Crash A320: l’info en question

La tragédie de l’A 320 de la compagnie Germanwings a suscité la stupeur , l’effroi et l’incompréhension. Dans un climat émotionnel extrême, les médias nous ont donné en permanence des informations fluctuantes au gré des témoignages, des déclarations, des avis d’expert et des analyses. L’enquête avec ses rebondissements ressemblait à une série télévisée américaine dans laquelle chacun peut trouver sa vérité. Pendant une semaine, les divers scénarios se sont succédés : problèmes techniques, dépressurisation, faute de pilotage, terrorisme et, enfin suicide. A chaque scénario, les reporters trouvaient des témoignages ou avis d’experts pour accréditer la version du jour jusqu’au moment où la police, le ministère, le procureur ou une commissions n’infirment cette version. Alors les journalistes remisaient leur scénario et recherchaient d’autres témoignages concordants avec la nouvelle version. Ce journalisme de l’événementiel en temps réel est incapable de faire des investigations indépendantes, de vérifier ses sources et de faire une synthèse. A sa décharge, il est empêché en haut lieu de faire ce travail avec la sécurisation systématique par la police des scènes du drame et des sources d’informations. Il en est réduit à faire la caisse de résonnance des déclarations officielles du gouvernement. La version finale établie par celui-ci est soigneusement choisie pour ne pas affecter les milieux économiques ou politiques et pour ne pas nuire à la cohésion nationale. C’est ainsi que la version du suicide du copilote est apparue la moins dommageable pour les divers intérêts en jeu. Les médias deviennent alors la courroie de transmission des annonces des forces qui nous gouvernent ou, plutôt, qui nous manipulent.