Tel est le slogan de l’office cantonal des transports (OCT) chargé des aménagements pour la circulation. Parmi les aménagements les plus alambiqués, incohérents, dangereux et onéreux ( place Cornavin, Belle Idée, etc ), celui , réalisé dernièrement aux Grands Esserts, fait bonne figure. Le croisement de la route de Veyrier et de la route de Vessy a donné lieu à un nouveau délire de ses ingénieurs. Dans le but obsessionnel de respecter les normes dans leurs formes les plus extrêmes, ils ont accouché d’une « usine à gaz » avec d’immenses surfaces asphaltées, des circuits de rebroussements conflictuels et une pléthore de seize feux rouges qui occasionnent des attentes interminables.
Pour démontrer l’absurdité de cet aménagement, il suffit de se souvenir du simple et petit giratoire qui a géré, à la satisfaction générale, pendant trois ans, un trafic fluide sur une petite surface, sans feu et sans attente. Quel méandre réglementaire et sécuritaire a conduit à ce nouveau délire ? La binarité a phagocyté nos neurones et conduit à une société de moutons. Le numérique est géré par deux bits OUI ou NON, la politique par POUR ou CONTRE, la justice par BLANC ou NOIR et la circulation par des feux ROUGE ou VERT. Dans le cas d’un giratoire, un seul feu ORANGE clignotant, ne peut-il pas nous rappeler que nous partageons un espace avec d’autres usagers et que le bon sens et le respect de l’Autre est la règle. Il faut responsabiliser les usagers de la route (comme tous les citoyens) pour ne pas sombrer dans une société où les citoyens, considérés comme irresponsables, ne sont gérables que par des injonctions binaires et des interdictions.
Daniel Fortis
Architecte- ingénieur EPFZ-SIA
1231 Conches Genève, le 15 décembre 2025