La phobie de l’amiante

Si la législation générale sur l’amiante est justifiée, les règlements d’application relèvent du délire sécuritaire. La multitude des mesures à prendre équivaut à écraser un moustique avec une massue. A part les grands travaux de démolition, la plupart des travaux de rénovation d’appartement, comme par exemple l’enlèvement de carrelage,  présente des risques dérisoires et devrait relever d’un traitement de bon sens (dépose précautionneuse, port d’un masque et humidification préalable des matériaux et des supports). A la place, un diktat sécuritaire est mis en place par une pléthore d’intervenants (ingénieurs- diagnosticiens, techniciens, laboratoires spécialisés, entreprises spécialisées et enfin de mystérieuses décharges spécialisées). Ces nouveaux métiers forment un cartel de l’amiante aux profits confortables. Il en résulte un ralentissement et un renchérissement absurde des travaux.

Cette phobie de l’amiante se nourrit des images des années 1950 avec des ouvriers qui scient et découpent sans masque des plaques d’amiante durant toute la journée dans un nuage d’amiante. Leurs conditions de travail étaient scandaleuses et leur exposition aux fibres leur a couté la santé et la vie. Aujourd’hui, quelle est la relation avec la dépose de quelques carreaux présentant un risque infinitésimal qui peut être maîtrisé par des mesures simples ? L’obligation du port d’un scaphandre dans ces conditions est ridicule.

Cette obsession de la sécurité devient indécente lorsque nous voyons les images du récent séisme en Turquie. Dans un nuage de poussière, très certainement plein d’amiante, des sauveteurs fouillent à main nue, sans aucune protection, les décombres des immeubles à la recherche de survivants. Cette vision dramatique devrait  nous interpeller et nous faire prendre conscience de notre hystérie sécuritaire suisse.

Daniel Fortis

Ingénieur civil EPFZ-SIA

1231 Conches                                                                         Genève, le 7 mars 2023