Deux poids, deux mesures

Deux poids, deux mesures

Après l’émotion unanime suscitée par les attentats abominables de Londres, il ne faut pas céder au discours simpliste des faucons américains justifiant une guerre totale jusqu’à la victoire finale sur AL-QUAIDA, nébuleuse maléfique et insaisissable qui veut déstabiliser l’Occident en attaquant nos valeurs et notre mode de vie. Cette analyse entretient l’islamophobie et nous détourne la cause principale de ces attentats : la guerre et l’occupation de l’Irak

L’illégitimité de cette guerre contre un pays qui ne menaçait personne, qui n’était pas en mesure de déployer une quelconque arme de destruction, qui, non seulement, ne soutenait pas le terrorisme mais le combattait, apparaît au monde musulman comme une humiliation infligée par l’impérialisme occidental. Le bombardement de Bagdad nommé cyniquement « opération choc et terreur » a tué plusieurs dizaines de milliers de civils assimilés à des dommages collatéraux.

Mais, naturellement, la terreur programmée dans les salons de la Maison Blanche et du No 10, Downing Street n’est pas du terrorisme !!!

Tant qu’il y aura « deux poids, deux mesures », l’injustice et l’humiliation serviront de terreau au terrorisme.

Impressions d’Inde

IMPRESSIONS D’INDE

KERALA 28.03.2005 au 15.04.2005

 

Pays de tous les superlatifs, de tous les contrastes et de toutes les contradictions. Rien n’est ici banal, insignifiant ou médiocre. La normalité de nos valeurs est ici complètement bouleversée. Comme dans une séance d’ayurveda, notre corps et notre tête sont massés, frottés, frappés sans ménagement entre bien-être et souffrance. On en ressort sonné mais serein.

La succession d’images, d’impressions où se mêlent bonheur de vivre et souffrance submerge notre conscience à tel point que le trop-plein se déverse dans notre inconscient. Des nuits agitées restituent dans des rêves délirants, cette surabondance de ressenti.

Malgré le foisonnement incohérent des images, les scènes de la vie quotidienne obéissent à une ordonnance où chaque personne et chaque chose a un sens. Des femmes cassent des cailloux pour l’encaissement des routes, des hommes cheminent le long des routes sans but apparent, toute sorte de véhicules poussifs et vétustes circulent dans un flux tortueux et bruyant mais laminaire, des enfants aux sourires radieux manifestent leurs exubérances, les femmes aux saris de couleurs flamboyantes cheminent avec une démarche princière à côté de mendiants dans une déchéance extrême et des vaches alanguies regardent placidement les agitations de la foule. La vie s’écoule simplement, sans agressivité et sans compétition. La circulation avec ses dépassements effectués dans des conditions apparemment périlleuses, deviennent une sorte de ballet accompagné par un concert de klaxon à la signification bien précise. Aucun agent de circulation, aucune priorité, aucune agressivité, aucun vroum-vroum d’excités macho, mais, l’attention, le respect de l’autre et une vitesse modérée pour réagir en toute circonstance.

 

Immense pays qui a su intégrer, assimiler et faire cohabiter toutes les cultures ( Aryenne, grecque, chrétienne, moghole, occidentale ) et toutes les religions. La tolérance et la sagesse ont permis cette cohabitation. Ainsi les chrétiens pour ne pas heurter les autres religions se déchaussent dans les églises, respectent la distinction des hommes et des femmes. L’appel à la prière du muezzin est discret. Et chacun respecte les fêtes de l’autre.

 

Cet admirable et fragile équilibre risque cependant d’être balayé et submergé par le tsunami de la modernité et du matérialisme occidental. Toutes les publicités sont réalisés avec des modèles indien « occidentalisés » et provocants. Le cinéma et la télévision indienne sont pollués par des émissions débiles inspirées par notre civilisation. La société traditionnelle indienne résistera-t-elle au mirage occidental ?

 

Ce pays souffle le « chaud et froid » sans transition. La sublime harmonie des Backwaters contraste avec l’extrême inhumanité des grandes villes. La pureté et l’exubérance des paysages du Kerala s’oppose à la laideur et à la pollution des mégalopoles. La richesse indécente de quelques-uns côtoie l’indigence révoltante des autres.

L’Inde repousse les extrêmes pour mieux nous faire comprendre la grandeur et la fragilité de notre condition humaine.

Le Cynisme de l’armée américaine

Rebondissements, volte-faces, chantages, confusions, Julia encensé, Julia diabolisé, ravisseur mystérieux, « bavures »,et, surtout, incompréhension et totale incohérence. Cependant, devant celles-ci, l’ensemble des médias se retrouvent sur le postulat simpliste que les auteurs de ces enlèvements sont des groupes islamiques terroristes proches de la résistance. Absurde.

Dans le cas des journalistes Chesnot et Malbrunot, comment expliquer leurs enlèvements alors qu’ils manifestaient une position très critique vis à vis de l’intervention américaine ? Comment expliquer leur captivité très confortable pendant plus de deux mois ?

Comment expliquer leur libération sans condition dans une zone très surveillée ?

Comment expliquer le silence et le manque d’implication des autorités américano-irakiennes dans la recherche des ravisseurs ?

A ces questions aucune réponse n’est donnée. Par contre, à la question « A qui profite ces prises d’otages ? », une réponse s’impose : les forces d’occupation américaines.

Le président irakien parachuté par les Américains, M. Allaoui, s’était réjoui d’entendre le président Chirac recommander aux reporters français de quitter l’Irak. Les journalistes de CNN ou de Foxnews protégés par l’armée de la « liberté » pouvaient tranquillement continuer à désinformer le monde entier.

Qui avait intérêt à museler ou, pire, à tuer les courageuses journalistes F. Aubenas et G. Sgrena qui envisageaient de faire un reportage sur la ville-martyr de Falloudja ? Les résistants irakiens ou les Américains ?

La tentative d’assassinat sur Mme G. Sgrena, camouflée en « bavures » (deux cent impacts de balles !!!) pour sanctionner une prétendue vitesse excessive, nous apporte la réponse.

Le cynisme et la monstruosité de cette action devraient valoir aux Etats-Unis, une place dans l’Axe du mal aux côtés du Honduras et de la République dominicaine.

Il faut espérer que l’Italie corrige enfin son mauvais choix aux côtés des Etats-Unis et rejoigne la Vieille Europe.

La terreur instrumentalisée

Depuis le 11 septembre 2001, le monde occidental est hanté par la peur du terrorisme. L’instrumentalisation de celle-ci a transformé nos démocraties. Le matraquage médiatique délirant de la menace terroriste nous a fait perdre tous nos repères et nous a rendu complaisant avec toutes les violations des principes démocratiques fondamentaux.

Cette nouvelle gouvernance planétaire basée sur une peur irraisonnée et disproportionnelle sert de grands lobbys qui entendent imposer par la force au reste du monde, un nouvel ordre mondial.

Les vendeurs d’armes ( qui normalement auraient du voir leurs commandes diminuer depuis la chute du mur de Berlin ) ont fait du terrorisme un fond de commerce. La finance internationale s’accommode parfaitement avec la lutte contre le terrorisme. Les groupes pétroliers vivent actuellement des périodes bénies. Les multinationales juste derrière les armées de la « liberté » investissent et occupent le terrain.

Ce nouvel impérialisme économique se sert du spectre d’Al Quaïda pour justifier sa mainmise sur la planète.

Cependant nous n’avons trouvé de cette organisation ni les chefs ( qui se sont enfuis à moto ), ni les bases ( qui se sont avérées des grottes rudimentaires dans la montagne de Tora Bora ), ni les circuits financiers ( qui n’étaient que des subventions à des écoles coraniques ), ni les chaînes de commandement ( recherchées sans succès dans le monde entier sauf en Arabie Saoudite ). Les médias entre les mains de puissants groupes financiers ou de marchands d’armes inondent leurs journaux d’articles et de reportages sur la menace terroriste en faisant systématiquement un amalgame avec les actions de résistance à des occupations militaires illégitimes et sanglantes en Tchéchènie, en Palestine et en Irak. Mais, c’est vrai, la résistance au nouvel ordre mondial, C’EST DU TERRORISME.

Autosatisfaction américaine

Après les élections irakiennes, l’autosatisfaction du gouvernement des Etats-Unis s’affiche dans tous nos médias. La participation à cette élection est présentée comme une victoire et tous les pro-Bush donnent dans la jubilation. Oubliés les mensonges, oubliés la manipulation, oubliés les 100.000 morts ( qui n’ont pas voté ) oubliés les répressions ( où était les bureaux de vote à Falloudja ? ), oubliés les tortures, on se congratule après cette élection. Une élection dont on connaissait d’avance le résultat. Une élection qui entérine le drame de l’Irak, la partition entre les trois communautés, chiite, sunnite et kurde et marginalise les sunnites.

Ce taux de participation présenté comme exceptionnel est tout à fait normal.

La violence et l’insécurité ne se situant que dans un triangle sunnite, il était tout à fait normal que les Kurdes, d’une part, votent pour leur permanente revendication d’indépendance et que les Chiites, assurés de leur victoire, votent massivement dans des régions qui étaient sécurisées.

Comment peut-on se réjouir de la tenue d’une telle élection ? Une centaine de listes de partis avec plusieurs milliers de candidats dont on ne connaissait ni les noms ni le programme. Une élection qui n’a suscité aucun débat sur le fond. Une élection avec comme seuls critères, la religion et le régionalisme. Quel crédit pourrions nous accorder à un scrutin en Suisse où le choix de nos élus se feraient selon notre appartenance à la religion catholique ou protestante ?

Finalement, comment peut-on légitimer une élection dans un pays occupé et quadrillé, toutes frontières bouclées, où des scrutateurs irakiens « indépendants » vont entériner les résultats. La communauté internationale, sans avoir été sollicitée pour vérifier ceux-ci, acceptera sans sourciller cette parodie de démocratie.

Succès titanesque

Tous les médias ont relaté l’exploit historique de l’atterrissage de Huygens sur Titan, le satellite de Jupiter. La jubilation des scientifiques devant leurs écrans nous a fait oublier, un moment, les malheurs de notre planète. La perspective de comprendre l’évolution de notre planète il y a trois milliards d’années a suscité des propos dithyrambiques sur l’avancée de nos connaissances. Un amalgame de spectaculaires animations virtuelles suivies de clichés ternes ( agrémentés d’une bande sonore !!! ) provoque l’extase de ces scientifiques fonctionnarisés qui pourront justifier et reconduire les énormes budgets qu’on leur octroie. Ils pourront aussi préparer de nouvelles missions dont le succès est curieusement et systématiquement assuré – s’ils ne confondent pas les mètres et les yards dans leur calcul.

Dans un monde, où les gouvernements sont incapables de mettre en place un réseau d’alerte rudimentaire pour avertir dans un délai de quelques heures la venue d’un tsunami, on fait joujou avec des engins sophistiqués afin de combler un vide quasi métaphysique. A l’heure où tous les voyants sont au rouge concernant la dégradation de notre environnement et où l’urgence d’une réaction mondialisée n’est pas de trois milliards d’années mais de quelques décennies, certains pays comme les Etats-Unis refusent de signer les accords de Kyoto. Les puissances occidentales préfèrent consacrer des milliards à la recherche spatiale pour asseoir leur suprématie et leur puissance.

Même si cette recherche peut être porteuse d’espoir, les retombées restent aléatoires et lointaines par rapport à l’urgence de la situation.

Que dirons-nous à nos enfants et petits-enfants lorsqu’ils nous demanderont « Qu’avez-vous fait au début du siècle pour sauvegarder la planète ? ».

« Nous explorions le système solaire… »

NAJAF, GUERNICA irakien

En 1937, une vague d’indignation a saisi toutes les démocraties européennes à l’annonce du bombardement par l’aviation allemande de la ville de GUERNICA. Un célèbre tableau de Picasso a stigmatisé la barbarie de cet acte.

 

En 2004, l’aviation américaine bombarde la ville sainte de NAJAF sans qu’aucune voix ne s’élève contre cette barbarie. Les médias anesthésiés égrènent le nombre de morts sans aucun état d’âme 100, 200, ……300 morts. Civils ou résistants à l’occupation, qu’importe, ce ne sont que des Irakiens traités soit de dommages collatéraux soit de terroristes ( les Allemands traitaient eux aussi les résistants français de terroristes ).Quel cynisme et quelle distorsion de la vérité !!! Avec une guerre légitimée par des mensonges, un pillage des richesses, une occupation cautionnée par un gouvernement fantoche de collabos corrompus et « parachutés » par des financiers américains, une répression sanglante accompagnée de tortures, que faut-il de plus pour que Mme Carla Del Ponte inculpe M. BUSH pour crime de guerre et crime contre l’humanité ?

Il était une fois le G8

Il y a un an, le centre de Genève se paraît de la couleur jaune.

Tous les signes extérieurs de richesse étaient occultés. Les belles voitures restaient au garage. Les vitrines des magasins de luxe se protégeaient derrière des panneaux. Les établissements bancaires donnaient congé à leurs employés. Les bourgeois désertaient la ville pour leurs résidences secondaires.

Les médias nous avaient paniqué. La police et l’armée avaient déployé un dispositif délirant. Les autoroutes, les douanes, le lac étaient interdits pour juguler la venue prévisible et inévitable de quelques 300 casseurs patentés, commandités par on ne sait qui. Des hélicoptères tournoyaient nuit et jour sur la ville pour contrôler et maîtriser la Genève d’en bas. L’état de guerre était déclaré à tous ceux qui contestaient le nouvel ordre mondial alors que les casseurs venus et repartis tout aussi mystérieusement sévissaient sans que la police ne réagisse.

A quelques dizaines de kilomètres, la ville d’Evian devenue une forteresse accueillait les « grands » de ce monde pour une garden-partie avec petits fours, poignée de main médiatique, sourires forcés, banalités, lieux communs et promesses hypocritiques. Pour cette pantalonnade des sommes vertigineuses avaient été dépensées. Le président BUSH « honorait » d’une visite-éclair cette parodie de gouvernance mondiale. Avec arrogance il savourait sa « victoire » irakienne. Il ne savait pas encore la tournure qu’allaient prendre les événements et persistait dans sa vision simpliste et débile : Les Bons et les Méchants, les Puissants et les faibles, les Riches et les pauvres, les Pollueurs et les pollués, les Manipulateurs et les manipulés.

A Genève, la population étrangement calme et résignée investissait tranquillement les places et les rues et s’exprimait sur les panneaux jaune. Les drapeaux de la Paix flottaient sur le pont du Mont-Blanc. Une atmosphère surréaliste planait sur Genève dans l’attente du cataclysme annoncé. Cette Genève fidèle à sa tradition prônait la paix, la tolérance et la vision d’un autre monde.

L’art de noyer le poisson

Le mercredi 28 janvier nous avons subi le délayage pseudo-juridique d’un lord sur les circonstances de la « mort » de M. David KELLY inspecteur en désarmement en Irak.

Ce rapport est un monument d’hypocrisie et une insulte à la justice.

Tony BLAIR n’aurait pas menti !!! Alors que tout le monde pressentait la manipulation autour du danger des ADM irakiennes, le premier ministre répétait obsessionnellement que l’Irak pouvait déployer en quarante cinq minutes les armes les plus effroyables. A-t-il cru en toute bonne foi les rapports tendancieux de ces services ? Il faudrait donc en conclure que le caniche de M. BUSH est d’une naïveté qui confine à la bêtise.

Cette parodie de recherche de la vérité déshonore la justice d’un pays dont les citoyens sont vraiment pris pour des c…

M. David KELLY réputé pour son intégrité et sa rigueur se serait donc suicidé ? Il n’aurait pas pressenti les remous suscités par ses déclarations ? Il n’aurait pas supporté le déshonneur d’avoir dit une vérité connue de tous ?

Ces questions n’ont pas effleuré Lord HUTTON qui a préféré ne pas soulever la chape de plomb que les services de police ont étendu sur les circonstances de la mort de M. KELLY.

Est-ce que l’évocation de l’assassinat de M. KELLY est plus ridicule que l’évocation des ADM de l’Irak ? Certainement pas.

Aux oubliés de Guantanamo

Vous, les rescapés du bombardement de la prison de MAZAR-EL-CHARIF.

Vous, les rescapés des camions de la mort.

Vous, les rescapés des massacres des moudjahidin.

Vous avez été mis en cage comme des animaux parce que vous avez cru trop fort aux dogmes de votre religion.

Vous portez des chaînes aux pieds mais vous ne savez pas de quoi vous êtes accusés.

Vous êtes brisés, humiliés et torturés depuis deux ans pour expier le drame du 11 septembre que la plupart de vous ignorait.

Vous êtes traités comme des sous-hommes au mépris des droits les plus élémentaires.

Vous êtes oubliés par toutes les instances internationales qui ne veulent pas froisser la susceptibilité des maîtres du monde.

Vous êtes victime de cette machination planétaire tendant à démontrer l’omniprésence du terrorisme. Le délire sécuritaire obsessionnel qui en résulte permet à des cow-boys texans, sous prétexte de la lutte contre le terrorisme, d’asservir le monde à leur nouvel ordre mondial débile : Les Bons et les Méchants, les Puissants et les Faibles, les Riches et les Pauvres, les Pollueurs et les Pollués, les Manipulateurs et les Manipulés.

Ce monde binaire ne peut que susciter la révolte et la violence. Et toutes les îles de notre planète ne suffiront pas à enfermer et à museler ceux qui s’opposeront à cette nouvelle dictature.