Fortis

1231 Conches                                                            Genève , le 24 février 2020

Savoir raison garder

La presse locale nous a révélé un projet d’attentat sur le site pétrolier de  Vernier après une enquête de dix mois ! Un véritable roman-feuilleton des errances de jeunes marginaux  entre le Lignon et la Syrie . Une description psychologique d’individus déstructurés  en mal de reconnaissance et un florilège de leurs déclaration  primaires et vantardes  concernant un projet terroriste irréaliste incompatible avec leur amateurisme. Nous avons été aussi informés de l’invraisemblable gestion des informations  américaines par les services secrets suisses à tel point que le responsable de la police genevoise, M. Poggia , était dans l’ignorance de  cette terrifiante  menace. Certains diront « Une nouvelle Genferei ?«  En aucun cas, nos responsables ont su garder raison devant la réalité de ce projet terroriste. L’absence de faits objectifs , une enquête avec des témoignages anonymes , un scénario  mystérieux,  des protagonistes ne connaissant ni l’arabe ni le Coran, aucun commanditaire, aucun modus operandi,  aucun soutien logistique et  aucun matériel trouvé. Nos autorités ont eu raison de ne pas paniquer les Genevois comme en décembre 2015 quand les mêmes services secrets américains avaient envoyé une photo de quatre soit-disant terroristes prêts à une action imminente mais fictive. Aujourd’hui, l’ emballement de notre presse locale a cependant le mérite de nous interpeller sur la justification d’un site pétrolier si dangereux en pleine  ville . Sa proximité avec l’aéroport représente  un danger bien plus important que les projets fantasmés de quelques naufragés de notre société.

Daniel Fortis

1231 Conches                                                              Genève, le 16 février 2020

Ne pas s’arrêter en si bon chemin

Lors de sa séance du 13 novembre 2019, le Conseil municipal de la  Ville de Genève a accepté la piétonisation  du quartier de Rive et la construction d’un parking souterrain. Si le parking a suscité des débats enflammés , une belle unanimité du Conseil municipal s’est faite pour faire revivre un quartier stratégique mais longtemps négligé et utilisé sans aucune idée directrice. Le mail piétonnier avec une riche arborisation deviendra une des plus belles perspectives de la Ville. On peut aussi rêver de la construction d’un marché couvert permanent sur le parking projeté pour animer commercialement la vie du quartier et remplacer le marché bihebdomadaire du boulevard Helvétique. Cette nouvelle zone piétonne est de nature à exacerber l’imagination et la créativité des urbanistes et des citoyens. Cependant, un élément  est un obstacle à une réflexion urbanistique plus élargie. A l’une des extrémités de ce mail, le jardin Anglais et le jet d’Eau sont spectaculaires . Par contre, à  l’autre extrémité , le mail s’interrompt brutalement sur le mur austère et rébarbatif du Bastion de l’Observatoire . Il constitue un verrou qui empêche toute communication avec la Haute- Ville et sa riche histoire intra muros . Alors pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Pourquoi ne pas rêver d’un circuit touristique qui irait au-delà de l’incontournable horloge fleurie et du jet d’eau ? La zone piétonne de Rive pourrait inciter les touristes à prolonger leur visite pour autant qu’une ouverture dans le mur du bastion soit réalisée pour  accéder aisément à la promenade de la Butte de l’Observatoire . Elle deviendrait une  belle invitation à un circuit  culturel  au cœur de l’Histoire de Genève. Le musée d’Art et d’Histoire, la promenade St Antoine, la traversée du collège Calvin, une halte au Bourg de Four avant la cathédrale St-Pierre et les tous les hauts-lieux qui ont fait Genève. Ce séduisant circuit  n’est réalisable que si l’on crée une belle ouverture et un passage aisé et attractif  entre le mail piétonnier de Rive et le musée d’Art et d’Histoire. L’ exceptionnelle situation de celui-ci mérite une meilleure visibilité  et une meilleure accessibilité. Le très attendu prochain concours d’architecture pour sa rénovation devrait tenir compte de la valorisation de la Butte de L’Observatoire.  Au début du XX siècle, l‘ architecte du musée , Marc Camoletti, conscient de ce remarquable potentiel ,avait déjà imaginé une  liaison somptueuse en  jardin- terrasse par  paliers pour relier la Basse-Ville et la Haute-Ville.  Sommes-nous encore aujourd’hui capables d’un tel esprit visionnaire ? Par leur vote unanime pour une zone piétonne , nos élus ont compris l’enjeu et ont fait les premiers pas. Qu’ils ne s’arrêtent pas en si bon chemin !

 

Daniel Fortis

1231 Conches                                                                                       Genève, le 20 novembre 2019

 

Une mesure onéreuse et polluante

A l’heure où l’on traque toutes les pratiques énergivores, les automobilistes sont obligés de rouler tout phare allumé en plein jour. Des études dans les pays scandinaves ( aux conditions hivernales et météorologiques particulières) auraient démontré une meilleure sécurisation de la circulation avec cette mesure. Justifiée dans ces pays , elle est abusive chez nous où le simple bon sens nous conduit à allumer nos phares lors de pluie ,de brouillard ou de pénombre. Alors que Genève a instauré une nuit sans éclairage publique pour réduire notre impact lumineux et environnemental , des technocrates soit-disant « éclairés » établissent des règles paradoxales qui impactent notre porte-monnaie et  augmentent la pollution . En effet, 2,4 % de notre plein d’essence est consacré à la production de l’électricité nécessaire aux phares. Cet éclairage diurne nous coûte près de 2 francs à chaque plein et est responsable d’émission supplémentaire de CO2 pour une illusoire augmentation de la sécurité. Nos dirigeants ne doivent pas accepter n’importe quelle mesure pour se mettre à l’abri de toute responsabilité. Il est essentiel que  le bon sens s’impose et que les enjeux environnementaux soient prioritaires.

 

Daniel Fortis

1231 Conches                                                                                                     Genève, le 3 octobre 2019

Logement, un climat malsain

Les relations entre propriétaires et locataires devraient être empreintes de correction  dans le cadre de la légitime défense des intérêts de chacun. Cependant  elles se dégradent sous les effets des excès  de la Loi Démolition Transformation et Rénovation ( LDTR). Totalement justifiée à son origine pour s’opposer aux sinistres pratiques des congé-ventes de certains propriétaires, cette loi est aujourd’hui pervertie par des locataires sans scrupule. Renier son engagement avec la contestation initiale du loyer ou faire du chantage est désormais normal. Ces pratiques deviennent banales à l’exemple de ce locataire qui adresse une lettre de chantage à son propriétaire en le menaçant de dénonciation auprès du département pour des travaux non-déclarés en 2017 . Bien  que ceux-ci relevaient de travaux d’entretien avec le remplacement d’une cuisine vétuste et qu’ils aient été  réalisés à la charge du propriétaire ( 25.000.- Frs ) pour le seul confort du locataire, celui-ci n’hésite pas à réclamer contre son silence une baisse de loyer  de 100.-Frs / mois  avec effet rétroactif au loyer antérieur ( inchangé depuis 2007 ). Ce cas illustre les dérives malsaines de la législation genevoise qui s’accommode du reniement et de la délation. La banalisation de ces pratiques met en péril les principes régissant notre société et s’avère préjudiciable à tous. Les propriétaires  n’entreprendront que des travaux d’entretien non-soumis à la loi et renonceront à faire des travaux de rénovation. Les locataires vivront dans des locaux vétustes et l’économie genevoise souffrira de la diminution des carnets de commande des entreprises. Genève mérite mieux.

 

Daniel Fortis

1231 Conches                                                                                              Genève, le 9 septembre 2019