Archives de catégorie : Iran

La monnaie pleine

Avant de voter sur la monnaie pleine, il est important de mettre en perspective le pragmatisme et l’éthique. Par réalisme à court terme, nous sommes tentés de refuser l’initiative en considérant les risques (très médiatisés) d’une réduction des investissements, d’une hausse des taux et d’un ralentissement économique . Cependant il ne faut pas être amnésique d’un passé tragique et ignorer un présent alarmant . Souvenons-nous des subprimes en 2008 ! La création frénétique de monnaie scripturale a provoqué l’effondrement de tout le système financier. Celui-ci n’a  été sauvé que par la « monnaie pleine » des banques centrales. Les banques défaillantes s’étaient engagées à séparer leurs activités spéculatives de celles de gestion courante. Non seulement elles n’ont pas respecté leurs engagements, mais elles ont continué à imposer leur diktat à l’économie mondiale. Pour illustrer cette arrogance, le système bancaire inféodé aux Etats-Unis fait , aujourd’hui, un ignoble chantage à tous les pays et à toutes les entreprises qui commercent avec l’Iran. L’ hyperpuissance de la finance est telle qu’elle prétend régenter le monde, nos vies, nos valeurs et nos libertés. Il est temps de remettre cette dictature à sa place et de l’obliger à respecter certaines règles. La monnaie pleine a le mérite de contrôler un peu le monstre financier. Les opposants qui dénoncent un aventurisme dangereux devraient méditer le précepte de Sénèque «  Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas. C’est parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles ».

 

Daniel Fortis

1231 Conches                                                                                          Genève, le  26  mai  2018 

La forfaiture américaine

Après le show  pitoyable du premier ministre israélien Netanyahou sur le nucléaire iranien, le mégalomaniaque président américain Trump s’associe à cette pitrerie indigne en déchirant le traité avec l’Iran. Ainsi , le parjure, le mensonge, la fourberie, l’arrogance, l’intimidation et le bellicisme ont triomphé. Les trois comparses , les Etats-unis , Israël et l’Arabie saoudite, font un bras d’honneur au reste du monde. Cette forfaiture auraient dû déclencher une condamnation  unanime et des sanctions internationales. A la place de celles-ci, à quoi assistons-nous ?  A une réaction timorée de l’ONU et des pays européens qui ont subi un terrible affront et à des commentaires journalistiques très modérés. Cette lâcheté résulte de la peur des sanctions américaines sur ceux qui respecteraient l’accord  et l’allégeance de tout le système banquier aux injonctions américaines. Ce chantage ignoble permettra de geler tous les échanges avec l’Iran qui a pourtant scrupuleusement respecté ses engagements. Avec le nouvel embargo et la dégradation prévisible de ses conditions économiques , l’Iran humilié va renouer légitimement avec les forces conservatrices. Pourra –t-on lui reprocher alors de reprendre ses activités nucléaires ?  Ce danger ne fait pas peur au clan israélo- américain qui dispose d’un arsenal nucléaire et militaire disproportionné. La victoire militaire leur est acquise mais le désastre de cette forfaiture entachera dorénavant toutes les relations internationales. Ces fossoyeurs de la paix en porteront toute la responsabilité.

 

Daniel Fortis

1231 Conches                                                                                            Genève ,  le 9 mai 2018

L’errance toxique des Occidentaux en Syrie

Les Etats-Unis, la France et  l’Angleterre ont bombardé la Syrie. Quelle image donnent-ils au monde ? Celle de justiciers auto- proclamés qui s’arrogent le droit de punir sans preuve ?  Celle de comparses qui bafouent des règles internationales qu’elles imposent aux autres pays ? Celle de présidents dont les gesticulations les contraignent , pour ne pas perdre la face, à intervenir avec des frappes symboliques, inconséquentes et inefficaces ?  En effet, une absurde coïncidence a fait que la ville de Douma tombait aux mains du régime syrien en même temps. Cette agression néocoloniale humiliante ne peut que provoquer une hostilité intériorisée. Ces donneurs de leçons n’ont rien compris à la complexité syrienne et au large soutien de la population à Bachar-al-Assad. Ils n’ont pas pris conscience que l’opposition modérée fantasmée ne faisait pas poids face aux islamistes. L’incohérence de leur ingérence offre à Poutine le rôle du sage qui ne répond pas à la provocation. Quant à la France, elle se compromet dans  une coalition  dont le seul but est d’anéantir le régime iranien. Trump, Netanyahu et Ben Salmane nourrissent une haine farouche de l’Iran. Ils ne craignent pas d’embraser tout le  Moyen-Orient. Le président français ferait bien de se distancer de ce trio toxique de « va-t’en-guerre « et accepter une mission de médiation.

 

Daniel Fortis

1231 Conches                                                                                               Genève , le 16 avril  2018    

L’ingérence américaine en Iran

Une partie de la société iranienne manifeste  contre ses conditions de vie. Elle a élu le président Rohani pour initier une politique d’ouverture et de réforme. Dans ce but, le gouvernement iranien s’est engagé à renoncer à développer l’arme nucléaire pour obtenir des pays occidentaux la levée de l’embargo . L’immense espoir  a été anéanti par le président Trump qui a renié la parole des Etats-Unis . Piétinant les principes du droit international, il a unilatéralement abrogé cet accord et a exercé un chantage ignoble sur les banques qui cautionneraient les investissements  en Iran. Comme toujours , les banques européennes se sont soumises, condamnant ainsi toutes les ouvertures économiques vers l’Iran. La trahison de l’Occident envers l’Iran  ruine son économie  et accable sa population. Une petite fraction non-identifiée de celle-ci instrumentalise le mécontentement pour semer la violence. Qui se trouve derrière cette violence ?  Au siècle passé, l’ingérence américaine en Iran n’a pas cessé :  Corruption des divers pouvoirs par les compagnies pétrolières,  coup d’état fomenté par les services secrets pour renverser la république du premier ministre Mossadegh ,  soutien à la dictature du shah et à sa police, soutien à l’agression irakienne contre l’Iran. Aujourd’hui,   Trump inonde les réseaux de ses tweets belliqueux  pour  enflammer le pays et proposer son aide au renversement du régime. Cette ingérence primaire sera rejetée par les Iraniens qui se rassembleront autour de leur culture et de leur histoire millénaire.  

Daniel Fortis

1231 Conches                                                                                         Genève, le 3 janvier 2018

L’ingérence française au Liban

Quelle légitimité la France a-t-elle d’interférer dans les affaires libano-libanaises après l’étrange démission de Saad Harari ? Considère-t-elle qu’elle a  toujours des prérogatives  découlant du protectorat qu’elle s’est octroyé de 1920 à 1944 en Syrie  ? Sous son mandat , elle a créé artificiellement le Liban en amputant une partie du territoire syrien. Cela a engendré le communautarisme, une instabilité permanente et une guerre civile sanglante. L’influence de la Syrie et la présence du parti chiite du Hezbollah au Liban ne sont qu’un retour à une réalité historique. Refusant celle-ci,  la France a rejoint la coalition des va-t-en-guerre composée des Etats-Unis, de l’Arabie Saoudite et d’Israël. Pour assurer la vente de ses avions de guerre, elle s’associe à la politique belliqueuse contre l’Iran qui, pourtant, n’a pas cessé de donner des gages d’apaisement et d’ouverture  en respectant tous ses engagements.  Ce n’est pas le discours grandiloquent  de Macron sur le rapprochement des civilisations sous la carapace de ferraille du Louvre d’Abu Dhabi qui éludera sa lourde responsabilité d’attiser la guerre entre chiites et sunnites. Il est loin le temps où la parole de la France était indépendante  et respectée pour sa sagesse . Souvenons-nous du discours mémorable de Dominique de Villepin à la tribune de l’ONU contre la guerre en Irak.

 

Daniel Fortis

1231 Conches                                                                                           Conches , le 19 novembre 2017

La diplomatie américaine

Le cynisme américain

Le président Trump a fait l’honneur de sa première visite à l’étranger au plus abominable régime de la planète, le royaume saoudien. Dictature , corruption , répression, musellement de la presse , asservissement de la femme, exécutions capitales dans la rue, terreau salafiste du terrorisme. Rien ne rebute le clownesque président quand il signe des contrats de 380.000.000.000 dollars avec 110.000.000.000 dollars pour des armes au prétexte de la guerre contre le terrorisme ( dont le régime est sournoisement le commanditaire) .Cela démontre l’hypocrisie et le cynisme de la politique américaine. Il est évident que cet armement sera dirigé exclusivement contre les chiites et l’Iran. Longtemps  diabolisé,  le gouvernement iranien a pourtant montré sa volonté de coopérer et son peuple de s’ouvrir au monde avec l’élection de Rohani. Il mériterait d’être respecté et soutenu dans ses efforts. Cette évidence s’impose à tous sauf  aux deux richissimes comparses. Leurs bellicismes attisent le feu au risque de provoquer une guerre et un exode massif de migrants vers l’Europe. A l’abri de ces conséquences , cette perspective laisse  l’administration américaine indifférente. Pourtant, une part infime de ces faramineux contrats pourrait contribuer à soulager la désespérance et la souffrance dans cette région et contribuer à la paix. Il est fondamental que l’Europe ( peut-être sur l’impulsion de Macron)  s’affranchisse de cette politique atlantiste délétère et promeuve une politique européenne porteuse d’espoirs.

 

Daniel Fortis

1231 Conches                                                           Genève,  le 22 mai 2017  

Iran diabolisé, Iran courtisé.

Depuis la levée de l’embargo, tous les gouvernements d’Europe déroulent le tapis rouge aux dirigeants iraniens. L’appât du gain leur a fait oublier qu’ils ont diabolisé l’Iran pendant quarante ans, qu’ils ont tenté de le détruire en armant Saddam Hussein, qu’ils lui ont imposé un embargo et que Laurent Fabius, qui aujourd’hui le courtise, l’avait menacé de bombardements. Quelle fourberie ! Ce pays a résisté en s’arcqueboutant sur ses valeurs et sur un régime autoritaire suscitant de nombreuses critiques. Il est pourtant dépositaire d’une histoire à l’origine des plus grandes avancées de notre civilisation : la sédentarisation, l’agriculture, l’écriture, l’astronomie et les premières lois sociétales. Au 20eme siècle , l’avidité et l’ingérence des compagnies pétrolières, la corruption, les coups d’Etat et les répressions ont éprouvé ce pays. Cette douloureuse histoire a créé un Iran complexe, contradictoire et écartelé entre des réformateurs et les conservateurs. Ma modeste expérience iranienne m’a permis d’apprécier son peuple évolué, cultivé, fier et bienveillant. Celui-ci doit profiter de l’ouverture économique pour ne pas aggraver la fracture sociale. L’Iran doit se garder de ressembler aux monarchies du Golfe inféodées à l’argent et à l’Occident. Il doit aussi, sans renier ses valeurs islamiques, s’affranchir de l’intégrisme religieux. Sa riche histoire, la diversité de ses origines et ses poètes doivent l’inspirer. C’est la meilleure réponse à ceux qui ont mis ce magnifique pays au ban des nations. Ils n’ont pas eu la chance de voir l’envoûtante place Royale d’Ispahan, d’admirer la magie visuelle de sa mosquée et de déambuler dans ses parcs qui dégagent un sentiment de sérénité et de paix.
Daniel Fortis
1231 Conches

Impressions persanes

VOYAGE EN IRAN – 23 Octobre – 4 Novembre.
Expérience forte, dense, déroutante et apaisante qui remet l’église ( la mosquée ) au milieu du village.

Notre voyage s’est terminé sur la somptueuse place royale à Ispahan et la magie visuelle de la mosquée de l’imam. Sur l’esplanade de celle-ci, j’ai demandé à un représentant religieux islamique de nous délivrer un message. Après nous avoir remercié d’avoir choisi de visiter l’Iran, il nous a simplement demandé de témoigner de la réalité iranienne autour de nous. Elle est d’une extrême complexité historique, géographique, sociale, religieuse et elle a été déformée par des décennies de diabolisation et par un isolement imposé par l’Occident. Une question m’obsède : Comment des cow-boys primaires et violents ont-ils pu mettre ce pays dans l’axe du Mal ? Ce pays est pourtant dépositaire d’une histoire exceptionnellement riche qui a engendré les plus grandes avancées de notre civilisation, les premières agglomérations, l’agriculture, l’irrigation, l’écriture, l’astronomie et les premières lois sociétales. Au croisement de nombreuses civilisations et confronté à de nombreuses invasions, la Perse a su intégré toutes ces valeurs et permis les échanges entre l’Extrême-Orient et la Méditerranée. Dans le 20eme siècle matérialiste et productiviste, l’avidité des compagnies pétrolières, les coups d’Etats fomentés par celles.ci, la corruption, la mégalomanie et les répressions et, enfin, l’agression de l’Irak soutenu par l’Occident ont éprouvé ce pays qui n’a pu retrouver son honneur que dans la révolution islamique. Il en a résulté un Iran complexe et contradictoire qui m’a interpellé au travers de quelques expériences.
Les fêtes.
Dès le premier jour de notre voyage, Téhéran s’est habillé de noir. L’Ashurâ (commémoration schiite du martyre de l’imam Hossein) a transformé la ville. Cortège d’hommes se flagellant symboliquement, théatre de rue avec des acteurs surjouant la douleur et le drame, martellement assourdissant des tambours. Cette cérémonie d’un autre âge contrastait avec le nœud autoroutier à plusieurs niveaux qui surplombait la scène. Dans cette atmosphère pesante, notre présence pouvait interpeller. Notre appréhension s’est dissipée lorsque des femmes nous ont proposé des galettes de pain. Quelques jours plus tard à Pasargades, lors de la fête dédiée au roi Cyrus, nous avons été absorbés par une foule impressionnante et désordonnée de jeunes Iraniens. Modernes, branchés, volubiles et rieurs, ils ont déambulés dans un brouhaha joyeux autour du mausolée. Seuls étrangers, là aussi, nous avons été acceptés avec bienveillance et sollicités à de nombreuses reprise pour prendre des photos avec eux. Ces deux fêtes traduisent le dilemme de la société iranienne. Défendre l’identité islamique ou aller vers la modernité en honorant leur histoire préislamique.
Les retraités iraniens.
Par l’intermédiaire d’une amie iranienne, nous avons été invités chez un couple de retraités dans un quartier de Shiraz. Petite maison mitoyenne simple et confortable. Ambiance très chaleureuse malgré la barrière de la langue. Très investis dans les dernières technologies de l’informatique, ils n’ont pas ménagé leurs critiques au gouvernement pour sa politique économique et l’inflation galopante. Nous avons compris que la politique intérieure les préoccupait plus que les problèmes internationaux.
La société
Ce peuple de 80 Mio d’habitants, évolués, instruits, cultivés ne montre pas de complexe à notre égard. Notre haut pouvoir d’achat ne les incite pas au harcèlement dans les bazars. Leur attitude n’est empreinte que de bienveillance, de sourire et de cordialité. Combien de fois ai-je entendu « welcome » en les croisant. Rarement, je n’ai connu un tel sentiment de sécurité. Aucune agressivité, aucun ressentiment, aucune méfiance ne les habitent. Les services de sécurité sont très peu nombreux et discrets . Par expérience, je peux dire qu’un contrôle de vitesse en Iran diffère d’un contrôle aux Etats-Unis. Où trouve-t-on un policier qui nous escorte pour trouver un restaurant et nous propose éventuellement de venir manger chez sa mère ? Entre eux, le contact est très facile ,direct et respectueux .Dans les villes, la circulation cauchemardesque à nos yeux (sans agent ,sans feux, sans règle) ne pose pas de problème pour eux. Une belle leçon de civilité.
Paysage et architecture.
Pays d’une superficie près de trois fois plus grande que la France, la diversité géographique est exceptionnelle. La seule visite du centre de l’Iran nous a valu un périple de 1600 kilomètres sur une infrastructure autoroutière excellente. Ce monde minéral désertique met en valeur les villes-oasis de Kachan, Yadz, Shiraz et Ispahan (étapes de notre voyage). Ces villes se sont développées tout en préservant de vastes parcs autour des anciens quartiers. Les quartiers modernes ont une architecture très intéressante et innovante avec une recherche structurelle et volumétrique jamais anodine.
Mon espoir.
L’avenir de l’Iran doit se garder d’ évoluer vers le modèle des monarchies du Golfe inféodées à l’argent et à l’Occident ni vers un islamisme rétrograde. Sa riche histoire, la diversité de ses origines et ses poètes doivent l’inspirer pour s’ouvrir au monde. C’est la meilleure réponse à tous ceux qui ont mis injustement ce magnifique pays au ban des nations. Ils n’ont pas eu la chance de déambuler sur l’impressionnante place royale d’Ispahan et ses parcs qui dégagent un sentiment de sérénité et de paix.

Daniel Fortis

Israël, une attitude incompréhensible

L’ensemble de la communauté internationale a accueilli avec espoir l’élection du président iranien réformateur Hassan Rohani.

L’Iran, considéré jusqu’alors comme l’axe du Mal, s’est ouvert au monde avec les déclarations encourageantes de son nouveau président : engagement à renoncer au nucléaire militaire, reconnaissance de l’Etat d’Israël et de la Shoah, libéralisation de la vie politique, assouplissement du statut de la femme et volonté de dialogue.

Tous les pays se sont réjouis de cette évolution, sauf Israël, qui s’en est offusqué en dénonçant une manipulation perfide et en menaçant de frappe ce pays. Le gouvernement israélien ne veut laisser aucune chance au retour de l’Iran dans les nations fréquentables. Il s’emploie à saborder, par principe, tout accord en prétextant la mauvaise foi des dirigeants iraniens.

Nous comprenons que des doutes puissent subsister sur la sincérité des intentions. Mais, pourquoi ne pas tenter une négociation sans rien « lâcher » sur les principes ?

La menace iranienne et celle de ses voisins permettent à l’Etat isräélien de justifier sa politique expansive et militariste avec la détention d’un arsenal nucléaire échappant à tout contrôle.
Une détente des relations l’obligerait logiquement une révision de sa politique. Les Israéliens ne sont pas prêts à s’y résoudre et leur obsession sécuritaire finira par agacer leurs plus fidèles alliés.