Les dérives de l’état d’urgence

Le 7 janvier, Tarek Belgacem a été abattu à bout portant par deux policiers devant le commissariat de la Goutte-d’or à Paris. La police a livré sa version : un individu brandissant un couteau de boucher a agressé deux policiers en hurlant « Allah Akbar ». Cette version est cependant en complète contradiction avec trois témoignages précis de riverains qui n’ont pas vu d’armes et qui n’ont pas relevé d’agressivité ni de cris. Les médias ont rapidement marginalisé ces témoignages et ont matraqué la version de la légitime défense en diffusant la photo du corps du « terroriste » avec, en incrustation dans l’angle, l’image floutée d’un couteau. L’alignement des médias à la version de la police s’aggrave quand la plainte pour homicide déposée par le père de la victime est passée sous silence. L’évidente et dramatique perte de sang-froid des policiers est la conséquence délétère de l’état d’urgence qui vise les Musulmans et qui exonère les forces de l’ordre de proportionner leurs actions aux circonstances. La justice française aura-t-elle le courage de dénoncer ces dérives sécuritaires et de condamner la falsification des faits ?

Daniel Fortis
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