La Palestine: l’impossible paix

Au nom des Palestiniens parqués, divisés, sanctionnés et humiliés, des extrémistes ont cédé à la tentation de lancer des roquettes sur le territoire israélien. Ces actions inopérantes désordonnées, désespérées et pathétiques ternissent l’image de la résistance palestinienne et servent abusivement et opportunément de prétexte à un déluge de feu disproportionné sur les villes de Gaza avec des centaines de victimes civiles. Le Hamas, qui dernièrement s’était rapproché des positions modérées du Fatah, n’avait aucune raison de s’exposer à de telles représailles. Ce rapprochement avec le Fatah et la crainte d’une alliance avec celui-ci ont déclenché la fureur d’ Israël . S’estimant aggressé, le gouvernement israélien s’est engagé dans l’escalade militaire pour faire échouer les timides tentatives de négociations de paix. La perspective d’accords de paix a toujours fait peur à Israël. Les accords d’Oslo de 1993 négociés par Yitzhak Rabin et Yasser Arafat suscitaient un formidable espoir. Ces deux prix Nobel de la paix ont payé de leurs vies leur courage. Le président israélien a été assassiné par un extrémiste juif (aujourd’hui encore vénéré par les ultras) et le président palestinien a été empoisonné au polonium dans des circonstances les plus obscures. Le gouvernement israélien ne recherche pas la paix qui impliqueraient de facto la reconnaissance de l’Etat Palestinien. La supériorité militaire et le soutien des Etats- Unis les protègent et leur stratégie de victimisation les mettent à l’abri de toutes sanctions internationales et de toutes condamnations. Ils peuvent continuer à humilier, à coloniser , à annexer et à bombarder la Palestine jusqu’à son anéantissement.

Nous irons tous au paradis

NOUS IRONS TOUS AU PARADIS.

Le pape François et son prédécesseur retraité ont canonisé les papes Jean XXIII et Jean-Paul II devant une foule de huit cent mille personnes. Espèrent-ils que leurs successeurs les canoniseront à leur tour ? Cette pratique d’autocanonisation réciproque est choquante. Comment , ces serviteurs de Dieu, peuvent-ils s’arroger le droit de décider de la sainteté de leurs Semblables. Seul Dieu connait les profondeurs de l’Ame . Ces dignitaires religieux usurpent les prérogatives de leur Maître et modifient les conditions de béatification à leur convenance. Un seul « miracle » ( à la place de deux ) suffit pour être reconnu saint. Tout cela ressemble au Moyen- Age plutôt qu’au 21eme siècle. Le pape François nous avait habitué à des prises de position plus courageuse, plus novatrice et plus proche de l’ Homme. Tout cela nous rappelle que les religions peinent à s’affranchir de l’obscurantisme de leurs traditions qui maintiennent les Croyants dans des visions simplistes, manichéennes et dangereuses. De toute façon et sans toutes ces simagrées, Dieu , dans sa grande mansuétude, nous ouvrira à tous les portes du paradis.

Daniel Fortis
1231 Conches

On ne sait plus qui est le terroriste de qui

La presse s’alarme du séjour d’un jeune Vaudois en Syrie aux côté des insurgés et certains réclament une loi spécifique sur le terrorisme. Veulent-ils mettre sous enquête tous les jeunes « paumés » en recherche d’identité et de reconnaissance ? Ont-ils oublié que tous les pays occidentaux voulaient , eux aussi, aider les insurgés ? Dans cet engagement, ils ne voient qu’une radicalisation islamique. Pourtant ,en 1936, des démocrates de tous bords se sont engagés aux côtés des républicains espagnols contre Franco sans être traités de terroristes. La tragédie du 11 septembre 2001 a tout changé et la machine à diaboliser s’est mise en route. Marginaux, contestataires, dissidents, opposants, insurgés et tous les musulmans sont devenus des terroristes. En Ukraine, les prorusses traitaient en début d’année les insurgés de la place Maïdan de terroristes. Maintenant, ceux-ci traitent à leur tour les prorusses de terroristes . On ne sait plus qui est le terroriste de qui. Le mot « terroriste » a été tellement galvaudé que les piétons traitent les cyclistes de terroristes, que ceux-ci traitent les automobilistes de terroristes et que ces derniers traitent la police de terroriste. Le monde est pollué par la défiance de l’Autre engendrée par l’instrumentalisation de la tragédie du 11 septembre et du mythe de la nébuleuse AL-Qaïda et de son fantomatique Ben Laden . Quand sortirons-nous de cette manipulation planétaire ?

La réponse du berger à la bergère

La  Russie  a  annexé  sans  coup  férir  la  Crimée  avec  le  plébiscite  de  ses  habitants.  C’est  la  réponse  du  berger  russe  à  la  bergère  européenne.  Celle-ci  s’était  ingérée  illégitimement  dans  les  affaires  ukrainiennes  et  avait  encouragé  le coup  d’Etat  pendant  les  jeux  de  Sotchi. Quelle  autre  réponse  le  président  Poutine  aurait-il  pu  faire  devant  la  menace  de  l’implantation  de  base  de   l’OTAN  et  de  la  marginalisation  de  la  population  pro-russe ? L’Europe  et  ses  médias  ont  oublié  que  tous  les  Ukrainiens  n’étaient  pas  pro-européens  et  que  ceux-ci,  séduits  par  le  mirage  européen , étaient  phagocytés  par  une  extrême  droite  nationaliste.  Noyau  dur  de  l’opposition,  celle-ci  a  refusé  de  discuter  des  importantes  concessions  faites  par  le  président  élu  et  a alimenté  pendant  trois  mois  un  climat  insurrectionnel .  Pendant  ces  troubles, les  médias  occidentaux  ont  en  permanence  diffusé  le  message  des  Gentils  Ukrainiens  pro-européens  opprimés  par  les  Méchants  Ukrainiens  pro-russes.  Cette  vision  simpliste  a  été  contredite  par la  réalité.  L’ Europe , pour  camoufler  sa  déconvenue,  en  est  réduite  à  utiliser  de pitoyables  rétorsions.  Elle  ferait  mieux  de  définir une  politique  étrangère indépendante  des  Etats- Unis   en  s’affranchissant  de l’emballement  médiatique.

Une traversée pour les Neutrinos

Votre journal (Le Temps du 10 février) nous a révélé le nouveau projet des physiciens du CERN : un anneau en tunnel de cent kilomètres nommé FCC ( Future collisionneur circulaire) partant de Meyrin et contournant le Salève avec, au passage, ce que les Genevois réclament depuis cinquante ans: UNE TRAVERSEE DE LA RADE.

Ainsi, les neutrinos et les bosons pourraient avoir leur traversée de la rade avant les Genevois. Pourtant, nous venons de dépenser six milliards pour le LHC (Grand Collisionneur de Hadrons actuellement à l’arrêt jusqu’en 2015) pour faire une démonstration quasi- métaphysique de l’existence du boson de Higgs.

Mais ce collisionneur ne suffit pas à ces scientifiques. Ils sont prêts à inventer une nouvelle théorie des particules pour justifier les coûts pharaoniques de leur nouveau « joujou ». Sans vouloir dénigrer la recherche fondamentale, il faut établir des priorités dans la recherche.

La dégradation de notre environnement et les dérèglements climatiques de notre planète ne devraient-ils pas être les priorités de la recherche?

En effet, que dirons-nous à nos petits-enfants lorsqu’ils nous demanderont «Qu’avez-vous fait au début du siècle pour sauvegarder la planète?» «Nous construisions des supercollisionneurs pour découvrir l’Ultime Particule».

La Vaporette Ou La Mitraillette

Les Etats-Unis ont choisi la mitraillette. Ils viennent d’interdire la vaporette dans les lieux publics (voir TdG du 21-22 décembre ) alors que la possession d’une mitraillette reste autorisé.

Les quatre cent mille morts annuels liés à la consommation du tabac auraient pourtant pu trouver un substitut à la nocivité mortelle de la cigarette et l’interdiction de la vente de mitraillette aurait pu abaisser le nombre des quarante mille victimes annuelles d’armes à feu.

Mais les sociétés du tabac et des armes sont trop puissantes et leurs actionnaires trop avides de dividendes.

Peut- être aurait-t-il fallu proposer aux marchands d’armes de fabriquer des vaporettes? Le choix des Etats-Unis aurait été différent.

Les ayatollahs de la sécurité

Ancien étudiant du collège Calvin, j’ai lu avec effroi dans votre édition du 8 janvier que la cour de cet illustre bâtiment allait être balafrée par une semi-autoroute en béton pour l’accès des pompiers. Un tracé en diagonale aggravera l’impact et saccagera toute l’ordonnance des arbres.

Qui a pu imposer une telle horreur?

Au nom de la sécurité et avec la bonne conscience du respect des normes les plus excessives, des techniciens du service du feu en sont responsables. Imbus de leurs prérogatives, ils refusent d’interpréter raisonnablement les normes et s’enferment dans le rigorisme.

Ces roitelets sévissent, sans aucun discernement, dans tous les domaines de la construction au détriment de la qualité des projets et avec un renchérissement injustifié des coûts. Il n’est pas question de contester le respect raisonnable des nouvelles normes mais de dénoncer le jusqu’au-boutisme de ces ayatollahs de la sécurité.

Arafat: une laborieuse quête de la Vérité

Les laboratoires mandatés pour déterminer la cause de la mort de Yasser Arafat ont livré leurs conclusions. Avec beaucoup de circonspection, ils ont qualifié de raisonnable, vraisemblable et de cohérente l’hypothèse de l’empoisonnement du prix Nobel de la paix 1994.

Il aura donc fallu neuf ans pour authentifier ce crime en se gardant bien de parler de ses auteurs. En d’autres temps, il avait fallu un seul jour pour désigner Ben Laden responsable des attentats du 11 septembre 2001 et trois jours pour livrer les dix-neuf noms et biographies des terroristes.

D’un côté, une administration américaine qui boucle une enquête en trois jours avec des coupables désignés d’avance.

D’un autre côté, neuf années de tergiversations pour éviter à la justice de se prononcer sur le principal suspect.

En effet, la provenance du polonium et les méthodes sournoises de « nettoyage » focalisent les soupçons sur les services secrets israéliens du Mossad. La justice internationale jouera sa crédibilité dans la détermination et le courage qu’elle aura de rechercher toute la Vérité.

Israël, une attitude incompréhensible

L’ensemble de la communauté internationale a accueilli avec espoir l’élection du président iranien réformateur Hassan Rohani.

L’Iran, considéré jusqu’alors comme l’axe du Mal, s’est ouvert au monde avec les déclarations encourageantes de son nouveau président : engagement à renoncer au nucléaire militaire, reconnaissance de l’Etat d’Israël et de la Shoah, libéralisation de la vie politique, assouplissement du statut de la femme et volonté de dialogue.

Tous les pays se sont réjouis de cette évolution, sauf Israël, qui s’en est offusqué en dénonçant une manipulation perfide et en menaçant de frappe ce pays. Le gouvernement israélien ne veut laisser aucune chance au retour de l’Iran dans les nations fréquentables. Il s’emploie à saborder, par principe, tout accord en prétextant la mauvaise foi des dirigeants iraniens.

Nous comprenons que des doutes puissent subsister sur la sincérité des intentions. Mais, pourquoi ne pas tenter une négociation sans rien « lâcher » sur les principes ?

La menace iranienne et celle de ses voisins permettent à l’Etat isräélien de justifier sa politique expansive et militariste avec la détention d’un arsenal nucléaire échappant à tout contrôle.
Une détente des relations l’obligerait logiquement une révision de sa politique. Les Israéliens ne sont pas prêts à s’y résoudre et leur obsession sécuritaire finira par agacer leurs plus fidèles alliés.

 

La leçon n’a pas été retenue

L’armada occidentale se positionne au large des côtes syriennes. Sans risque de perte humaine, elle prépare des frappes dites chirurgicales. Combien de « dommages collatéraux » à la suite des bombardements et de l’embrasement de la région ?

La question est secondaire pour les trois chefs d’Etat dont le plus belliqueux est le président français. Il n’a pas retenu la belle leçon de son prédécesseur Jacques CHIRAC qui avait refusé de s’engager dans le bourbier irakien et qui n’avait été abusé par les fioles chimiques brandies par Colin Powell à l’ONU en 2003.

En ignorant l’ONU, la complexité de la Syrie, les intentions d’une opposition disparate et dangereuse et, surtout, en ignorant les conclusions des enquêteurs sur la provenance des tirs, l’Occident va punir le coupable. Mais quel coupable ? Les déclarations de Mme Carla del Ponte dénonçant les rebelles sont plus crédibles que les allégations sans preuve des Occidentaux.

La conférence de Genève, dernière occasion d’éviter la guerre, a été sabordée unilatéralement par l’opposition et dédaignée par les dirigeants occidentaux. Ceux-ci n’ont rien fait pour sauver la paix. Ils porteront la responsabilité de la déstabilisation de la région, de l’aggravation des haines inter-religieuses et d’une nouvelle humiliation du monde arabe confronté au chaos en Egypte, Syrie et en Irak. Des journalistes encadrés et inféodés aux militaires célébreront le rôle pacificateur de l’Occident. La leçon n’aura pas été retenue.