La subite agression d’Israël contre l’Iran est révélatrice de la fourberie de Netanyahou. Alors que Trump lui demandait de lui laisser le temps de conclure un accord avec l’Iran, l’imminence d’une issue pacifique a paniqué le dirigeant israélien. Pour faire échouer les négociations, il a déclenché en 24 heures un déluge de feu sur l’Iran. Faut-il encore des preuves pour démontrer qu’Israël a toujours privilégié les armes aux négociations de paix ? Pourtant elle était possible en 1995 avec l’accord d’Oslo signé par Yitzhak Rabin assassiné par un extrémiste juif et par Yasser Arafat empoisonné par le Mossad. Elle était encore possible en juillet 2015 lorsque le président iranien réformateur, Hassan Rohani, a signé avec toute la communauté internationale (sauf Israël) un accord engageant l’Iran à renoncer à produire les éléments nécessaires à la fabrication d’une bombe atomique. Cet engagement a été scrupuleusement respecté. Ce retour de l’Iran dans le concert des nations m’a incité à organiser en octobre 2015 un voyage en Iran. Un magnifique voyage dans un pays qui nourrissait l’espoir de la fin de son isolement. Dans la rue, la population nous gratifiait souvent d’un chaleureux « Welcome ». Dans les hôtels, des hommes d’affaire de tous les pays cherchaient à conclure des marchés. Cet optimisme et les promesses réformatrices laissaient entrevoir un assouplissement du régime. Son peuple digne, cultivé et attachant attendait avec confiance de tourner une page de son histoire douloureuse, complexe et chahutée par les ingérences occidentales. En 2018, Trump, inféodé aux extrémistes juifs, a brisé cet espoir de paix et a forcé tous les pays signataires à renier leurs engagements. Aujourd’hui, ce clownesque faiseur de paix autoprogrammé, a échoué à conclure un accord qu’il avait déchiré rageusement il y a 7 ans ! Nous pensions que les Etats-Unis étaient les maîtres du monde. A la lumière des évènements, nous voyons qu’Israël dicte sa loi au monde entier, enfreint toutes les règles du droit international en toute impunité en arguant obsessionnellement que sa sécurité est en jeu. L’Iran ne peut pas résister à l’hyperpuissance militaire et nucléaire de l’armée israélienne mais son peuple, dépositaire d’une histoire de 7000 ans qui a engendré les plus grandes avancées de notre civilisation, peut résister en s’inspirant de son histoire et en s’affranchissant de l’intégrisme religieux qui règne tant à Téhéran qu’à Tel-Aviv. Les Israéliens, dépositaires d’une terre depuis seulement septante-sept ans, devraient se souvenir qu’ils doivent leur existence à l’armée perse qui a mis fin à la déportation des Hébreux à Babylone en 538 avant J-C.
Daniel Fortis Genève, le 16 juin 2025