Les trois petits points noirs

La télévision française a réalisé un reportage sur le porte-avions Charles de Gaulle à la gloire de l’armée française qui défend, parait-il, la France de la menace djihadiste. Elle a interviewé les « courageux » pilotes qui vont aller bombarder Mossoul et ses deux millions d’habitants. Ces fiers soldats de la République ne se préoccupent pas de la catastrophe humanitaire qu’ils vont provoquer. Persuadés que leurs bombes ne vont tuer que les Méchants, ils préfèrent fermer les yeux sur les dégâts collatéraux. Sont-ils prêts à écouter la complainte du petit Mohammed ?

«Maman et moi étions dans le jardin de notre maison à Raqqa. Tout à coup, trois petits points noirs sont apparus dans le ciel. Ils grossissaient en faisant un bruit toujours plus fort. C’étaient des avions. Sur leurs queues, il y avait trois couleurs bleu, blanc et rouge. Maman et moi avons couru vers notre maison. Il y a eu une explosion. Un nuage de poussière m’empêchait de voir. J’ai crié et appelé ma  maman. Quand le nuage de poussière est parti, j’ai vu ma maman. Elle ne bougeait plus et du sang était tout autour d’elle. J’ai crié parce que le feu avançait. Elle ne m’a pas répondu. J’ai eu tellement mal que mes yeux n’ont plus rien vu. Maintenant, je suis  dans le ciel et il n’y a plus de petits points noirs qui font beaucoup de bruit »

 

Daniel Fortis

1231 Conches                                                                                                                  2 octobre 2016

 

La vérité pas à pas

Il aura fallu quinze ans pour que les familles des victimes des attentats du 11 septembre 2001  soient autorisées à poursuivre l’Arabie saoudite en justice ( TdG du 30 septembre 2016).  L’administration américaine  a toujours fait obstruction à la recherche de la vérité. Elle a fait disparaître vingt-huit pages de l’enquête officielle sur l’implication du régime saoudien. Alors que tout l’espace aérien américain était interdit, deux avions ont pu décoller pour rapatrier les familles princières saoudiennes ( dont celles de Ben Laden) vers Riyad deux jours après les attentats. Cette confiscation de la vérité s’est confirmée par le refus obstiné de l’administration Bush à ouvrir une enquête sur les attentats pendant plus d’une année. Cette enquête, essentielle pour comprendre les ratés des services secrets, l’inertie de l’armée, l’impuissance des pompiers et les disfonctionnements des services de sécurité, était primordiale pour éviter un autre drame. Il aura fallu, aussi , que les familles des victimes réclament cette enquête. Elle a été initiée à contre-cœur par l’administration et a débouché sur un document plein d’incohérences et d’inepsies scientifiques. De l’avis de leurs auteurs, ils n’ont eu ni le temps, ni l’argent, ni la coopération des services pour élaborer des conclusions crédibles. La vérité sera longue à établir mais, comme l’huile, elle finira toujours par remonter à la surface de l’eau.

 

Daniel Fortis

1231 Conches                                                                                                          2  octobre  2016

Fabriqué, déjoué et instrumentalisé

Les trois mousquetaires de la lutte antiterroriste, le compatissant Hollande, le soldat Valls et le sentencieux Cazeneuve ont remercié leurs services d’avoir déjoué la tentative d’ « attentat » au butane de trois jeunes femmes. L’une de celles-ci âgée de 19 ans ( naturellement radicalisée et fichée S ) emprunte l’auto de son père, met cinq bonbonnes de gaz dans le coffre (sans aucun système de mise à feu) et place ostensiblement une bonbonne vide sur le siège avant, abandonne la voiture dans une ruelle  et allume les feux de détresse pour être sûr que le premier passant alerte la police. Comment peut-on faire plus pour que cette tentative digne des pieds nickelés soit déjouée ? Et pourtant, cela n’a pas interpellé la sphère médiatique qui a relayé les déclarations de la police sans le moindre filtre d’un élémentaire bon sens. Cet « attentat » que leurs « auteures » ont tout fait pour qu’il échoue est à l’évidence une manipulation des services de l’Etat. Le management de la terreur est la spécialité du gouvernent français et est le dernier joker d’un président aux abois dans les sondages. L’ultime façon de remonter dans l’opinion publique (et cela marche) est d’entretenir en permanence la menace terroriste pour précipiter la population dans la peur et l’amener à soutenir ceux qui clament leur détermination à la défense de la patrie. Comment les médias français  peuvent-ils être dupes et complices de ces fourberies?

 

Daniel Fortis

1231 Conches                                                                                                           10 septembre 2016

Une incompréhensible et suspecte passivité

La presse nous a appris que le dernier numéro du magazine Dabiq est disponible sans problème sur internet . Les thèmes de cette revue de propagande de l’Etat Islamique sont l’apologie des attentats, l’appel au meurtre des mécréants , des photos de massacres, la condamnation des homosexuels et la description idyllique de la vie sous le califat . La possibilité d’accéder aussi facilement à cet agent de radicalisation est incompréhensible. Que font les services antiterroristes du monde entier pour bloquer la propagation de ce poison ? Alors qu’un imam prononçant le dixième des monstruosités de cette revue serait immédiatement arrêté, les services de sécurité du monde entier, de façon incompréhensible, laissent se propager cette haine sur le Net. Le blocage de ces sites aurait  dû être leur priorité depuis de nombreuses années. Ils préfèrent instaurer des lois liberticides à l’encontre de tous les citoyens pour ,paraît-il, combattre le terrorisme. Qu’ils commencent par Dabiq ! Leur suspecte passivité nous  interpelle. On peut se demander si ces sites ne les arrangent pas pour entretenir la peur et  pour faire passer, en les infiltrant, des revendications farfelues d’attentats perpétrés par des psychopathes. Cela s’appelle le management de la terreur. Ne l’oubliez pas lorsque vous voterez le 25 septembre sur la loi sur le renseignement. Cette peur entretenue et instrumentalisée est mauvaise conseillère.

 

Daniel Fortis

1231 Conches                                                                                                        1er septembre 2016

 

Attentat de Munich: un cas d’école.

Si la science de la désinformation était enseignée, l’attentat de Munich serait un cas d’école. Juste après la tuerie, les chaînes dites d’informations martèllent la version de l’attentat  islamiste perpétré par trois djihadistes. Immédiatement, les présidents Obama et Hollande dénonce cette barbarie et  envoie à Angela Merkel un message de soutien. Mais, patatra ! Le lendemain, la police allemande révèle que l’auteur est un seul individu radicalisé non pas par un imam mais par les discours islamophobes de Breivik. Celui-ci avait massacré, il y a cinq ans, septante-sept jeunes norvégiens au nom de la  défense de l’Occident chrétien contre « l’ invasion » islamiste. A l’époque, toute la presse avait aussi titré dans un premier temps que cette tuerie était d’origine islamiste ! Devant les évidences, ces falsifications grossières de la vérité n’ont pas tenu. Mais, depuis le 11 septembre 2001, combien de pseudo-attentats déjoués, combien d’attentats sous false flag, combien d’attentats infiltrés ont-ils été organisés et instrumentalisés ? Dans quelques années, si la liberté de penser n’a pas été supprimée, j’espère que nos petits-enfants prendront conscience que cette guerre des civilisations a été pensée et conçue par des stratèges et que les services secrets occidentaux ont entretenu le chaos  pour créer les conditions propices à l’émergence d’un nouvel ordre mondial.

 

Daniel Fortis

1231 Conches                                                                                                           26 juillet 2016

La France à la dérive

Le drame de Nice est un traumatisme qui met en évidence l’échec de la politique sécuritaire du gouvernement. L’état d’urgence, le fichage, les renseignements et les bombardements en Syrie ne sont que  duperies et  poudre aux yeux. Totalement inefficaces, ils font pourtant l’objet de surenchères de la part des guignols de la politique française qui s’écharpent pitoyablement sur ce drame pour servir leurs ambitions. Verra-t-on un jour un président français, s’affranchir de la pression politicienne et médiatique, bousculer le conformisme arrogant de l’ »élite » et briser les clivages de la société française ?

Un homme qui ose dire la vérité. Que l’état d’urgence, dirigé exclusivement contre la population musulmane, est inefficace et délétère. Que les attentats sont perpétrés par des délinquants déstructurés, d’électrons libres de la non-intégration  et de suicidaires qui se transcendent dans le martyre et l’horreur. Que les radicalisations « express »  sont une invention et une supercherie des services  pour camoufler les causes du désastre sociétal français. Que les interventions françaises en Lybie, au Mali et en Syrie sont incohérentes et illégitimes. Qu’elles  tuent dans l’indifférence des milliers de civils et donnent le prétexte à des représailles. Que le tout-sécuritaire prôné par Israël est une voie sans issue qui n’engendre que la haine. Que nos valeurs ne sont pas universelles et qu’elles ne doivent pas être imposées par la force. Que le « Vivre ensemble » ne peut exister que dans le respect de la diversité.

 

Daniel Fortis

1231 Conches                                                                                                                    21 juillet 2016

RETOUR DE LA GUERRE FROIDE

L’OTAN  a réuni les dirigeants occidentaux à Varsovie. Cette organisation inféodée aux Etats-Unis a décidé de militariser les pays limitrophes de la Russie. Le président américain et ses « caniches » européens ont initié une nouvelle guerre froide avec la Russie. Sous le fallacieux prétexte de freiner l’expansionnisme russe, ils ont ouvert un nouveau front militaire de l’Estonie à l’Ukraine. Souvenez-vous, en 1990, ce front militaire allait de l’Allemagne à la Yougoslavie. Avec la pérestroïka, l‘ Union soviétique a retiré unilatéralement et pacifiquement toutes ses troupes de l’Allemagne de l’Est, de la Pologne, de la Tchécoslovaquie, de la Hongrie et de la Bulgarie et a accordé l’indépendance à l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Biélorussie et à l’Ukraine. Ces républiques avaient cependant des liens historiques, culturels et linguistiques avec la Russie. Les puissances occidentales se sont  ingérées sournoisement pour couper ces liens en faisant miroiter la prospérité dans une société de consommation contre l’installation de batteries de missiles à quelques kilomètres de la frontière russe. Cela ne relève-t-il pas d’une politique agressive et expansionniste? Doit-t-on blâmer Poutine de se crisper devant cette arrogante provocation de l’OTAN qui n’a plus aucune légitimité si ce n’est la défense par les armes des intérêts occidentaux ? L’Occident porte la responsabilité de cette dérive militariste. Une fois encore, l’Europe n’a pas saisi l’occasion de se distancer de la politique primaire et belliqueuse de son allié américain.

 

Daniel Fortis                                                                                                      Genève , le 10 juillet 2016

Conches

Un nouveau souffle pour l’Europe

Libérée de l’obstruction systématique de l’Angleterre en matière de politique étrangère, de transparence fiscale, de  défense et d’environnement, l’Europe pourra enfin mieux  affirmer son identité et ses idéaux après son divorce avec la « vieille » Angleterre. Ce pays n’a jamais été européen et s’est toujours aligné sur les Etats-Unis auxquels il pourra demander son adhésion comme cinquante-et-unième Etat.

Quant à l’Europe, elle doit saisir sa chance et se redynamiser autour de ses valeurs. S’affranchir de l’ultralibéralisme anglo-saxon et de ses lobbys, quitter l’Otan, soigner sa russophobie et son islamophobie, résister à la big-datarisation et à notre flicage au nom de la lutte contre le terrorisme. Mais, aussi, réformer ses institutions, sanctionner les dérives populistes et ultranationalistes de certains de ses membres, réduire et dynamiser son mammouth bureaucratique et défendre les valeurs humanistes et environnementales.

Elle peut s’inspirer du modèle suisse en mettant en évidence sa diversité culturelle, linguistique, géographique et ses valeurs communes à travers sa riche et mouvementée histoire. Instaurer un mode de communication autre que la dictature de l’anglais qui n’est plus aujourd’hui une langue européenne. Souvenez-vous de l’espéranto, cette langue aux racines diverses inventée par un Polonais, Ludwik Zamenhof en 1887. Elle aurait pu être le ciment de l’Europe. Malheureusement, elle a été combattue par les régimes conservateurs et fascistes. De telle initiative sont nécessaires pour donner un nouveau souffle à l’Europe.

 

Daniel Fortis                                                                                                      Genève, le 1er juillet 2016

1231 Conches

LA CULTURE-FOOT

 

A l’occasion de la grand-messe de l’Euro de foot, votre journal (TdG du 4-5 juin) a consacré six pleines pages de squizz et de jeux pour les  fans . En première page, huit photos de tatouage, de barbe, d’amygdales, de boucles d’oreille et de nombril sont à attribuer aux diverses vedettes du football. Les réponses gagnantes sont les amygdales de Zlatan  Ibrahimovic et le nombril de Xherdan  Shaquiri. En deuxième et troisième pages, un jeu de l’oie avec des questions telles que « Quelles sont les attitudes de l’entraineur anglais Roy  Hodgson  sur le banc de touche : fume-t-il, crache-t-il ou jure-t-il ?  En quatrième page, dix citations de footballeurs qu’il faut restituer à leurs auteurs ( l’une des plus élégantes : Viens chez moi et tu verras si  je suis homosexuel. Et ramène ta sœur aussi….  ). Et, le plus érudit sera celui qui aura attribué cette citation au semi-Dieu philosophe Zlatan. A la cinquième page, l’apologie du foot à travers les réseaux sociaux, les applications, les jeux , les paninis et autres qui rapportent des millions aux dirigeants de la FIFA. Enfin, dans la dernière page de ce supplément week-end, il est proposé aux enfants, pour développer leur sens de la sportivité, un découpage pour habiller leur équipe honnie qu’ils doivent piquer d’aiguilles façon vaudou. N’a-t-on pas atteint les sommets de la vulgarité ? On peut en douter en voyant ces millions de supporters avinés et vociférants  et douter aussi de l’avenir de notre prétentieuse et arrogante  civilisation. Le football pourrait cependant être porteur de valeurs positives s’il s’affranchissait de la dictature de l’argent.

 

Daniel Fortis

1231 Conches