Sur les plateaux de télévision, Tariq Ramadan brillait par son aisance, son éloquence et sa rhétorique. Ses prises de position , quelquefois ambigües et dérangeantes , lui ont valu de ne plus être invité. Cela n’a pas suffi . La justice française a décidé de lui porter le coup fatal . Sa mise en examen ( à laquelle il s’est rendu spontanément) a débouché sur une incarcération aux prétextes fallacieux de risques de fuite et de pression . Les deux plaintes pour viol proviennent de personnes dont les convictions sont pour le moins fluctuantes. L’une, qui reste anonyme, s’est convertie à l’islam. L’autre, après avoir été salafiste, a rejoint le mouvement féministe tout en correspondant avec son violeur après les faits. Sans mettre en doute ces témoignages, une certaine prudence aurait dû prévaloir. D’autant plus que les nombreux appels à la dénonciation n’ont pas permis d’obtenir d’autres plaintes. En Suisse, la presse a relayé les témoignages anonymes de quatre étudiantes qui disent avoir été victimes , il y a trente ans, de l’intellectuel musulman. Elles l’accusent d’avoir exercé sur elles une telle emprise que leur consentement n’était pas « consenti ». Etrange concept. Cette emprise ne provient-elle pas de l’admiration aveugle et excessive pour une personnalité brillante comme pour une personne de pouvoir, un chanteur ou un sportif ? Claude François, Johnny Halliday, Jacques Chirac ou de nombreux footballeurs n’en ont-ils pas profité ? Dans ce » deux poids, deux mesures », il est difficile de ne pas voir dans le lynchage de Tariq Ramadan une occasion pour ses adversaires de l’anéantir définitivement. Dans ce climat délétère, il faut saluer le courage de Me. Marc Bonnant de s’exposer pour que la justice soit respectée.
Daniel Fortis
1231 Conches Genève, le 6 février 2018