Iran diabolisé, Iran courtisé.

Depuis la levée de l’embargo, tous les gouvernements d’Europe déroulent le tapis rouge aux dirigeants iraniens. L’appât du gain leur a fait oublier qu’ils ont diabolisé l’Iran pendant quarante ans, qu’ils ont tenté de le détruire en armant Saddam Hussein, qu’ils lui ont imposé un embargo et que Laurent Fabius, qui aujourd’hui le courtise, l’avait menacé de bombardements. Quelle fourberie ! Ce pays a résisté en s’arcqueboutant sur ses valeurs et sur un régime autoritaire suscitant de nombreuses critiques. Il est pourtant dépositaire d’une histoire à l’origine des plus grandes avancées de notre civilisation : la sédentarisation, l’agriculture, l’écriture, l’astronomie et les premières lois sociétales. Au 20eme siècle , l’avidité et l’ingérence des compagnies pétrolières, la corruption, les coups d’Etat et les répressions ont éprouvé ce pays. Cette douloureuse histoire a créé un Iran complexe, contradictoire et écartelé entre des réformateurs et les conservateurs. Ma modeste expérience iranienne m’a permis d’apprécier son peuple évolué, cultivé, fier et bienveillant. Celui-ci doit profiter de l’ouverture économique pour ne pas aggraver la fracture sociale. L’Iran doit se garder de ressembler aux monarchies du Golfe inféodées à l’argent et à l’Occident. Il doit aussi, sans renier ses valeurs islamiques, s’affranchir de l’intégrisme religieux. Sa riche histoire, la diversité de ses origines et ses poètes doivent l’inspirer. C’est la meilleure réponse à ceux qui ont mis ce magnifique pays au ban des nations. Ils n’ont pas eu la chance de voir l’envoûtante place Royale d’Ispahan, d’admirer la magie visuelle de sa mosquée et de déambuler dans ses parcs qui dégagent un sentiment de sérénité et de paix.
Daniel Fortis
1231 Conches