Archives de catégorie : international

La leçon du pape

Alors que Paris est en état d’urgence, que toute manifestation est interdite ou réprimée violemment, que les voitures blindées et les gardes de corps protègent les dirigeants de la planète, que les Parisiens tétanisés restreignent leurs déplacements et que les Musulmans restent chez eux pour éviter les regards accusateurs, le pape François est en Centrafrique. Il a refusé toute protection malgré les conflits interreligieux, les massacres et la violence permanente. Il se mêle à la foule, visite des bidonvilles, se rend dans un quartier ou sont réfugiés des Musulmans victimes de représailles et prie dans une mosquée en déclarant : « Chrétiens et Musulmans sont frères ». A ceux qui le pressent de se protéger, il déclare : » Ce sont les moustiques que je crains le plus ». Il nous livre un magnifique message de résistance à la peur de l’Autre et un message de paix. Il transcende la haine et la guerre et renverse les barrières et les murs. Les Centrafricains, Chrétiens comme Musulmans, l’ont compris en manifestant chaleureusement leur affection à ce pape visionnaire dont l’attitude exemplaire de simplicité et de bonté devrait tous nous inspirer. Quelle leçon !

Daniel Fortis

Comment en est-on arrivé là ?

Après le traumatisme des attentats, le peuple français s’est mobilisé courageusement contre la barbarie d’individus en proie à des pulsions nihilistes et mortifères. Il réclame une réplique policière, judiciaire et militaire forte. La surenchère sécuritaire des politiciens est cependant dangereuse pour l’unité nationale et la vengeance est mauvaise conseillère. La riposte militaire des Etats-Unis après le 11 septembre 2001 a été à l’origine du choc des civilisations et est responsable du chaos actuel. Le gouvernement français doit s’interroger sur les raisons de ce déferlement de haine . Quelle est sa légitimité à faire le gendarme en Syrie ? Pourquoi a-t-il soutenu aveuglément et obstinément tous les opposants à Bachar-el-Assad dans l’ignorance de leurs desseins ? Pourquoi s’est-il affranchi de ses alliés pour aller bombarder seul des cibles isolées et aléatoires provoquant des morts civils ? Pourquoi ne pas admettre le lien de ceux-ci avec les attentats ? Pourquoi avoir utilisé son interventionnisme à l’étranger pour soigner son impopularité ? Personne ne répond à ces questions. Les politiciens et les « experts du terrorisme « dissertent sur l’Islam, le Coran, les sourates, les imams et les radicalisations et accusent la soi-disante aversion des Musulmans pour notre mode de vie et nos valeurs démocratiques et culturelles. Naturellement, ils se défendent de toute stygmatisation et amalgame. Cependant, ils ne font que renforcer l’islamophobie.
Daniel Fortis
1231 Conches

Impressions persanes

VOYAGE EN IRAN – 23 Octobre – 4 Novembre.
Expérience forte, dense, déroutante et apaisante qui remet l’église ( la mosquée ) au milieu du village.

Notre voyage s’est terminé sur la somptueuse place royale à Ispahan et la magie visuelle de la mosquée de l’imam. Sur l’esplanade de celle-ci, j’ai demandé à un représentant religieux islamique de nous délivrer un message. Après nous avoir remercié d’avoir choisi de visiter l’Iran, il nous a simplement demandé de témoigner de la réalité iranienne autour de nous. Elle est d’une extrême complexité historique, géographique, sociale, religieuse et elle a été déformée par des décennies de diabolisation et par un isolement imposé par l’Occident. Une question m’obsède : Comment des cow-boys primaires et violents ont-ils pu mettre ce pays dans l’axe du Mal ? Ce pays est pourtant dépositaire d’une histoire exceptionnellement riche qui a engendré les plus grandes avancées de notre civilisation, les premières agglomérations, l’agriculture, l’irrigation, l’écriture, l’astronomie et les premières lois sociétales. Au croisement de nombreuses civilisations et confronté à de nombreuses invasions, la Perse a su intégré toutes ces valeurs et permis les échanges entre l’Extrême-Orient et la Méditerranée. Dans le 20eme siècle matérialiste et productiviste, l’avidité des compagnies pétrolières, les coups d’Etats fomentés par celles.ci, la corruption, la mégalomanie et les répressions et, enfin, l’agression de l’Irak soutenu par l’Occident ont éprouvé ce pays qui n’a pu retrouver son honneur que dans la révolution islamique. Il en a résulté un Iran complexe et contradictoire qui m’a interpellé au travers de quelques expériences.
Les fêtes.
Dès le premier jour de notre voyage, Téhéran s’est habillé de noir. L’Ashurâ (commémoration schiite du martyre de l’imam Hossein) a transformé la ville. Cortège d’hommes se flagellant symboliquement, théatre de rue avec des acteurs surjouant la douleur et le drame, martellement assourdissant des tambours. Cette cérémonie d’un autre âge contrastait avec le nœud autoroutier à plusieurs niveaux qui surplombait la scène. Dans cette atmosphère pesante, notre présence pouvait interpeller. Notre appréhension s’est dissipée lorsque des femmes nous ont proposé des galettes de pain. Quelques jours plus tard à Pasargades, lors de la fête dédiée au roi Cyrus, nous avons été absorbés par une foule impressionnante et désordonnée de jeunes Iraniens. Modernes, branchés, volubiles et rieurs, ils ont déambulés dans un brouhaha joyeux autour du mausolée. Seuls étrangers, là aussi, nous avons été acceptés avec bienveillance et sollicités à de nombreuses reprise pour prendre des photos avec eux. Ces deux fêtes traduisent le dilemme de la société iranienne. Défendre l’identité islamique ou aller vers la modernité en honorant leur histoire préislamique.
Les retraités iraniens.
Par l’intermédiaire d’une amie iranienne, nous avons été invités chez un couple de retraités dans un quartier de Shiraz. Petite maison mitoyenne simple et confortable. Ambiance très chaleureuse malgré la barrière de la langue. Très investis dans les dernières technologies de l’informatique, ils n’ont pas ménagé leurs critiques au gouvernement pour sa politique économique et l’inflation galopante. Nous avons compris que la politique intérieure les préoccupait plus que les problèmes internationaux.
La société
Ce peuple de 80 Mio d’habitants, évolués, instruits, cultivés ne montre pas de complexe à notre égard. Notre haut pouvoir d’achat ne les incite pas au harcèlement dans les bazars. Leur attitude n’est empreinte que de bienveillance, de sourire et de cordialité. Combien de fois ai-je entendu « welcome » en les croisant. Rarement, je n’ai connu un tel sentiment de sécurité. Aucune agressivité, aucun ressentiment, aucune méfiance ne les habitent. Les services de sécurité sont très peu nombreux et discrets . Par expérience, je peux dire qu’un contrôle de vitesse en Iran diffère d’un contrôle aux Etats-Unis. Où trouve-t-on un policier qui nous escorte pour trouver un restaurant et nous propose éventuellement de venir manger chez sa mère ? Entre eux, le contact est très facile ,direct et respectueux .Dans les villes, la circulation cauchemardesque à nos yeux (sans agent ,sans feux, sans règle) ne pose pas de problème pour eux. Une belle leçon de civilité.
Paysage et architecture.
Pays d’une superficie près de trois fois plus grande que la France, la diversité géographique est exceptionnelle. La seule visite du centre de l’Iran nous a valu un périple de 1600 kilomètres sur une infrastructure autoroutière excellente. Ce monde minéral désertique met en valeur les villes-oasis de Kachan, Yadz, Shiraz et Ispahan (étapes de notre voyage). Ces villes se sont développées tout en préservant de vastes parcs autour des anciens quartiers. Les quartiers modernes ont une architecture très intéressante et innovante avec une recherche structurelle et volumétrique jamais anodine.
Mon espoir.
L’avenir de l’Iran doit se garder d’ évoluer vers le modèle des monarchies du Golfe inféodées à l’argent et à l’Occident ni vers un islamisme rétrograde. Sa riche histoire, la diversité de ses origines et ses poètes doivent l’inspirer pour s’ouvrir au monde. C’est la meilleure réponse à tous ceux qui ont mis injustement ce magnifique pays au ban des nations. Ils n’ont pas eu la chance de déambuler sur l’impressionnante place royale d’Ispahan et ses parcs qui dégagent un sentiment de sérénité et de paix.

Daniel Fortis

Kunduz : l’impunité.

La condamnation par l’opinion publique du bombardement effroyable de l’hôpital de Médecins Sans Frontières s’est transformée au fil des jours en un blâme et, enfin, en un aléa de la guerre légitime et juste de la coalition occidentale. Considérant les victimes civiles comme des » dommages collatéraux », les médias, les instances internationales, l’ ONU et les gouvernements de cette coalition banalisent les faits sous la pression des Etats-Unis et de leurs alliés. Comment peut-on admettre cette lâcheté et ce cynisme devant ce crime délibérément perpétré ?. Ce n’est pas une bavure. Les coordonnées GPS de l’hôpital avaient été transmises aux forces d’occupation. Les bombardements ont continué pendant 30 minutes après les appels de détresse des médecins. Des explications multiples et fallacieuses suivies d’ excuses pitoyables sont avancées pour échapper à une enquête indépendante et à une condamnation. Combien de temps allons-nous accepter que cette coalition occidentale se targuant de défendre le Bien, la justice, la liberté et les droits de l’Homme transforme cette planète en une pétaudière où leurs exactions restent impunies par la justice internationale. Cette même justice, comment jugerait-elle des talibans qui attaqueraient un Hôpital de l’OTAN, tuant douze médecins américains et dix patients et blessant 37 personnes? Ils seraient considérés comme des barbares sanguinaires et accusés de crimes de guerre. Pourquoi cette justice est-elle à géométrie variable ?. Un soutien à la courageuse association Médecins Sans Frontières est la meilleure réponse à cette injustice et une lueur d’espoir vers plus d’humanité.

Daniel Fortis
1231 Conches

La réponse dérisoire de l’Europe face au phénomène migratoire

Confrontés au déferlement de migrants, les gouvernements européens ont pris des mesures dérisoires sans relation avec l’ampleur du phénomène. Que représente l’accueil de quelques centaines de milliers de migrants face aux dizaines de millions de gens désespérés de Syrie, d’Irak, de Libye et d’Afrique qui sont prêts à tout pour venir chez nous ? Si rien n’est entrepris, le flux migratoire actuel va devenir un raz-de-marée qu’aucune frontière n’arrivera à contenir. La seule solution est d’agir dans ces pays et de prendre nous-même en charge la réhabilitation d’un cadre de vie acceptable pour ses habitants. Cela incombe à l’Occident responsable de la fragmentation territoriale, du pillage des ressources et de la corruption des dirigeants de ces pays. Cela incombe aux Américains, Anglais et Français responsables de la déstabilisation de ces pays par leurs dramatiques interventions militaires en Irak ,en Afghanistan, en Libye, et maintenant en Syrie. Cela incombe à nos instances financières et économiques complices des Etats du Golf et des paradis fiscaux qui monopolisent toutes les richesses. Cela incombe à nos sociétés consommatrices et énergivores responsables du dérèglement climatique qui contraint à l’exode des populations entières. Nos dogmes productivistes et consuméristes ont été imposés à la planète pour notre seule prospérité. Ils ont créé de tels déséquilibres qu’il est de notre devoir de les corriger. Cet enjeu planétaire n’a pas encore été compris par nos dirigeants.

Daniel Fortis
1231 Conches

On nous raconte n’importe quoi

Si un auteur de livre policier envoyait à un éditeur un scénario inspiré des trois derniers attentats « terroristes » survenus en France, celui-ci serait refusé au motif de son invraisemblance. Comment croire qu’un étudiant algérien sans antécédent projette de plastiquer tout seul et subitement deux églises, tue sans raison une joggeuse, se blesse accidentellement par balle et appelle le SAMU et la police qui remonte jusqu’à une voiture pleine d’explosifs ! Comment croire qu’un père de famille, habitant avec ses deux enfants et sa femme, sans antécédent, unanimement apprécié par ses voisins, ses proches et son employeur, se lève un lundi matin pour aller décapiter celui-ci ! Comment croire qu’un petit revendeur de cannabis paumé sans antécédent projette tout à coup de s’armer d’une Kalachnikov enraillée, d’une arme de poing non-armée et tente de mitrailler des voyageurs d’un TGV dans une telle exiguité qu’il est immédiatement maîtrisé par des touristes militaires américains. L’impréparation et l’atrocité de ces actes devraient mener leurs auteurs directement en hôpital psychiatrique. Cependant les services gouvernementaux préfèrent surfer sur la menace terroriste qu’ils accompagnent peut-être en amont des faits mais certainement en aval avec un matraquage médiatique de la version officielle qui ne laisse la place à aucun doute.

Daniel Fortis
1231 Conches

La Turquie et la lutte antiterroriste

Les gouvernements occidentaux se sont réjouis du ralliement du gouvernement turc à la coalition internationale contre les terroristes de Daesh. Le premier jour, les avions turcs ont bombardé quelques positions terroristes et, insidieusement, dès le deuxième jour, ils ont visé une autre cible beaucoup plus importante pour eux : leurs ennemis séculaires, les indépendantistes kurdes qui combattent, pourtant eux aussi, Daesh. Allez comprendre la logique. Celle-ci ne peut être comprise que par l’instrumentalisation perfide de la lutte antiterroriste pour la défense d’intérêts politiques, géostratégique, expansionnistes et économiques. Au prétexte de celle-ci, les Américains ont envahis l’Afghanistan et l’Irak. Les Russes ont écrasé les indépendantistes tchétchènes. Les Chinois ont maté la rebellion tibétaine. Les Israéliens ont construit le mur de la honte pour sanctuariser leurs conquêtes territoriales et les Français font du néocolonialisme sur le continent africain. Sur le plan intérieur, la lutte antiterroriste a permis d’imposer à tout le monde le fichage et les écoutes téléphoniques ainsi que le controle de nos courriers, de nos déplacement et de nos dépenses par d’obscures services de renseignements qui exploitent la nébuleuse informatique et les réseaux « sociaux ». Tétanisé par une menace terroriste, mise en scène en permanence par nos gouvernements, les citoyens ne réagissent plus. Ils finiront par être transformés en une masse d’individus surveillés, manipulés et conditionnés pour fonctionner en consommateurs dociles et interchangeables dans une structure soumise aux seules lois économiques.

Daniel Fortis
1231 Conches

Mohamed Morsi et l’Occident

Dans un tribunal égyptien, des juges inféodés à la junte militaire au pouvoir ont rendu leur verdict dans un pitoyable simulacre de procès. L’accusé, Mohamed Morsi, président démocratiquement élu par les Egyptiens en 2011, est enfermé, comme une bête sauvage, dans une cage à double grillage. Il reçoit la sentence : peine de mort pour trahison, espionnage et incitation à la violence. Avec lui, trente-quatre accusés (des Frères musulmans et des instigateurs laïcs du » printemps égyptien ») sont condamnés à mort ou à perpétuité. Quel est la réaction de l’Occident, grand défenseur des principes démocratiques ? Rien ou presque rien. Mis à part les Etats- Unis qui ont critiqué les méthodes de cette junte qui a pris le pouvoir en 2013 et qui s’est auto légitimé dans une élection truquée, l’Europe est non seulement restée muette, mais elle a déroulé le « tapis rouge » à l’usurpateur en bafouant les plus élémentaires principes de justice et de démocratie. A cet égard, la France a dépassé toutes les bornes en livrant des avions Rafale au dictateur Al- Sissi. Quelle légitimité peut-on encore avoir pour intervenir aux quatre coins du monde au nom des droits de l’Homme. Comment peut-on encore s’étonner qu’une telle injustice et qu’un tel cynisme ne nourrissent-ils pas la haine et le terrorisme ?

Daniel Fortis
1231 Conches

Le pape François : le nouveau prophète.

Les dernières déclarations du pape François ont des intonations prophétiques pour nous éclairer dans ce monde déboussolé, aveugle , sans repère, sans solution face aux problèmes sociétaux, aux dérives idéologiques, au flux migratoire et au dérèglement climatique et environnemental. Ses propos révolutionnaires sont d’une telle justesse, d’une telle clairvoyance, d’une telle intelligence et d’un tel universalisme qu’elles apparaissent comme une lumière dans les ténèbres. Le fait de mettre la sauvegarde de notre planète au centre de nos préoccupations et de redéfinir nos priorités sont des éléments fondateurs d’une nouvelle philosophie. Il nous invite au rejet de tous les dogmes dont nous sommes abreuvés et matraqués : la croissance, le productivisme, le rendement, le consumérisme, la financiarisation et la militarisation du monde. Il nous met en garde contre l’individualisme et l’addiction au numérique, au virtuel et à l’argent. Le prophète Jésus était aussi un révolutionnaire dans son message de non-violence, de défense des Pauvres, de partage et de condamnation de la cupidité dans ses colères contre les Pharisiens. Au fil des années, l’Eglise s’est écartée de son enseignement et s’est rangée du côté des Puissants. Il était temps que le pape remette ces principes fondamentaux au cœur de l’Eglise. On peut rêver que nos églises et , pourquoi pas, nos parlements résonnent des paroles de sagesse de ce pape.

Attentat de Boston: une parodie de justice

Dzhokhar Tsarnaev, l’un des auteurs présumés des attentats de Boston, a été condamné à mort à l’unanimité par les douze jurés sélectionnés après l’audition de mille deux cent personnes. Selon quel critère ? Mystère. Le verdict connu d’avance, le profil du jeune accusé, étudiant bien intégré et apprécié, sans casier et sans histoire, n’a pas pesé lourd face à la version de sa radicalisation subite et inexpliquée. Ses déclarations d’innocence n’ont, à aucun moment, fait douter de la vraisemblance de la version de la police. Ses avocats, nommés d’office, ont ignoré les déclarations de leur client et n’ont plaidé que les circonstances atténuantes. Toute l’accusation ne tient qu’à une vidéo montrant une personne avec un sac à dos que la police identifie comme l’un des auteurs de l’attentat. Ceux-ci, de façon incompréhensible, restent à Boston où neuf mille policiers en renfort quadrillent la ville. La police, par une chance extraordinaire, les repèrent fort opportunément lors du braquage d’une épicerie. Le grand frère est abattu et le petit frère est entre la vie et la mort. Hôpital militaire, mise au secret, absence d’avocat , aveux extorqués dans des conditions inadmissibles, disparition ou musellement des proches et, pour finir, témoin tué par le FBI lors d’un interrogatoire. Pourtant, rien n’a fait douter les jurés. La justice américaine à Guantanamo et à Boston se ressemble. Elle n’est pas prête à retrouver son honneur.

Daniel Fortis
1231 Conches