Archives de catégorie : suisse

David contre Goliath à Davos

Dans la guerre entre l’armée de Juda et l’armée d’Israël, l’Ancien Testament relate  le combat entre David et Goliath. D’un côté, un géant philistin de trois mètres nommé Goliath, protégé par une cuirasse de soixante kilos et armé d’un javelot et d’une lance et, de l’autre côté, un jeune berger nommé David armé d’un seul lance-pierre. Comment ne pas faire un parallèle avec les deux principaux invités du Forum de Davos ? Dans le rôle de Goliath, l’imposant, le provocateur et l’arrogant  Donald Trump protégé par une escorte digne d’une mini-armée et disposant d’un immense pouvoir issu de la finance et de son  chantage économique sur la planète. Dans le rôle de David, la frêle et fragile Greta Thunberg  n’ayant que la force de ses paroles et de sa conviction exprimée dans son regard intense.  Une obsession les habite tous les deux . America first pour le Goliath américain et planète first pour la David suédoise. La comparaison s’arrête là.  Greta, atteinte du syndrome d’Asperger, utilise sa spécificité comportementale pour une cause généreuse.  Le président américain, quant à lui,  est un sociopathe, narcissique, versatile et impulsif au seul service de sa mégalomanie destructrice. Enfermé dans son monde de certitudes et incapable d’empathie , d’écoute et de concentration, il refuse de voir arriver la tempête sur la planète. Dans la Bible, Goliath n’a pas vu aussi  arriver la pierre lancée par David.

 

Daniel Fortis

1231 Conches                                                                                 Genève,  le 23 janvier 2020

Ne pas s’arrêter en si bon chemin

Lors de sa séance du 13 novembre 2019, le Conseil municipal de la  Ville de Genève a accepté la piétonisation  du quartier de Rive et la construction d’un parking souterrain. Si le parking a suscité des débats enflammés , une belle unanimité du Conseil municipal s’est faite pour faire revivre un quartier stratégique mais longtemps négligé et utilisé sans aucune idée directrice. Le mail piétonnier avec une riche arborisation deviendra une des plus belles perspectives de la Ville. On peut aussi rêver de la construction d’un marché couvert permanent sur le parking projeté pour animer commercialement la vie du quartier et remplacer le marché bihebdomadaire du boulevard Helvétique. Cette nouvelle zone piétonne est de nature à exacerber l’imagination et la créativité des urbanistes et des citoyens. Cependant, un élément  est un obstacle à une réflexion urbanistique plus élargie. A l’une des extrémités de ce mail, le jardin Anglais et le jet d’Eau sont spectaculaires . Par contre, à  l’autre extrémité , le mail s’interrompt brutalement sur le mur austère et rébarbatif du Bastion de l’Observatoire . Il constitue un verrou qui empêche toute communication avec la Haute- Ville et sa riche histoire intra muros . Alors pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Pourquoi ne pas rêver d’un circuit touristique qui irait au-delà de l’incontournable horloge fleurie et du jet d’eau ? La zone piétonne de Rive pourrait inciter les touristes à prolonger leur visite pour autant qu’une ouverture dans le mur du bastion soit réalisée pour  accéder aisément à la promenade de la Butte de l’Observatoire . Elle deviendrait une  belle invitation à un circuit  culturel  au cœur de l’Histoire de Genève. Le musée d’Art et d’Histoire, la promenade St Antoine, la traversée du collège Calvin, une halte au Bourg de Four avant la cathédrale St-Pierre et les tous les hauts-lieux qui ont fait Genève. Ce séduisant circuit  n’est réalisable que si l’on crée une belle ouverture et un passage aisé et attractif  entre le mail piétonnier de Rive et le musée d’Art et d’Histoire. L’ exceptionnelle situation de celui-ci mérite une meilleure visibilité  et une meilleure accessibilité. Le très attendu prochain concours d’architecture pour sa rénovation devrait tenir compte de la valorisation de la Butte de L’Observatoire.  Au début du XX siècle, l‘ architecte du musée , Marc Camoletti, conscient de ce remarquable potentiel ,avait déjà imaginé une  liaison somptueuse en  jardin- terrasse par  paliers pour relier la Basse-Ville et la Haute-Ville.  Sommes-nous encore aujourd’hui capables d’un tel esprit visionnaire ? Par leur vote unanime pour une zone piétonne , nos élus ont compris l’enjeu et ont fait les premiers pas. Qu’ils ne s’arrêtent pas en si bon chemin !

 

Daniel Fortis

1231 Conches                                                                                       Genève, le 20 novembre 2019

 

Une mesure onéreuse et polluante

A l’heure où l’on traque toutes les pratiques énergivores, les automobilistes sont obligés de rouler tout phare allumé en plein jour. Des études dans les pays scandinaves ( aux conditions hivernales et météorologiques particulières) auraient démontré une meilleure sécurisation de la circulation avec cette mesure. Justifiée dans ces pays , elle est abusive chez nous où le simple bon sens nous conduit à allumer nos phares lors de pluie ,de brouillard ou de pénombre. Alors que Genève a instauré une nuit sans éclairage publique pour réduire notre impact lumineux et environnemental , des technocrates soit-disant « éclairés » établissent des règles paradoxales qui impactent notre porte-monnaie et  augmentent la pollution . En effet, 2,4 % de notre plein d’essence est consacré à la production de l’électricité nécessaire aux phares. Cet éclairage diurne nous coûte près de 2 francs à chaque plein et est responsable d’émission supplémentaire de CO2 pour une illusoire augmentation de la sécurité. Nos dirigeants ne doivent pas accepter n’importe quelle mesure pour se mettre à l’abri de toute responsabilité. Il est essentiel que  le bon sens s’impose et que les enjeux environnementaux soient prioritaires.

 

Daniel Fortis

1231 Conches                                                                                                     Genève, le 3 octobre 2019

L’arrogante réunion de Bilderberg

La conférence de Bilderberg va se tenir à Montreux du 30 mai au 2 juin.  Le palace a été totalement réquisitionné et bunkerisé pour recevoir les cent-trente participants. Ceux-ci s’engagent à ne pas quitter le palace  ( mise à part le jogging et le sport ) pendant toute la durée de la conférence. A l’issue de ce huis-clos, aucun compte-rendu ne sera fait et la confidentialité régnera sur les débats. Ce grand  raout, asservi à la finance internationale, s’autorise le droit de définir les orientations économiques du monde. Cependant, les participants, qu’ils soient autoproclamés, cooptés ou invités ne représentent qu’eux- mêmes et n’ont aucune légitimité . Ils bafouent les principes élémentaires de la démocratie et de la diversité. En effet, combien y a-t-il d’écologistes et de socialistes à cette conférence ? Combien y a-il des représentants chinois, indiens, africains ( qui représentent à eux seuls plus de la moitié de la population mondiale) ? Cette gouvernance autoproclamée ne sert que les intérêts économiques occidentaux. Elle n’a pas compris qu’il fallait changer du logiciel du tout-économique et de la croissance-à-tout prix et intégrer de nouvelles valeurs. Il est regrettable que notre président , Ueli Maurer, s’associe à cette triste pantalonnade et serve de caution à cette grand-messe des Puissants.

 

Daniel Fortis                                                                                                      Genève,  le 28 mai 2019

 

Les 240 Sages

Les 240 signataires juifs de la lettre adressée a l’ambassade israélienne forcent notre admiration et notre respect  pour leur clairvoyance et leur courage. En prenant leurs distances avec la politique ultra-religieuse et répressive du gouvernement Netanyahou, ils s’exposent aux critiques de leurs coreligionnaires  sionistes ( voir courrier Tdg du 19 juin )  Tout en restant respectueux de leur identité, ils font une démarche mesurée d’ouverture qui devrait  inspirer la communauté juive de Suisse .Dans ce conflit nourri par des discours extrémistes des deux parties, leurs voix sonnent comme un espoir. Ils sont dignes de cette communauté juive éclairée a laquelle nous sommes redevables dans les domaines de la science, de l’art, de la musique et de la littérature a travers leur intelligence et leur sensibilité. Au début du 20eme siècle, la société juive de Vienne, admirablement décrite par Stefan Zweig, en était la parfaite illustration. L’antisémitisme a dévasté nos sociétés et a fait émerger, en réaction  , le sionisme. Légitime a ses débuts, il est devenu dictatorial aujourd’hui. En le dénonçant a travers une démarche pacifique, les 240 Sages nous donnent une leçon de sagesse.

 

Daniel Fortis

1231 Conches                                                                                                         Genève, le 20 juin 2018

 

La monnaie pleine

Avant de voter sur la monnaie pleine, il est important de mettre en perspective le pragmatisme et l’éthique. Par réalisme à court terme, nous sommes tentés de refuser l’initiative en considérant les risques (très médiatisés) d’une réduction des investissements, d’une hausse des taux et d’un ralentissement économique . Cependant il ne faut pas être amnésique d’un passé tragique et ignorer un présent alarmant . Souvenons-nous des subprimes en 2008 ! La création frénétique de monnaie scripturale a provoqué l’effondrement de tout le système financier. Celui-ci n’a  été sauvé que par la « monnaie pleine » des banques centrales. Les banques défaillantes s’étaient engagées à séparer leurs activités spéculatives de celles de gestion courante. Non seulement elles n’ont pas respecté leurs engagements, mais elles ont continué à imposer leur diktat à l’économie mondiale. Pour illustrer cette arrogance, le système bancaire inféodé aux Etats-Unis fait , aujourd’hui, un ignoble chantage à tous les pays et à toutes les entreprises qui commercent avec l’Iran. L’ hyperpuissance de la finance est telle qu’elle prétend régenter le monde, nos vies, nos valeurs et nos libertés. Il est temps de remettre cette dictature à sa place et de l’obliger à respecter certaines règles. La monnaie pleine a le mérite de contrôler un peu le monstre financier. Les opposants qui dénoncent un aventurisme dangereux devraient méditer le précepte de Sénèque «  Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas. C’est parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles ».

 

Daniel Fortis

1231 Conches                                                                                          Genève, le  26  mai  2018 

No Billag et les mathématiques

A ceux pour qui les tables de multiplication n’inspirent qu’une vague mélodie sans les paroles,  à ceux que les identités remarquables font perdre leur identité, à ceux pour qui les dérivées sont synonyme de dérive, à ceux pour qui les cosinus font prendre la tangente, à ceux  qui pensent que Pythagore est un héros mythologique, je les implore de retenir une seule règle. Un nombre négatif multiplié par un nombre négatif donne un produit positif comme l’ennemi de mon ennemi est mon ami. Ainsi lorsque vous serez devant votre bulletin de vote pour défendre la qualité, la diversité et l’indépendance  de notre information, n’oubliez pas de voter NON à NO Billag car c’est voter OUI à la Suisse et à ses valeurs.

 

Daniel Fortis

1231 Conches                                                                                                          Genève,  le 15 février 2018

 

Le lynchage de Tariq Ramadan

Sur les plateaux de télévision, Tariq Ramadan  brillait par son aisance, son éloquence et sa rhétorique.  Ses prises de position , quelquefois ambigües et dérangeantes , lui ont valu de ne plus être invité. Cela n’a pas suffi  . La justice française  a décidé de lui porter le coup fatal . Sa mise en examen ( à laquelle il s’est rendu spontanément)  a débouché sur une incarcération aux prétextes fallacieux de risques  de fuite et de pression .  Les deux plaintes pour viol  proviennent de personnes dont les convictions sont pour le moins fluctuantes. L’une, qui reste anonyme, s’est convertie à l’islam. L’autre, après avoir été salafiste, a rejoint le mouvement  féministe tout en correspondant avec son violeur après les faits.  Sans mettre en doute ces témoignages,  une certaine prudence aurait dû prévaloir. D’autant plus que les nombreux appels  à la dénonciation n’ont pas permis d’obtenir d’autres plaintes. En Suisse, la presse a relayé les témoignages anonymes de quatre étudiantes qui  disent avoir été  victimes , il y a trente ans, de l’intellectuel musulman. Elles l’accusent d’avoir exercé sur elles une telle  emprise que leur consentement n’était pas « consenti ». Etrange concept. Cette emprise ne provient-elle pas de l’admiration aveugle et excessive pour une  personnalité brillante comme pour  une personne de pouvoir,  un chanteur ou un sportif ?  Claude François, Johnny Halliday, Jacques Chirac ou de nombreux  footballeurs  n’en ont-ils pas profité ? Dans ce » deux poids, deux mesures », il est difficile de ne pas voir dans le lynchage de Tariq Ramadan une occasion pour ses adversaires de l’anéantir définitivement. Dans ce climat délétère, il faut saluer le courage de Me. Marc Bonnant de s’exposer pour que la justice soit respectée.   

 

Daniel Fortis

1231 Conches                                                                                                  Genève,  le  6 février  2018    

Le forum munichois de Davos

En 1938, les démocraties européennes terrorisées par la menace de «  Deutschland  über alles »multipliaient les conférences pour tenter de calmer les démences d’un monstre en fermant les yeux sur ses crimes. A l’issue de la  conférence de Munich , Chamberlain et Daladier trompaient  l’ opinion publique en déclarant qu’ils avaient dompté « la bête ». Quelle erreur et quelle désillusion !

En 2018, les organisateurs du Forum de Davos ont déroulé le tapis rouge à Donald Trump en fermant les yeux sur  ses outrances, ses invectives, sa confusion mentale ,son obscurantisme climatique et son obsession  de « America first » ( dont la gravité, il va sans dire, n’a pas de commune  mesure avec les crimes nazis ) . Les participants ont  tenté , à force de courbettes et de flatteries à son égard, de préserver  leurs marchés  économiques et  financiers aux Etats-Unis. Ils ont été obligés de subir le discours  minable , lu sur un prompteur , d’un président  arrogant vendant sa camelote de dumping fiscal. Il a tenté puérilement de nous  amadouer avec  « la Suisse est  formidable » mais il n’a fait aucune concession et n’a pris aucun engagement.   Contrairement à l’enfumage de la conférence de Munich, le Forum de Davos aura eu le mérite de mettre en évidence la complète inaptitude de ce président  et  de permettre à l’Europe de s’émanciper en se fédérant autour de personnalités comme  Macron pour animer un nouvel  état d’esprit .  Le temps  de la diplomatie « munichoise » est révolu .Le temps de la résistance est arrivé.

 

Daniel Fortis

1231 Conches                                                                                                Genève,  le 28 janvier 2018

La visite de Trump

La visite-éclair du président américain va engendrer un déploiement de forces délirant. A Kloten, une dizaine d’avions militaires américains avec , à bord, une centaine d’agents de sécurité vont débarquer des tonnes de matériel pour encadrer sa visite.  L’aviation militaire suisse va verrouiller l’espace aérien pour protéger le déplacement en hélicoptère de Trump et de sa valise nucléaire (dont le bouton rouge est beaucoup plus gros que celui de Kim Jong-un ) . La station de Davos sera transformée en forteresse avec des milliers de soldats et de policiers. Notre président va  accueillir ce « phénomène » psychiatrique qui se considère comme un « génie très stable ». Après quelques  déclarations provocatrices ou abjectes telles que «  Haïti, pays de merde », il reprendra  le jour même son hélicoptère avec sa valise. Comment peut-on inviter un personnage qui est la quintessence de la primarité, du racisme, du sexisme, de l’outrance et de la vulgarité ? N’a-t-il pas traité ses hôtes de « clique de Davos » pendant sa campagne ? Les organisateurs n’ont donc aucune dignité et, surtout, aucune clairvoyance sur les desseins de ce tweetologue compulsif en proie à un enfermement narcissique. Son cerveau abrite un vide intersidéral au niveau politique. Il est obsédé par «  America first » , le protectionnisme, l’ultralibéralisme ,le bellicisme primaire et le déni climatique. Il est en opposition à toutes les valeurs de l’esprit du Forum de Davos qui est l’ouverture et le multilatéralisme. Pour garder leur crédibilité, les organisateurs devraient inviter le président haïtien et déclarer persona non grata le psychopathe américain et son monde de m….

Genève,  le 17 janvier 2018