Une France ingouvernable

Ainsi la rue et la violence ont gagné. Le gouvernement français a cédé aux gilets jaunes en accordant un moratoire sur les taxes d’essence. Alors que de nombreuses démocraties européennes sont confrontées aux mêmes difficultés, elles assistent sidérées au spectacle affligeant d’un pays en proie à la violence, à une incommunicabilité et à des discours insurrectionnels dénués de cohérence et de propositions. Nous comprenons que le mécontentement, le découragement et le manque de perspectives minent le moral d’une grande partie de la population. Cela n’autorise pas les médias français à « souffler sur les braises » en donnant une audience disproportionnée aux gilets jaunes et en créant des polémiques racoleuses pour exacerber les passions. La France n’a pas compris que l’exercice de la démocratie se fait dans les urnes et pas dans la rue . A sa décharge, la constitution de la V République est une aberration démocratique qui fige pendant cinq ans un statut monarchique du président et qui écartent par le scrutin majoritaire une grande partie de la population. Les gilets jaunes, au lieu de contester une taxe raisonnable, conforme aux engagements et justifiée à plus d’un titre, feraient mieux de réclamer une nouvelle constitution pour pouvoir exprimer leurs difficultés, leurs inquiétudes et leur opposition aux inégalités de la société. Les grandiloquents discours républicains des leaders politiques n’arrivent pas à cacher l’immaturité démocratique de la société française et de ses institutions.

 

Daniel Fortis

1231 Conches                                                                                   Genève,  le 4 décembre 2018